« C’est un engagement pour la terre », affirme Frédéric Didier, le Directeur général de Wienerberger France en évoquant le plan d’investissement de 60 millions d’euros mis en place par le groupe
Leader sur le marché français de la terre cuite, Wienerberger France (184 millions d’euros de CA en 2020, 8 sites industriels) se développe sur le marché du mur, toiture et façade grâce à six marques : Porotherm, Climamur, Koramic, Aléonard, Terca et Argeton.
La nouvelle stratégie environnementale du groupe (1) repose sur 3 axes : la décarbonation, l’économie circulaire et le respect de la biodiversité. La décarbonation est un enjeu majeur pour ce type d’industrie puisque la fabrication des briques terre cuite requiert une cuisson à une température entre 900 et 1000 degrés.
Le groupe se fixe donc un nouvel objectif : réduire ses émissions de CO2 de 15 % pour 2023 afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Wienerberger qui a déjà diminué ses émissions de CO2 de 30 % ces trente dernières années, veut utiliser 100 % d’énergies vertes à terme. Aujourd’hui, 15 % de la consommation électrique est assurée par deux parcs éoliens (l’un au sud et l’autre au nord de la France).
Lieu de production de briques de structure, l’usine de Durtal, située à 30 km d’Angers fête ses 10 ans. Depuis 2019, près de 40 % d’énergie renouvelable est utilisé lors de la fabrication des produits.
Pour répondre à ces nouveaux objectifs, le groupe utilisera des procédés de nouvelle génération, comme le gaz de synthèse produit à partir d’énergies renouvelables (dont les déchets de bois), ce qui représente un investissement de 1,5 à 2 millions d’euros par usine. Autres énergies dont les usages sont soit étudiés soit déjà utilisés : l’hydrogène « vert » ou encore le biogaz
L’entreprise a également réduit la consommation d’énergie de certaines usines avec la récupération de chaleur fatale (chaleur récupérée pour sécher les produits) à l’aide d’échangeurs thermiques.
Enfin, la décarbonation concerne également le transport des produits finis : le groupe a signé la charte FRET21 et a noué un partenariat avec des transporteurs utilisant des carburants verts comme le biométhane, le bioéthanol, le gaz ou des énergies hybrides, avec pour objectif de réduire l’impact carbone de ses transports de 8% entre 2020 et 2023.
L’économie circulaire et son corollaire du recyclage constitue le second axe de la stratégie environnementale du groupe. Il s’engage à ce que 100 % des nouveaux produits soient recyclables et/ou réutilisables « afin que la terre puisse retourner à la terre ».
« Aujourd’hui, 94 % de nos produits, dont les déchets de nos usines, sont recyclés dans nos industries » souligne Frédéric Didier. Les déchets sont en effet réintégrés dans les cycles de production des produits terre cuite.
Quant aux autres déchets, ceux des produits en fin de vie, ils sont également réutilisés par exemple dans l’aménagement des chemins de carrières, dans la stabilisation des chemins de vigne ou encore pour la production de substrat de végétalisation de toitures.
« Pour les produits issus des chantiers de déconstruction, une filière doit se mettre en place et se construire dans le cadre des REP (filière à Responsabilité élargie des producteurs) » indique Frédéric Didier.
Le 3e point concerne la préservation de la biodiversité sur les sites français. Cet objectif fait l’objet d’engagements et de partenariats avec de nombreuses organisations environnementales tels que le Conservatoire d’espaces naturels, la Ligue de protection des oiseaux ou bien l’Office national des forêts.
Le groupe détient et préserve ainsi plus de 30 hectares de terrain dédiés aux espèces protégées dites remarquables comme le crapaud vert ou le crapaud sonneur à ventre jaune. « Cela fait partie de notre culture d’entreprise », souligne Frédéric Didier, qui explique que des boîtes à idées ont vu le jour sur les différents sites du groupe afin d’encourager les initiatives vertueuses.
Enfin, afin de répondre à la prochaine réglementation RE2020, applicables dans le logement dès janvier 2022, le groupe a déjà initié des transformations pour réduire l’impact carbone des bâtiments. Il a en effet engagé une réflexion sur la conception des produits afin de réduire leur bilan carbone.
C’est le cas de Naturbric®, une brique de structure pour les maçonneries de type B (maisons individuelles) et Eco-brick, une brique de parements pour les façades. La première, Naturbric® intègre dans sa fabrication du biocombustible issu de la biomasse (filières papetières et agricoles), ce qui réduit la consommation énergétique liée à la fabrication de la brique. Parallèlement, elle améliore ses performances thermiques grâce à sa nouvelle conception.
Le groupe précise qu’il limite volontairement les ventes du produit à une zone de livraison proche du site de fabrication (Durtal 49), soit moins de 150 km. Enfin, il ajoute que les argiles de fabrication sont extraites à moins de 15 km du site de production.
Chaque palette comprend 50 briques Naturbric® et représente 7,5 m2 de mur, soit près d’un tiers de palettes en moins à transporter sur un même chantier, ce qui limite le nombre de camions et l’impact environnemental lié au transport. Enfin, une housse 100 % recyclable recouvre les palettes.
La seconde innovation porte sur une brique de parement pour la façade : Eco-brick. Moins épaisse que la brique traditionnelle, elle nécessite moins de matière première (-30 % au m2) et d’énergie pour sa fabrication.
Résultat : elle permet de réduire d’autant son empreinte carbone au m2, soit moins 30 %, tout en conservant sa résistance thermique et ses qualités esthétiques (60 teintes), insiste Wienerberger.
La nouvelle brique de parement Terca se veut mince et écologique : moins large et plus légère, elle permet d’appliquer jusqu’à 3,5 cm d’isolation en plus.
« Nous travaillons au quotidien sur l’optimisation de nos produits dans une logique de durabilité. Cela nous permet de présenter des innovations comme pour les produits de couverture à faible pente, telle que la tuile légère Ultima TFP qui a fait l’objet de brevets » reprend Frédéric Didier.
La RE2020 mais aussi les seuils bas carbone 2025 et 2028 seront, selon le directeur général de Wienerberger France, source de réflexion et d’amélioration. « La réglementation environnementale va nous permettre de prouver que nos solutions à base de terre cuite sont performantes, efficaces, locales et abordables. Et nous irons bien au-delà avec la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre… » conclut-il.
(1) Le groupe Wienerberger est une entreprise autrichienne fondée à Vienne en 1819 et numéro 1 mondial de la terre cuite. Il est présent dans 29 pays avec 197 usines et 16 620 collaborateurs.
Des hausses de prix à prévoir pour la terre cuite
Les prix des produits terre cuite vont augmenter, annonce la direction de Wienerberger France. La politique tarifaire sera revue à la hausse, (+ 8,5 %), pour couvrir une inflation majeure des prix des énergies (gaz, électricité) et de certaines matières premières. « Nous n’avons jamais arrêté de livrer les clients pendant la crise Covid, et avons enregistré une demande importante de produits après la crise » rappelle Frédéric Didier.
De fait, l’entreprise a pratiqué des hausses de prix modérées en 2020/2021. Avec une activité en forte hausse (+ 10 % ces derniers mois pour les briques de structures ou apparentes) et de bonnes performances sur le marché de la rénovation de couverture depuis mai 2020, le groupe demeure serein pour l’avenir. A en juger les indicateurs relatifs aux logements commencés, l’activité devrait rester soutenue au moins jusqu’au début de l’année 2022, estime le groupe. |
Source : batirama.com/ Fabienne Leroy