La plainte déposée à l'encontre de Vinci Concessions Russie au parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) émane des associations Sherpa, Russie Libertés, de l'ONG CEE Bankwatch et d'écologistes russes.
Elle vise des faits présumés de "corruption d'agent public étranger", de "recel de trafic d'influence, de favoritisme et d'entente illicite", ont précisé les plaignants qui réclament l'ouverture d'une information judiciaire.
Sollicité, le groupe Vinci a réfuté ces "allégations" sur ses activités en Russie. "Nous avons répondu à toutes les questions de Sherpa et Bankwatch en novembre 2012. Sans nouvelles de leur part, nous nous étonnons de cette démarche", a ajouté un porte-parole de l'entreprise, précisant qu'elle restait "à la disposition de la justice".
North-West Concession Company (NWCC), composé du groupe français de BTP, et de partenaires russes, avait signé en juillet 2009 le contrat pour la conception, le financement, la construction puis l'exploitation d'un tronçon d'autoroute de 43 km qui doit traverser la forêt de Khimki, située dans la banlieue nord de la capitale russe.
Le coût de construction de cette section est estimé à environ 1 milliard d'euros selon Vinci. "Un certain nombre d'éléments nous permettent de penser que le marché a été conclu dans des conditions troublantes", a affirmé la présidente de l'association Sherpa Sophia Lakhdar.
Les plaignants ont parlé d'une "grande opacité" dans la structure de la concession avec des "sociétés actionnaires" qui seraient reliées "à une myriade de sociétés localisées dans des places financières offshore".
Ils ont également évoqué des pourparlers qui auraient eu lieu entre l'ancien ministre russe des Transports Igor Levitin et le groupe Vinci avant le lancement de l'appel d'offres.
L'ex-président russe Dmitri Medvedev avait ordonné à l'été 2010 le gel du projet après une très importante mobilisation d'une association de riverains et de mouvements d'opposition, qui dénonçaient la coupe d'une partie de la forêt de Khimki.
Mais le gouvernement russe avait finalement autorisé la construction en décembre de la même année."Cette plainte dans un tribunal français suscite de grands espoirs pour beaucoup de militants russes car nous n'arrivons pas à avoir une justice qui fonctionne de manière indépendante en Russie", a affirmé lundi Evguenia Tchirikova, leader de l'opposition au projet en Russie.