17 personnes sont suspectées d'avoir sévi en Haute-Vienne, en Dordogne, dans l'Allier, le Lot, la Gironde, le Loir-et-Cher et l'Eure-et-Loir. Le procès, qui commence ce lundi, doit se poursuivre jusqu'au 22 novembre pour escroquerie en bande organisée, abus de faiblesse et pratiques commerciales trompeuses et agressives.
Les mis en cause auraient forcé les victimes à signer des contrats entre octobre 2018 et janvier 2023. L'enquête sur la société BDPA Rénovation avait été ouverte en 2021 par le parquet de Limoges. Les escrocs présumés montraient patte blanche avec carte professionnelle et garantie décennale, et présentaient les travaux comme nécessaires en raison de "nouvelles normes" pour l'habitat, alors qu'ils ne l'étaient pas forcément. Des démarchages via des centres d'appels permettaient préalablement de cibler des personnes âgées et de les mettre en confiance. Certains prévenus sont soupçonnés d'avoir signalé des "problèmes fictifs" ou d'en avoir créé de nouveaux "par le biais de dégradations", afin de facturer des travaux supplémentaires, dans le cadre d'un "mode opératoire organisé et systématisé", selon l'accusation.
"Certains travaux réalisés étaient nécessaires et n'ont jamais fait l'objet de critiques ou de plaintes", nuance Me Anthony Zborala, avocat des deux principaux prévenus : une femme de 41 ans, représentante légale de la société, et le directeur commercial de 43 ans, présenté par l'accusation comme le gérant de fait, ce qu'il nie.
Sous le coup d'une interdiction judiciaire de gérer une société, il sera jugé en récidive. "L'enjeu du procès est de déterminer la réalité et l'ampleur du préjudice", ajoute le conseil. Le montant des travaux incriminés (deux millions d'euros) "n'est pas allé dans la poche des prévenus. Il y avait une vingtaine de salariés à payer, le matériel pour le chantier, les voitures (...) L'argent a servi surtout pour le fonctionnement de la société."
La société disposait d'agences départementales qui auraient toutes suivi des consignes de démarchage agressif. "Le principe n'était pas d'organiser une escroquerie. Quand ils ont vu qu'ils pouvaient faire de l'argent facile, ils se sont laissés porter", assure Me Zborala.
L'association de consommateurs UFC-Que Choisir s'est constituée partie civile dans l'affaire aux côtés des nombreuses victimes.