Le vieux rêve des professionnels d’une colle universelle, qui collerait aussi bien du parquet, que du carrelage et des sols souples, au mur comme au sol, à l’intérieur et à l’extérieur à la fois, indifféremment pour milieu sec ou humide, n’est pas prêt de se réaliser.
En attendant, les colles pour revêtements de sols, leur environnement de pose et réglementaire évoluent fortement. L’affaiblissement acoustique des bruits de choc compte de plus en plus et les colles peuvent y contribuer, ou bien au minimum, ne pas aggraver le problème. Les sols chauffants se développent et sont pratiquement devenus un standard en maison individuelle neuve.
L’entrée en vigueur de la RE2020 au 1er janvier 2022 pourrait même pousser leur développement également en logement collectif neuf et leur emploi aussi en rafraîchissement. Ce qui pose immédiatement l’impératif de résister à une éventuelle condensation au sol.
Les tubes noyés dans les sols chauffants et rafraîchissants basse température sont enrobés dans des chapes, dont la composition de plus en plus exotique leur permet de sécher particulièrement vite, de conserver une certaine souplesse et de se contenter d’épaisseurs réduites.
Ce sont autant de supports nouveaux qui s’ajoutent aux classiques du bâtiment : chapes de béton, supports revêtus d’un ragréage, voire carrelage ou plancher existant en rénovation. Dans ce registre, certains industriels distinguent pas moins d’une quinzaine de supports différents au sol, proposant une ou plusieurs solutions adaptées pour chacun en fonction, notamment des dimensions des éléments à coller.
Pour la pose de carrelage, certains mortiers-colles et joints à base époxy conviennent pour des bassins et piscines, des murs intérieurs mais aussi extérieurs, des sols intérieurs et extérieurs, sur du béton, du béton cellulaire (mur) du carrelage existant, des chapes en asphalte, des chapes de mortier ciment, des chapes sèches en plaques de plâtre, des dalles rigides en vinyle, des planchers chauffants en chape ciment classique, … Mais ils ne conviennent pas pour les nouvelles chapes anhydrides, pour lesquels, d’autres produits ont été développés.
Mais surtout, le souci croissant d’une bonne qualité de l’air intérieur porte les Maîtres d’Ouvrage, les prescripteurs et les entreprises à s’intéresser de très près à la composition des colles et à leurs émissions.
L’empreinte environnementale des produits sera particulièrement importante dans la prochaine RE2020. La quasi-totalité des industriels proposent dès à présent des produits accompagnés de FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire) qui permettent de réaliser le calcul d’ACV (Analyse du Cycle de Vie) des bâtiments, demandé par la RE2020.
Sinistralité : la catégorie « Revêtement de sol intérieur » est la plus fréquente et la plus coûteuse
Selon le rapport « Observatoire de la Qualité de la Construction » - édition 2020 -, publié par l’AQC, la catégorie de sinistres la plus courante en maison individuelle (13% du total des sinistres) et en logement collectif (10% du total) en 2017, 2018 et 2019, reste le « Revêtement de sol intérieur ». Il occupe également le second rang des sinistres dans les locaux d’activité.
Cette catégorie est également la plus coûteuse en réparation, à la fois en maison individuelle (18% du coût total des sinistres en 2019), en logement collectif (16,5%) et en locaux d’activité (12%). Lorsque que l’on regarde de plus près, la quasi-totalité des sinistres liés au revêtement de sols intérieurs est attribuable au carrelage. « La pathologie des carrelages reste endémique dans les revêtements de sol intérieurs », indique Christian Garcia, directeur technique GIE de Socobat.
Il identifie deux causes principales :
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L’ennemi, c’est le COV !
Depuis le 1er septembre 2013, les produits de construction et de décoration vendus en France doivent posséder une étiquette qui indique, de manière simple et lisible, leur niveau d’émissions en polluants volatils.
L’absence d’étiquette constitue une infraction. Les produits concernés par cette réglementation sont les produits de construction ou de revêtements de parois amenés à être utilisés à l’intérieur des locaux et les produits utilisés pour leur incorporation ou leur application. Les colles, naturellement, figurent parmi les produits soumis à cet étiquetage.
Sur l’étiquette, le niveau d’émissions du produit est indiqué par un pictogramme accompagné d’une lettre en grand format. Cette lettre indique le niveau d’émissions du produit en polluants volatils dans l’air intérieur d’une pièce, allant de la lettre A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions). L’étiquetage porte sur les émissions de composés organiques volatils (COV) et sur l’impact qu’elles ont sur la qualité de l’air intérieur une fois le produit mis dans la pièce.
L’étiquetage renvoie en effet aux polluants émis une fois les produits étalés et secs, non aux polluants éventuellement largués à l’ouverture des contenants ou lors de l’application. Cet étiquetage s’est révélé extrêmement efficace : aucune colle pour parquet, carrelage ou sol souple, ne porte désormais une étiquette inférieure à A. La quasi-totalité des produits sont étiquetés A+.
De nouvelles indications de qualité
D’autres indications de qualités sont aussi utilisées par les industriels des colles pour revêtements de sol. La plus fréquence est le label Emicode géré par GEV, l’association allemande pour le Contrôle des Emissions des Produits de Pose, des colles et produits de construction.
Emicode mesure les concentrations en COV et COSV (Composé Organiques Semi-Volatiles) et s’applique à toutes les colles employées dans le bâtiment. On rencontre également souvent la marque QB, Qualité pour le Bâtiment. Créée par le CSTB en 2015, elle a remplacé plusieurs certifications antérieures. Mais la référence QB-11-01 ne porte sur les colles à carrelage et il n’existe pas de référence QB pour les colles pour parquets ou sols souples. |
Source : batirama.com/ Pascal Poggi