Aluminium, bois, acier, cuivre, zinc… on le sait depuis le début de l’année, la pénurie de matériaux est d’abord due à un déséquilibre mondial entre l’offre et la demande. La forte reprise d’activité post-crise Covid a déstabilisé l’ensemble des circuits d’approvisionnement des entreprises tout en générant des hausses de prix.
Bonne nouvelle toutefois dans le Bâtiment, l’activité se porte bien et le volume d’activité progresse pour l’ensemble des corps de métiers avec 111 jours de carnets de commande début juillet (voir encadré ci-dessous), révèle la Capeb dans son étude semestrielle.
La Capeb a présenté une étude réalisée auprès de 1700 entreprises du Bâtiment de moins de 20 salariés. Premier constat : 76 % d’entre elles ont subi des hausses significatives des prix de matériaux.
En détail, certains corps de métiers ont été plus impactés, notamment (et sans surprise), le secteur de la menuiserie-serrurerie (consommateur de bois et de métal), celui de la couverture-chauffage-plomberie (81%, en raison des tensions sur les livraisons de chaudières et ballons d’eau chaude frappés par des pénuries de composants électroniques) mais aussi les métiers de la plâtrerie (80 %).
Explication pour ce dernier secteur : la pose de cloisons avec les plaques de plâtre nécessite des composants comme les rails métalliques mais aussi du papier pour la fabrication des plaques de plâtre.
Certains métiers sont plus touchés que d’autres : 86 % des serruriers-métalliers sont impactés contre 57 % des électriciens
En général, les hausses de prix des matériaux sont variables entre 20 et 70 %, relève la Capeb, d’où des répercussions nécessaires effectués par les artisans sur leurs devis… mais pas systématiquement.
En effet, si 26 % des entreprises sondées ont répercuté ces hausses de prix sur leurs devis, près de 39 % ne l’ont pas fait alors que les 35 % restantes l’ont fait « mais pas tout le temps ».
Rappelons que, outre les prix de matériaux (25 % à 50 % du devis selon les secteurs, souligne David Moralès, plâtrier), un devis est également composé d’un prix de main d’oeuvre. « L’entreprise artisanale est un peu la variable d’ajustement dans la répercussion des coûts » commente le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon.
Au sujet des hausses de prix qui ont été répercutées sur les devis, l’étude ne précise pas leur montant exact. Selon « le ressenti » de la Capeb et de son président, cette hausse pourrait avoisiner les 10 % sur le devis global si les prix des matériaux ont augmenté. Mais il s’agit seulement d’un ressenti, insiste fortement le président.
En attendant, l’organisation professionnelle a recommandé à ses adhérents d’être particulièrement vigilants sur la durée de validité des devis. « Auparavant, ils étaient valides environ 3 mois, mais aujourd’hui, cette validité ne devrait pas excéder 8 à 10 jours en raison des hausses imprévisibles des prix » insiste Jean-Christophe Repon.
Quant aux marges des entreprises, elles se sont un peu détériorées mais les artisans ne sont pas exsangues, constate Jean-Christophe Repon : « Nous avons perdu beaucoup en rentabilité sur la durée des chantiers, mais nos entreprises ont la capacité de morceler leurs chantiers, ce qui suppose des allers-retours entre différents chantiers et donc une moindre performance en termes de rentabilité ».
Une « bonne entente » avec les clients et quelques révisions de prix ont permis de gérer la situation. « Nous avons perdu en marges mais nous sommes contents du fort niveau d’activité qui nous permettra de retrouver nos marges ultérieurement » assure le président de la Capeb.
Un retour à la normale est prévu pour le premier semestre 2022, espèrent les partenaires fournisseurs des artisans interrogés.
Les artisans du Bâtiment ont également dû gérer des difficultés d’approvisionnement et 57% d’entre eux ont été impactés selon l’étude présentée. Dans le détail, 67 % des entreprises interrogées ont subi des retards ponctuels, 24 % ont connu des reports de chantiers et 29 % ont même changé de distributeurs. Enfin, 19 % d’entre eux ont utilisé des matériaux de substitution.
Toutefois, ce phénomène qui dure depuis plus de 6 mois et que l’on jugeait passager (après l’été, les choses devaient s’arranger selon la plupart des acteurs du secteur) ne semble pas se résorber dans l’immédiat.
La Capeb qui a interrogé ses fournisseurs, industriels de la construction et distributeurs, demeure optimiste. Le retour à la normale est en effet prévu pour le premier semestre 2022, espèrent les partenaires des artisans. Mais il peut toujours y avoir des hausses de prix surprises...
Et si la situation devait se détériorer dans certains secteurs, les entreprises sauront demander des aides, comme du chômage partiel, estime la Capeb. « Nous ne sommes pas adaptes de "perfusion", mais plutôt de l’adaptation pour aider une filière en difficulté » conclut Jean-Christophe Repon, qui demeure optimiste sur l’évolution de la situation.
*Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du Bâtiment
De nombreux délais de construction ou de chantiers de rénovation se sont allongés. Ainsi, cette opération de rénovation démarée en mars (adaptation handicap) dans l’Eure accumule déjà 2 mois de retard. Les propriétaires devaient pouvoir investir les lieux fin juin mais ne pourront pas réceptionner les travaux avant début octobre ; « Il y a eu des problèmes de gestion de planning parce que certains ouvriers ont été malades, puis, on nous a annoncé sans que l’on sache pourquoi, de nouveaux retards, le chef des travaux semble débordé et manque de personnel par ailleurs… » ont indiqué les particuliers interrogés.
Conjoncture pour l’Artisanat du Bâtiment, selon l'étude semestrielle de la Capeb
En ce début d’année, le volume d’activité progresse pour l’ensemble des corps de métiers qui voient leur activité croître entre 30 et 42 %. L’aménagement-décoration-plâtrerie est l’activité la plus dynamique ce trimestre avec une hausse de 42 %. La maçonnerie enregistre quant à elle, la croissance la plus modérée avec 30 %.
La trésorerie des entreprises artisanales du bâtiment s’améliore : le solde d’opinions s’établit à 29 points avec 34 % des entreprises déclarant une amélioration de leur trésorerie contre 5 % une détérioration. Par ailleurs, les besoins de trésorerie diminuent. Seulement 4 % des entreprises en font état contre 30 % au même trimestre de l’année dernière.
Le nombre de jours de carnets de commandes s’élève à 111 jours début juillet, soit une progression de 46 jours par rapport à la même période de l’année précédente.
Un solde d’opinions toujours positifs concernant le travail en sous-traitance ; Ainsi, 4 % des entreprises notent une baisse de leur activité réalisée en sous-traitance tandis que 27 % constatent une progression. Au total, le solde d’opinion s’établit à 23 points.
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