Tandis que le nombre d'agréments est à son pire niveau depuis 2005, "on n'a jamais aussi peu produit de logement social et on n'a jamais eu autant de demandeurs", constate Emmanuelle Cosse, présidente de l'USH, la confédération des bailleurs sociaux.
Le nombre de demandes de logement social est passé de 2,4 millions (dont 1,7 million de ménages en attente d'un premier logement et 700.000 déjà logés dans le parc existant) à 2,6 millions sur un an. Une progression qui vaut "pour l'ensemble du territoire".
Parallèlement, le nombre d'agréments de nouveaux logements sociaux "n'a jamais été aussi bas depuis au moins 2005" et serait "bien en deçà de 85.000", a précisé Mme Cosse, ajoutant que la fédération des Entreprises sociales pour l'habitat avait annoncé un chiffre de 82.000. A titre de comparaison, 87.500 agréments avaient été délivrés en 2020, année de la crise Covid pendant laquelle les chantiers ont été à l'arrêt pendant plusieurs mois. "Personne au ministère ne se bouscule pour annoncer ces très mauvais chiffres", a commenté l'ex-ministre du Logement, rappelant que "pendant très longtemps, la moyenne oscillait entre 110.000 et 115.000 agréments annuels".
En cause selon elle, le "manque de volonté politique de l'Etat mais aussi des élus locaux", "la cherté des fonciers qui rend impossibles les opérations", ou encore "la faiblesse du financement et la hausse des coûts de construction". "Quand vous ne poussez personne à faire du logement social, le logement social ne se fait pas", a-t-elle ajouté. Un phénomène à bas bruit puisque contrairement à d'autres mouvements sociaux, "il n'y aura jamais", selon elle, "de manifestations massives dans la rue de gens mal logés".
Lors de la cérémonie de voeux de l'USH mardi, Mme Cosse avait fustigé "une certaine apesanteur politique", "sans ministre du logement, sans cap clair", estimant que les deux précédents ministres, Olivier Klein et Patrice Vergriete, certes "dévoués à la cause", n'avaient "jamais été soutenus au plus haut niveau de l'Etat". "La réalité, ce sont des familles sans logement, des morts à la rue, des logements impossibles à trouver, des salariés qui dorment dans leur voiture ou au camping, comme des refus de crédit qui se multiplient", avait-elle rappelé.