Valérie Sfartz : "Artibat, un salon sur-mesure pour les professionnels"

Portrait de Valérie Sfartz, directrice du salon Artibat

Interview de Valérie Sfartz, directrice d'Artibat, qui depuis 12 ans s’applique à créer un salon qui répond aux besoins de l’ensemble de la filière avec des innovations, des informations mais aussi de l’inspiration.




A la fois directrice générale du salon Artibat et déléguée régionale de la Capeb Pays de la Loire, Valérie Sfartz a notamment participé à l’ancrage du salon sur le territoire de Rennes après ses premières éditions nantaises. A la fois proche de son équipe et des artisans pour qui le salon est principalement destiné, elle nous présente ici sa vision d’Artibat.


Batirama : Pourriez-vous nous parler de l’histoire d’Artibat ?


Valérie Sfartz : Artibat est un salon qui s’adresse aux professionnels de la construction, une population très exigeante techniquement. Il est organisé par la Capeb des Pays de la Loire, ce qui lui confère une légitimité incontestable auprès des artisans. Depuis plus de 30 ans, Artibat couvre l’ensemble de la filière et fédère également la prescription, très à l’écoute des dernières innovations, des dernières nouveautés proposées par les exposants. Le salon a connu plusieurs mutations dans le temps. Il s’est adapté aux évolutions règlementaires, ainsi qu’aux besoins des exposants et à la manière dont ils souhaitent proposer et présenter leurs produits aux professionnels qui visitent le salon.

 

Nous avons su adapter le salon à l’offre et à la demande, aux besoins et aux nécessités du marché : on peut ainsi citer la présence d’un pôle isolation en 2012 qui n’existe plus aujourd’hui parce que depuis l’entrée en vigueur de la RT2012, l’isolation est devenue une composante essentielle de l’offre produit des exposants. Dans la même logique, le parcours dédié à l’accessibilité et au maintien à domicile n’est plus présent, les industriels ayant fait évoluer leurs gammes de produits en la matière.

 

Initialement Nantais, le salon se tient à Rennes depuis 2012. Le lieu est une composante importante pour un salon : cette nouvelle implantation a nécessité une réflexion et une réorganisation des secteurs afin qu’ils épousent les infrastructures du nouveau parc d’exposition sur 65.000 m². Cinq pôles d’activités ont vu le jour, représentant l’ensemble de la filière construction et répondant ainsi à la transversalité des métiers.

 

Batirama : Qui sont les visiteurs et d’où viennent-ils ?

 

V.S : Ils sont 40.000. Les visiteurs viennent de tout le territoire Grand Ouest – le rayonnement est d’environ 3 heures autour de Rennes. Parmi les 36 % de visiteurs issus des entreprises du BTP, 43% sont des artisans. Les prescripteurs sont également bien représentés avec 17% de visiteurs. Ils sont maîtres d’ouvrages, architectes, maître d’oeuvres… Les autres sont des fabricants, des distributeurs, des services. Enfin, à noter, que depuis plusieurs éditions, nous invitons les CFA du Grand Ouest à visiter le salon pour que les industriels puissent créer du lien avec la future génération de professionnels.

 

Batirama : Que nous réserve Artibat 2023 ?


V.S : Nous puisons dans toutes les ressources possibles pour créer un salon à dimension humaine où se mêlent affaires, convivialité et haut niveau de technicité. Un salon professionnel, c’est être avant tout une caisse de résonnance des dernières innovations et nouveautés proposées par les exposants. Comme à chaque édition, nous lançons un appel à nos exposants sur leurs innovations de moins d’un an, qui sont utiles pour le client professionnel, qui peuvent répondre à des enjeux écologiques, économiques, de facilité de pose ou de maintien à domicile. Un jury pluridisciplinaire retiendra les nouveautés qui figureront dans le guide millésimé 2023, cette année, sous format numérique pour la première fois afin de limiter l’utilisation du papier.

 

Artibat proposera également des ateliers techniques pour les professionnels, sur le format "10 minutes pour comprendre". Comprendre l’importance de la sécurité sur le chantier, comprendre le handicap pour mieux adapter un logement, ou encore découvrir la performance d’éco-matériaux, comme la paille par exemple. En 10 minutes, les visiteurs pourront expérimenter, se faire un avis sur une technique, un geste, un matériau et le déployer dans leur entreprise sur les sujets qui les auront le plus sensibilisés par le biais de la formation.

 

Batirama : L’économie circulaire, le réemploi est aussi un grand thème pour le salon ?


V.S : Tout à fait. Nous avons fait appel à l’école de Design Nantes Atlantique pour proposer un projet, intitulé "No Waste, en route vers une seconde vie !"

Les étudiants travaillent sur le projet No Waste

Etudiants travaillant sur le projet No Waste. © Artibat

 

Nous avons demandé à nos partenaires, exposants, artisans, de nous donner des matériaux impropres à la réutilisation dans notre filière (produits abimés, fin de série, ...) puis nous avons confié ces matériaux à 40 étudiants de l’Ecole de Design en leur donnant carte blanche pour créer 7 projets utiles avec ces matériaux délaissés. L’idée de cette expérience est de sensibiliser les visiteurs au réemploi et les inciter à voir les déchets comme une opportunité. Les déchets qu’ils voient tous les jours dans leurs bennes peuvent être transformés. Qu’ils puissent se dire, après leur visite : "ceci n’est pas un déchet. Il peut être autre chose."

 

Artibat sera en 2023 le plus grand rassemblement de professionnels qui connaissent les mesures et règlementations sur la gestion des déchets. Traiter le sujet du réemploi sous un angle différent était donc un challenge. Le pari me semble réussi au regard des projets inattendus qui ont vu le jour.

 

Batirama : Comment s’organise un salon comme Artibat ?

 

V.S : 1 millier d’exposants et 40.000 visiteurs sont attendus cette année, cela représente plus de 50.000 personnes sur site. C’est un véritable écosystème qui se met en place tous les deux ans avec l’équipe Artibat agrandie de nos partenaires fidèles depuis plusieurs éditions. L’organisation d’un salon de cette envergure nécessite une confiance absolue dans les personnes avec qui on collabore, ce qui est le cas sur Artibat. Je mesure la chance d’avoir à mes côtés une équipe de grands professionnels, chacun dans leur domaine.


C’est avec la force de cette équipe d’organisation soucieuse de livrer un salon de qualité et la confiance du conseil d’administration qu’Artibat est, depuis 30 ans, un salon qui compte tant pour les exposants que pour les visiteurs.

 

Valérie Sfartz, parcours


Diplômée en marketing et commerce international à l’ISEG Lille et major de sa promotion, Valérie Sfartz intègre très vite la direction marketing de Vinci Energies, avec pour mission la recherche de nouvelles opportunités commerciales et de développement pour les entreprises du groupe. En 2000, pressentant l’intérêt d’Internet, elle créé le département web
et met en place les premiers outils de collaboration pour le groupe, dont le 1er annuaire digitalisé accessible dans 21 pays. En 2005, elle rejoint la direction des systèmes d’information et crée le service communication IT. Elle accroit sa capacité à croiser les besoins métier et opportunités IT en conduisant les projets d’envergure internationale. En 2007, elle prend en charge des projets stratégiques en collaboration directe avec la direction générale du groupe. Deux ans plus tard, elle choisit de s’installer à Nantes. En 2011, elle rejoint la Capeb des Pays de la Loire en qualité de directeur de la BU évènementielle. Valérie Sfartz s’attache pendant 11 ans à la transformation du salon Artibat, qui devient le plus grand salon de la construction en région. Elle conduit la stratégie globale de ce salon, accentuant visibilité, notoriété et rentabilité. Elle profite de ce terrain d’expression pour monter des partenariats étonnants et inédits, en lien avec l’actualité du bâtiment. En 2022, elle prend le poste de déléguée régionale de la Capeb des Pays de la Loire tout en conservant la direction du salon Artibat.

 

Zoom sur le projet No Waste : sept projets pour sept fonctions différentes

les projets No Waste de l'Ecole de Design de Nantes

Bois, revêtements de sols, verre, tuyaux en PVC, tissus de protection solaire, profilés, sanitaires usagés et autres matériaux destinés à la benne ont été utilisés par une quarantaine d’étudiants en cycle bachelors architecture intérieure et en cycle master city design de l’Ecole de Design Nantes Atlantique afin de créer une série d’objets aussi utiles que beaux.

Il y a :

  • Ticabo, un assemblage de panneaux personnalisable qui permet d’isoler plusieurs postes de travail de coworking ;
  • Table tout terrain, mobilier de chantier transportable et montable facilement ;
  • Abracadabois, un jeu de construction transformable en divers mobiliers ;
  • Chillinchair, une chaise modulable à la coque ouvrable ;
  • La Georgette, une liseuse destinée au salon ;
  • La Plaque Light, lampe favorisant le repos ;
  • Poulpy, un jeu ressemblant à une pieuvre.

Des objets que les visiteurs d’Artibat pourront découvrir sur le hall 2 du salon, au coeur du pôle lot technique, et qu’ils pourront également reproduire s’ils le souhaitent étant donné que les étudiants prévoient de mettre à disposition les fiches techniques de fabrication de chaque objet.


Un partenariat qui permettra peut-être aux visiteurs de regarder eux aussi les déchets avec toute leur potentialité.

 


Source : batirama.com / Propos recueillis par Emilie Wood

L'auteur de cet article

photo auteur Emilie Wood
Journaliste, photographe, vidéaste, Emilie Wood travaille depuis 2010 pour la presse, qu’elle soit professionnelle dans les domaines du BTP et de l’agriculture, ou généraliste. Pour Batirama, elle écrit sur des sujets aussi variés que la conjoncture BTP, l’évolution de la réglementation, la rénovation énergétique, les réformes, les innovations, ou encore l’actualité de l’immobilier. Elle apprécie particulièrement réaliser des portraits d’entreprises et révéler les femmes et les hommes qui, chacun à leur manière, font une différence, qu’ils soient entrepreneurs ou collaborateurs d’entreprise.
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