Alors que 21,4 millions de tonnes de ciment ont été consommées en 2011, l’année 2012 se stabilise à 19,9 millions de tonnes, soit – 6,7%. Ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle, selon Rachid Benyakhlef, président du syndicat français de l’industrie cimentière (Sfic).
En effet, dans un marché rétracté, les importations de ciment continuent de progresser (+ 5 %) passant de 1,8 MT en 2011 à 1,9 MT en 2012. « La capacité de production française s’établit à 27,5 MT et la France n’a pas pu produire que 18 MT en 2012 » conclut Rachid Benyakhlef.
Avec des importations représentant dorénavant 10 % de la consommation en France, le syndicat s’inquiète des menaces reposant sur l’industrie cimentière. Et d’autant plus que l’année 2013 ne s’annonce pas rose, selon le président du Sfic.
« Nous attendons un repli de l’activité de 6,5 % dans le Bâtiment et de 2,5 % dans les TP en 2013 et le début d’année ne laisse rien présager de bon. Le mois de janvier a enregistré un repli de 20 % par rapport à janvier 2012, dont -43 % pour les liants géotechniques (utilisés pour les routes) », précise le responsable.
Face à cette situation, le syndicat interpelle les pouvoirs publics. « Il va falloir agir contre la distortion de compétitivité car les importateurs (Ndlr : Turques majoritairement) ne sont pas soumis aux mêmes charges sociales ni aux mêmes règles sur le plan de l’environnement » indique R. Benyakhlef. Résultat : le ciment importé coûte entre 10 et 15 % moins cher.
Les cinq cimentiers, membres du syndicat français sont en effet soumis à des règles strictes en matière d’environnement (remise en état des carrières, respect de la faune et de la flore, règles sur l’empoussièrement). Ils espèrent par conséquent que de nouvelles réglementations européennes ne viendront pas davantage pénaliser leurs activités.
En effet, le Sfic estime l’empreinte carbone de certains ciments importés supérieure de 75 % à celle d’un ciment produit en France. Le syndicat réclame également une révision de la politique portuaire en instaurant une obligation d’étude impact socio économique et environnementale préalable à la délivrance d’une autorisation d’occupation temporaire des ports.
Le syndicat indique avoir connaissance de projet d’installation de terminaux d’importation, dont le coût moindre, par rapport à la création d’une usine nouvelle, viendrait pénaliser la filière.
Enfin, pour mieux défendre la transition énergétique, le Sfic aimerait doubler le taux de substitution des combustibles, issus du recyclage des déchets, utilisés dans les cimenteries (aujourd’hui 30 %).
« C’est l’équivalent de 800 000 tonnes de charbon qui ne seront pas consommés en France » indique le président du Sfic qui réclame des mesures fiscales et réglementaires afin d’encourager le développement de filières vertes.
Source : batirama.com / Fabienne Leroy