Lors de son point presse le 18 janvier 2023, la Capeb, syndicat fédérant les petites entreprises artisanales du bâtiment, a fait un point conjoncturel sur le dernier trimestre 2022 avant de renouveler certaines demandes auprès du Gouvernement.
Inutile d'énumérer à nouveau toutes les impondérables qui ont affecté les artisans du bâtiment en 2022 : hausse du prix des matériaux, crise énergétique, inflation galopante... ont mis à mal les trésoreries des petites entreprises qui, bien qu'elles aient pu, au 4ème trimestre, répercuter une partie des coûts sur leurs factures (pour 92% d'entre elles), ont malgré tout dû absorber une bonne partie du surcoût (en moyennes, ces hausses étaient répercutées à hauteur de 68% sur les factures).
Les entreprises déclarant rencontrer des difficultés ont triplées entre janvier 2022 et janvier 2023. Des dires qui sont confirmés par la récente étude Altares sur les défaillances d'entreprises, qui souligne que les PME sont particulièrement affectées par les défaillances, une tendance qui s'accélère sur le 4ème trimestre (52% de défaillances en plus entre 2021 et 2022, mais 102,2% en plus si l'on considère uniquement les chiffres du dernier trimestre de l'année).
Si l'on considère uniquement les chiffres de l'activité, cette dernière pourrait être considérée comme dynamique avec 2,4% de hausse, bien que beaucoup moins importante que 2021 (+12,5% d'activité), année "de rattrapage" après l'année 2020 particulièrement mauvaise en raison de la pandémie de Covid-19 (-9% d'activité). Pour l'heure, les carnets de commande sont encore pleins (96 jours en moyenne), et 13% des entreprises indiquent qu'elles envisagent de recruter.
Le niveau d'activité semble avoir repris un court normal, mais on note cependant que c'est surtout l'entretien rénovation qui prend le dessus (+2,5%) par rapport au neuf (+1,9%).
Par contre si l'on considère les chiffres trimestre après trimestre, on constate que la croissance ne fait que ralentir : 3,5% au premier trimestre, 3% au second, 2% au troisième et seulement 1% au quatrième trimestre. Si cette tendance se confirme, la Capeb prévoit pour 2023 une croissance comprise entre -0,5% et +0,5%.
Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, a tenu à féliciter la "résilience" des petites entreprises artisanales du bâtiment, qui ont tenu bon malgré cette conjoncture difficile. "La Capeb a fait son travail, elle a fait des propositions fortes et a été entendu par le gouvernement", estime-t-il, "cependant pour le moment, je ne vois pas d'effet sur le terrain".
"Nous avons en 2022 des entreprises qui sont exténuées de leur quotidien. Il faut s'imaginer leur quotidien dans la gestion du RGE, dans les délais des paiements des RGE de MaPrimeRénov' avec 8 mois de retard malgré les promesses qu'on leur a faite sur la simplification à venir... Il faut que vous compreniez les difficultés d'une entreprise artisanale au quotidien dans la gestion de l'activité, essayant de contenter au mieux le client en délai et en qualité de travail. "
Jean-Christophe Repon regrette particulièrement que le travail effectué par la Capeb en vue d'une simplification du dispositif des CEE et de MaPrimeRénov' n'ait pas encore été mis en application. "On a eu un audit fait par la DIPP, il y a bien eu un rapport validé par l'ancienne ministre sur la simplification, c'était en janvier 2021. Aujourd'hui ça fait plus d'un an et demi et rien ne se passe, d'où la grogne", précise-t-il. Le président de la Capeb évoque également le programme Oscar, validé en janvier 2022, mais qui est pour le moment limité uniquement à quatre régions au lieu d'être déployé sur l'ensemble du territoire.
Sur les ZFE, Jean-Christophe Repon réitère sa demande pour obtenir des aides financières pour accompagner l'achat ou le prêt de nouveaux véhicules par les artisans : "Comment faire porter aux artisans la responsabilité des particules fines en leur faisant payer des véhicules quatre fois plus chers ?"
En ce qui concerne la REP, "personne n'est prêt pour mettre la REP en place" rappelle Jean-Christophe Repon. "Les éco-organismes eux-même, après avoir dit toute l'année qu'ils étaient prêts, on soudainement décidé en décembre qu'ils ne l'étaient pas et on décidé, unilateralement, ce report de 5 mois" analyse Jean-Christophe Repon. Pour le président, "il y a une incompréhension totale de cette REP". Même le maillage des points de collecte tous les 10 km, promis par les éco-organismes, n'est pas encore en place, précise-t-il. "Pour que tout le monde soit prêt, il faut bien un an", conclut-il.
Jean-Christophe Repon a parlé d'une victoire en ce qui concerne le maintien du système de retraites par répartition. En ce qui concerne le report de l'âge à 64 ans, la Capeb avait accepté à condition que les carrières longues et l'apprentissage soient pris en compte, et que ceux ayant commencé à travaillé à 16 ans puissent s'arrêter à 58 ans.
Un autre élément important de la réforme : l'équité de traitement des cotisation entre les salariés et les indépendants, et donc l'abattement de 30% pour les indépendants. La Capeb indique également être satisfaite de la réhausse des plus petites retraites à hauteur de 1200€ et du nouveau traitement mutualisé de l'usure au travail. "C'est une grande satisfaction que de remettre la responsabilité à un médecin qui puisse avoir une acuité dès 45 ans sur nos collaborateurs pour les amener vers une retraite progressive ou dans certains cas vers une reconversion." Jean-Christophe Repon a malgré tout indiqué que la Capeb serait très attentive sur la version écrite de la loi.