La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) estime dans un document publié le 21 janvier que la France devra lancer un plan d'investissement massif dans ses infrastructures routières, énergétiques et numériques, de 22 à 26,8 milliards d'euros supplémentaires par an d'ici à 2030, pour pouvoir lutter contre le réchauffement climatique.
La FNTP, organisation des professionnels du secteur, se base sur deux scénarios différents, établis par le cabinet de conseil Carbone 4 : un "pro-techno", pariant sur la croissance économique et le progrès technique, et un "sobriété", porté par une diminution de la consommation et un changement profond des modes de vie. Tous deux placent la France sur une trajectoire de réchauffement inférieure à 2 degrés d'ici à la fin du XXIe siècle, assure Carbone 4.
Le scénario "pro-techno" nécessiterait 26,8 milliards d'investissements annuels jusqu'en 2030, une somme qui augmenterait ensuite, aboutissant à une moyenne annuelle de 29,9 milliards pour la période 2021-2050. Le scénario "sobriété" demanderait 22 milliards par an jusqu'en 2030, mais la moyenne diminuerait dans les décennies suivantes, pour s'établir à 16,2 milliards par an pour 2021-2050.
Si les investissements sont engagés, leur impact économique d'ici à 2030 serait de 1,1 à 1,3 point de PIB supplémentaire par an selon le scénario, et 340.000 à 400.000 emplois créés, selon des calculs de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) cités par la FNTP.
Les investissements à mener, massifs dans les deux cas, sont classés dans quatre axes : réduction, restauration, résilience et maintenance. Le premier vise à développer et adapter les infrastructures routières, énergétiques et numériques à des usages moins émetteurs de gaz à effet de serre (création et entretien de pistes cyclables, de voies ferrées, d'infrastructure de recharge de véhicules électriques et à hydrogène...).
L'axe "restauration" consiste à lutter contre l'artificialisation des sols et restaurer les espaces naturels pour capter davantage de carbone (recyclage de friches, végétalisation des villes...).
L'axe "résilience" permet d'adapter la France au réchauffement et à la multiplication des évènements climatiques extrêmes qu'il entraîne. Et la maintenance consiste à prévenir l'usure des routes ou canalisations.
Cet investissement additionnel fera l'objet de choix politiques et il devra être partagé entre l'Etat, les collectivités territoriales, les grands opérateurs publics et privés, estime la FNTP. "Le chiffrage comporte des limites méthodologiques importantes", prévient cependant la fédération, notamment celui de la partie "résilience", faute d'études suffisantes réalisées jusque-là.
La FNTP proposera, lors d'un forum le 24 février, une charte d'engagement basée sur ces propositions aux candidats à l'élection présidentielle.