"On estime que 65% des hommes ont été exposés au moins une fois à l'amiante durant leur carrière" indique cette étude qui a porté sur un échantillon de 9.125 artisans, hommes et femmes, qui ont pris leur retraite entre 2004 et 2008.
L'amiante, minéral à texture fibreuse, a été un matériau isolant bon marché très largement utilisé en France dans de nombreux secteurs de l'industrie et de la construction, jusqu'à son interdiction complète en 1997, avec un pic d'importation en France de 150.000 tonnes/an dans les années 70.
Sans surprise, le taux d'exposition à l'amiante est le plus élevé chez les retraités de la construction, avec 74% des hommes ayant été exposés au moins une fois dans leur vie professionnelle. A titre de comparaison, on estime à 27,7% le niveau d'exposition pour les hommes retraités du régime général (étude faite entre 1994 et 1996 sur des hommes de 63 ans de moyenne).
L'étude de l'InVS s'est accompagnée d'un bilan de santé pour une partie des retraités étudiés (1.798 hommes), avec un scanner du thorax pour détecter une éventuelle pathologie liée à l'amiante (principalement cancer de la plèvre ou mésothéliome et cancer du poumon).
Au final, "plus de 16%" ont présenté une "anomalie radiologique thoracique", essentiellement des "pathologies bénignes" de la plèvre (plaques pleurales, épaississements pleuraux diffus, asbestose) et 28 ont été diagnostiqués avec un cancer broncho-pulmonaire ou un mésothéliome, soit 1,5% de ceux soumis au bilan de santé.
Les auteurs du rapport jugent qu'il n'y a "aucun bénéfice médical individuel" démontré à recourir au dépistage par scanner des lésions thoraciques chez les personnes ayant été exposées à l'amiante.
Mais compte tenu du niveau élevé de l'exposition à l'amiante chez les retraités de l'artisanat, les auteurs jugent "nécessaire de renforcer l'information" auprès de cette population et des médecins généralistes sur des pathologies qui peuvent survenir "30 à 40 ans après l'exposition" aux fibres cancérogènes.
D'après un rapport d'information sénatorial de 2005, "35.000 personnes sont mortes, en France, d'une maladie de l'amiante, entre 1965 et 1995". Ce rapport qui anticipait "50.000 à 100.000 décès d'ici 2025", dénonçait la "gestion défaillante" des autorités françaises sur le sujet.
Le caractère cancérigène de l'amiante est connu depuis les années 50, mais le premier décret réglementant son usage en France ne date que de 1977. Selon des projections rendues publiques la semaine passée par l'Institut de veille sanitaire (InVS), le cancer de la plèvre (avant tout provoqué par l'amiante) devrait faire de 18.000 à 25.000 décès d'ici 2050.
Source : batirama.com / AFP