Des retards de chantiers et des trésoreries qui se tendent, selon la FFB Île-de-France

Des retards de chantiers et des trésoreries qui se tendent, selon la FFB Île-de-France

Trois jours après la conférence de presse de la FFB, c'était, vendredi 16 septembre, au tour de la FFB Île-de-France de présenter son bilan conjoncturel.




Edouard Durier, vice-président de la FFB Grand Paris Île-de-France en charge des affaires économiques, a exposé le bilan conjoncturel des entreprises du BTP franciliennes en ce début de troisième trimestre. "2022 devait être l'année de sortie de crise pour le Bâtiment francilien. Mais l'inflation, l'envolée des prix des matériaux et la construction neuve brident la reprise du secteur", indique le vice-président. En effet, bien que les prédictions de la CERC IDF indiquent une augmentation du chiffre d'affaires de 4,6% pour atteindre 38 milliards d'euros, on observe un léger fléchissement du volume de production, hors effet prix, entre 2021 et 2022 (-0,7%). L'Île-de-France reste en retrait de la dynamique de croissance enregistrée au niveau national (+3,8%). Globalement, la baisse du volume d'activité est de 11,7% si l'on compare 2019 à 2022.

 

 

Edouard Durier, vice-président de la FFB Grand Paris Île-de-France

 

 

M. Durier, qui est également chef de deux entreprises du bâtiment, l'une en gros oeuvre, la seconde en menuiseries, a évoqué son expérience personnelle : "Les retards d'approvisionnements peuvent engendrer de gros problèmes sur le chantier. Parfois tout se passe bien. Mais parfois quand il y a trop de retard, on nous menace de facturer des pénalités de retard, ce qui n'est pas acceptable pour des délais que les entreprises ne maîtrisent pas. L'ambiance est tendue et les trésoreries se tendent. C'est pourquoi il est vraiment important que toute la filière travaille ensemble."

 

 

Moins de mises en chantiers et reports de travaux

 

 

Avec le repli des mises en chantiers de logements entre les premiers semestres 2021 et 2022 (-16,1%), l'offre commerciale de logements neufs est en chute. Cependant le non-résidentiel neuf "apparait comme la surprise de ces 6 premiers mois de 2022", indique le président. "Porté par le commerce, les locaux agricoles et les entrepôts, ce segment affiche une hausse de ses mises en chantiers de 20,6% sur 6 mois à fin juin 2022."

 

Au global, les constructions neuves sont 2,1% moins nombreuses cette année par rapport à l'année dernière. "Malgré les grands travaux des JOP 2024 et du Grand Paris Express, le faible niveau des permis de construire délivrés ces deux dernières années pénalise le segment neuf, notamment la construction de logements", s'inquiète Edouard Durier.

 

 

Espoir pour l'activité entretien-rénovation

 

 

Selon le vice-président, l'entretien-rénovation devrait croitre de 0,5% en volume par rapport à 2021. En effet, l'activité s'est stabilisée en début d'année et le démarrage 2022 du dispositif MaPrimeRénov' est favorable dans cette région où 1,2 millions de résidences principales sont des passoires énergétiques.

 

Pour l'heure, une hausse de 39% des montants de travaux ont été générés par MaPrimeRénov mais la chute du marché des CEE (Certificats d'Economie d'Energie) pèse toujours sur le marché de la rénovation.

 

"Globalement, le ressenti de nos professionnels franciliens est mitigé avec des entreprises du second oeuvre plus optimistes quant à leurs possibilités d’accroitre leur chiffre d’affaires entre 2021 et 2022 que celles de gros oeuvre", indique M. Durier.

 

Il a également évoqué une remontée des faillites d'entreprises cette année, mais qui restent contenues. Cependant, il s'inquiète à moyen terme, face à la dégradation des marges observées au premier trimestre, expliquées par les effets cumulés des premiers remboursements du PGE et la persistance de la crise des matériaux, accentuées par la hausse des coûts de l'énergie et des transports. A cette situation financière s'ajoute des problèmes persistants de recrutement.

 

 

Des marges de progression pour fin 2022 et pour 2023 ?

 

 

M. Durier indique que si les chiffres des permis de construire sont plutôt encourageants, ils sont artificiellement boostés par l'effet d'anticipation de la RE2020. "Les incertitudes concernant l’avenir du marché du neuf ne sont donc pas levées" indique-t-il.

 

Coté logement, on note ainsi une augmentation du nombre de logements autorisés de 21,1 % de janvier à juin 2022 par rapport aux mêmes mois de 2021. Toutefois, le surcoût de la RE2020, la perte de pouvoir d’achat des ménages causée par l’inflation et les conditions d’emprunt moins favorables, laissent peu de place à l’optimisme pour les investisseurs et les constructeurs.


Dans le non-résidentiel, le nombre de permis de construire explose également de 22,7 % sur 6 mois à fin juin 2022. Là encore, le secteur profite de l’anticipation de la RE2020 qui est entrée en vigueur au 1er juillet 2022 pour les bureaux et les bâtiments d’enseignement primaire et secondaire.


Dans ce contexte, des mesures peuvent être prises pour que cette légère éclaircie ne soit pas passagère. Pour pallier les effets de la RE2020 sur l’accès à la propriété, la FFB soutient la création d’un crédit d’impôt sur les annuités d’emprunt au bénéfice des acquéreurs d’un logement neuf. De même, afin de favoriser l’investissement locatif, la FFB demande un aménagement du dispositif Pinel en maintenant des taux de réduction d’impôt attractifs en 2023 et 2024.


Le marché de la rénovation-amélioration présente un fort potentiel pour l'Île-de-France. 1,2 millions de résidences principales, ce qui représente près d’un quart du parc immobilier, sont considérées comme des passoires énergétiques (F ou G).


Sur le territoire francilien, de nombreux travaux de rénovation sont à réaliser à l’échelle d’une copropriété et non de l’appartement, ce qui peut compliquer le processus de décision. Après un an de déploiement et un démarrage timide en 2021, MaPrimeRénov’ Copropriété doit prendre son envol.


"Pour les ménages comme pour les entreprises, le coût des travaux reste un frein à la rénovation énergétique de leurs biens" poursuit M. Durier. "C’est pourquoi, il est essentiel d’indexer les aides sur le coût des travaux et de rétablir, en 2023, le crédit d’impôt en faveur de la rénovation énergétique des locaux tertiaires des TPE/PME."

 

 

Pas encore assez de TPE-PME sur les chantiers des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024

 

 

Dans le cadre des JOP 2024 et suite à la mobilisation de notre réseau, la Solidéo avait pris l'engagement qu’un quart du montant global des marchés des JOP 2024 seraient attribué aux TPE/PME et entreprises de l’ESS.


Aujourd’hui, les maîtres d’ouvrage jouent le jeu. Mais l’étude menée par la cellule économique de la FFB Île-de-France montre que l’objectif n’est pas encore atteint. A la mi-février 2022, seulement 14 % des montants de marchés ont été attribués à des TPE/PME franciliennes du Bâtiment. Exclusion faite des filiales de grands groupes, ce chiffre descend à 9 %.


Toutefois, tous les marchés n’ont pas encore été attribués ou sous-traités. Les travaux de second oeuvre notamment représentent de vraies opportunités dont les entreprises du BTP franciliennes doivent se saisir, a conclu le vice-président, espérant avoir de meilleurs chiffres à communiquer lors des prochains résultats d'étude.

 




Source : batirama.com / Emilie Wood

L'auteur de cet article

photo auteur Emilie Wood
Journaliste, photographe, vidéaste, Emilie Wood travaille depuis 2010 pour la presse, qu’elle soit professionnelle dans les domaines du BTP et de l’agriculture, ou généraliste. Pour Batirama, elle écrit sur des sujets aussi variés que la conjoncture BTP, l’évolution de la réglementation, la rénovation énergétique, les réformes, les innovations, ou encore l’actualité de l’immobilier. Elle apprécie particulièrement réaliser des portraits d’entreprises et révéler les femmes et les hommes qui, chacun à leur manière, font une différence, qu’ils soient entrepreneurs ou collaborateurs d’entreprise.
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