Dans ce reportage TF1 diffusé jeudi 13 janvier à 20h, trois diagnostiqueurs différents avaient été appelés pour effectuer le diagnostic de performance énergétique (DPE) d'une même maison. Le reportage, filmé en caméra caché une partie du temps, a pu mettre en lumière des méthodes drastiquement différentes d'un diagnostiqueur à l'autre. L'un d'entre eux, pendant son diagnostic, n'a d'ailleurs pratiquement pas quitté sa chaise, se fiant uniquement aux indications orales données par les habitants. Les deux autres ont vérifié toutes les pièces de manière plus ou moins poussée.
Les résultats : deux DPE octroyant un E, un autre un F, à la maison en question. Quant aux indications détaillées, elles étaient différentes pour chacun : l'isolation, par exemple, avait été classée bonne pour l'un, moyenne pour l'autre et insuffisante pour le troisième diagnostiqueur. Même des données simples comme le nombre de mètres carrés ou de fenêtres de l'habitation étaient différentes d'un DPE à l'autre. Le reportage souligne également la différence de temps passé d'un diagnostiqueur à l'autre (d'une demi-heure à deux heures et demie) et du tarif du diagnostic.
Ce reportage de TF1 fait eccho à deux études préalables, l'une menée par l'UFC Que choisir (septembre 2022) et l'autre par 60 millions de consommateurs (mai 2022), les deux ayant menées des tests similaires sur plusieurs logements, soumis à des diagnostiqueurs différents, avec la même conclusion : il y a trop de disparité d'un DPE à l'autre.
Des résultats qui peuvent à juste titre inquiéter sachant que depuis le début de l'année, les logements considérés par un DPE comme étant des passoires thermiques ne peuvent plus légalement être soumis à une nouvelle location.
La Chambre des diagnostiqueurs Immobiliers (CDI) Fnaim, qui avait déjà recemment répondu quant à la fiabilité de l'outil DPE face à une étude de Hello Watt, a réagi le 13 janvier au reportage de TF1 par un communiqué intitulé "Oui, il est urgent de nous réformer et des solutions existent."
"Le reportage diffusé ce jeudi au 20 heures de TF1 nous fait mal. On pourrait sans doute trouver à redire sur la forme, comme souvent. Mais on a du mal à défendre un diagnostiqueur qui ne visite pas le logement, qui reste collé à sa chaise devant son ordinateur et qui ne compte que la moitié des fenêtres. Même avec la plus grande des bienveillances, on se dit que ce technicien n’a rien à faire dans la filière", a déclaré Yannick Ainouche, président de la Chambre des diagnostiqueurs immobiliers de la Fnaim.
La CDI Fnaim, consciente du besoin de rassurer les consommateurs, a décidé de se remettre en question. "Depuis plusieurs mois, nous militons pour une carte professionnelle, la carte D, sans laquelle aucun cabinet ne pourrait demain exercer. Délivrée par une commission impartiale et indépendante, cette carte pourrait être retirée à tout moment lorsqu’un diagnostiqueur n’effectue pas correctement son travail" indique la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim dans son communiqué du 13 janvier.
L'association lance également l'idée de prix planchers pour les diagnostics "parce qu'on sait bien qu'un cabinet qui casse les prix, néglige aussi la qualité."
Afin de discuter de ces solutions potentielles ensemble, une plateforme participative permet à chaque diagnostiqueur de France de donner son avis et d'aider à faire évoluer le diagnostic immobilier.