"Au XXIe siècle, quand il y a un sujet majeur d'investissement pour la planète, il faut entrer dans une logique d'investissement, s'engager de façon pluri-annuelle", a défendu le directeur-général du groupe de matériaux Benoit Bazin lors de ses voeux à la presse jeudi 5 janvier au siège à la Défense.
"Je sais que c'est très difficile pour les collectivités d'entrer dans une logique pluri-annuelle alors qu'on est sur des annuités budgétaires en comptabilité publique", a-t-il admis, tout en soulignant que le plan France 2030 "planifiait un peu la programmation climatique, mais pas assez celle des compétences".
Le secteur de la construction, "au carrefour stratégique des sujets énergétiques et climatiques", a-t-il souligné, doit monter en compétence sur la décarbonation de ses matériaux ou l'analyse de leur cycle de vie, ce qui suppose d'effectuer de nombreux recrutements.
Le patron de Saint Gobain avait demandé l'automne dernier la mise en place d'un "plan Marshall" de la rénovation énergétique qui "n'existe pas", a-t-il déploré jeudi. Il militait pour que l'enveloppe budgétaire consacrée au sujet (Ma Prime Renov) atteigne -sans dépenses budgétaires supplémentaires- 10 milliards d'euros en 2023, en ponctionnant celle du bouclier énergétique, afin d'encourager de grands plans de rénovation et d'isolation de bâtiments publics et privés. Or le projet de loi de finance de 2023 n'a augmenté l'enveloppe MaPrimeRenov que de 500.000 euros, à 2,5 milliards d'euros pour 2023.
"Nous plaidons pour un plan massif pour faire baisser la facture énergétique des bâtiments publics, écoles, hôpitaux et augmenter le confort des gens qui sont à l'intérieur", a ajouté M. Bazin.
Côté logement, "lorsque tout le parc sera au standard basse consommation, la France n'aura plus besoin d'importer de gaz du tout", a fait valoir Thierry Fournier, directeur général pour l'Europe du sud, en soulignant que sur le parc de 36 millions de logements français actuel, "plus de 5 millions sont des passoires énergétiques".