La crise est actée, la FFB Île-de-France craint pour l'avenir

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Edouard Durier, vice-président chargé de l'Economie à la FFB Île-de-France © FFB

Edouard Durier, vice-président chargé de l'Economie à la FFB Île-de-France, n'a pas caché son inquiétude dès l'ouverture de la conférence de presse du 14 juin : "En Île-de-France, la crise du logement n'est pas récente. Depuis plus de 10 ans, les entreprises du bâtiment n'ont pas l'opportunité de répondre aux besoins des transiliens. Ce n'est pas faute de le dire très régulièrement..."

Spécificité de l'Île-de France

On constate une grande disparité en fonction des département en observant les chiffres des mises en chantier par département (en date réelle estimée). Source : FFB Île-de-France, MTECT / CGDD/ SDES, Sit@del2

Malgré de grandes disparités d'un département à l'autre, la FFB Grand Paris a présenté les tendances régionales, qui dénotent avec les chiffres nationaux. En effet, l'autorisation de logements dans le collectif est en progression (+12,6%) alors que la moyenne nationale est en baisse. Par contre les autorisations de logements individuels chutent de -11%.

En ce qui concerne les mises en chantier de logement, les chiffres sont eux aussi en baisse : -2,4% pour les logements individuels, -7% pour les logements collectifs. "Donc pour nous, la crise est actée", indique Edouard Durier.

Cependant, et malgré le développement du télétravail, les constructions non-résidentielles sont en progression (+10,8% de surfaces commencées, +17,1% de surfaces autorisées).

Le secteur de l'entretien-rénovation n'est pas à la hauteur des espérances 

L'Île-de-France connait la plus faible activité sur la branche de l'entretien-rénovation en 2022 : la progression entre 2021 et 2022 n'est que de 0.8% en 2022 par rapport à 2021.

Avec des carnets de commandes peu rempli -seulement de 11,8 semaines de travail dans la région (15,7 semaines en moyenne dans l'ensemble du pays), les perspectives des professionnels au premier trimestre 2023 ne sont pas glorieuses. Le nombre d'opinions positives baisse de -18%. "Seules des annonces de soutien et une vraie politique de rénovation énergétique tireraient l'opinion vers le haut", souhaite Edouard Durier.

La crise s'intensifie

On note aussi une hausse notable des défaillances d'entreprises au premier trimestre (+33% en mars 2022), expliqué en partie par les phases de remboursement des PGE engagés et par les procédures de recouvrement forcé commencés par l'Urssaf. Selon les prévisions actuelles, les chiffres de 2019, année noire en termes de défaillances d'entreprises, devraient être atteint d'ici la fin de l'année.

Evolution des coûts de construction de 2019 à 2023 : PVC et mélanges à base de PVC en violet, plastiques alvéolaires (hors emballages) en jaune, demi produits en cuivre ou alliage en rouge, aciers pour la construction en vert, produits plats en aciers non alliés de qualité en bleu clair, demi produits en aluminium en marron, tuiles en bleu foncé, verre plat transformé pour le bâtiment en rose pâle, béton prêt à l'emploi en rose foncé. © FFB d'après chiffres Insee.

Bien que la majorité des coûts des matériaux aient globalement baissé depuis le milieu de l'année 2022, ils restent élevés début 2023. Certains d'entre eux continuent leur hausse, comme le béton prêt à l'emploi, le verre plat transformé ou les tuiles, avec des impacts importants sur les entreprises et la rentabilité des chantiers.  

Les annonces du CNR non satisfaisantes

Pour la FFB, les annonces gouvernementales qui ont suivies le Conseil National de la refondation (CNR) Logement montrent "une méconnaissance de la crise". Edouard Durier se révolte contre un "nouveau rabotage du PTZ qui exclut plus de 90% des communes de France du dispositif pour le neuf" ainsi que la suppression du dispositif Pinel sans mécanisme de remplacement. "On est extrêmement inquiets, on espère que les politiques vont réagir" indique-t-il.

Vous pouvez vous aussi répondre à notre sondage : "les mesures annoncées à l'issue du CNR Logement seront-elles efficaces?" afin de partager avec nous votre avis et vos commentaires. 

Proposition : une revalorisation de MaPrimeRénov' d'un million d'euros par an pendant 5 ans

La FFB Grand Paris propose de revaloriser d'un million d'euros par an pendant 5 ans le budget de MaPrimeRénov', "un prérequis indispensable" pour le développement de l'entretien-rénovation. "Les professionnels sont prêts et formés à relever le défi de la rénovation énergétique. On n'arrête pas de le dire, on est prêt, on sait faire, on trouve qu'en Île-de-France notamment, les politiques n'appuient pas suffisamment sur la rénovation énergétique, alors qu'on entend partout - et nous sommes les premiers convaincus - qu'il faut absolument rénover les passoires thermiques. Ce ne sont pas que les voitures qui polluent à Paris, ce sont aussi les logements mal isolés et mal chauffés", se révolte Edouard Durier. 

Pour la FFB, si la branche entretien-rénovation ne progresse pas, couplée à la crise du logement, il y a un risque de -4% d'activité sur le territoire par an d'ici 2025 et de destruction de plus de 100.000 emplois.