"Les travaux d'isolation des combles et des planchers en rénovation chutent de 75 % depuis 3 mois. Une baisse similaire est anticipée pour les travaux d'isolation des murs d'ici quelques semaines face à l'évolution des aides CEE à partir du 1er mai", résument les signataires de la lettre : la FFB, la SNI, l'Initiative Rénovons !, le Réseau pour la transition énergétique (Cler), le Collectif Isolons la Terre Contre le CO2 (CILT), Symbiote (Syndicat multi branches des industries et des opérateurs de la transition énergétique), le Groupement des professionnels des certificats d'économies d'énergie (GPCEE); le Syndicat national des fabricants d'isolants en laines minérales manufacturées (FILMM) et Ecima (European cellulose insulation manufacturers association).
C'est la première fois que toute la filière rénovation énergétique, syndicats, associations et ONG, représentant les professionnels du secteur, adressent ainsi une lettre commune au gouvernement. Adressée au Premier Ministre, la lettre sera également envoyée aux cabinets du ministère de la Transition Ecologique, du Logement et de Bercy.
La crainte de la filière : que les travaux de rénovation énergétique, pourtant primordiaux aux vues de l'urgence du réchauffement climatique et de la hausse des coûts de l'énergie actuelle, ne soient plus abordables pour les particuliers, notamment les plus modestes. D'où le titre de la missive : "Rénovation, ne laissons pas les plus modestes payer le prix de la crise énergétique!"
En effet, depuis juillet 2021, où la prime "coupe de pouce" des Certificats d'économie d'énergie (CEE) isolation et chauffage avait été fortement réduite, les travaux engagés grâce au dispositif ont connu "un coup d'arrêt" comme nous en parlions déjà dans cet article. "Nous anticipons une baisse similaire des travaux d’isolation des murs d’ici quelques semaines du fait de la division par deux de leur valorisation CEE à partir du 1er mai. La révision des modalités de calcul du 'Coup de pouce' chauffage au 1er avril prochain marquera le troisième coup d’arrêt d’une filière déjà à la peine", indique encore le document commun.
Les CEE restent le principal levier de financement de la rénovation énergétique, indiquent les signataires, qui craignent que les récentes annonces concernant le rehaussement de MaPrimRénov' ne soit pas suffisant pour relever le défi d'une rénovation énergétique massive pour le pays.
Les signataires proposent une solution au gouvernement : rehausser le volume d’obligation de la 5ème période des CEE d’un volume additionnel de 500 TWhc précarité afin de porter le volume total de la P5 à 3000 TWhc, concentrant ainsi ce nouvel effort sur ceux en ayant le plus besoin. Cet ajustement technique aurait pour unique objectif de résorber le stock accumulé depuis l’annonce de l’obligation de la 5ème période.
"Cette mesure (...) serait un signal fort envoyé aux consommateurs d'énergie qui craignent pour leur facture. Elle donnera également un cap clair aux professionnels qui cherchent à faire de la France une championne de l'efficacité énergétique", conclut la lettre commune.