Le basalte, à la base des plafonds soft acoustiques de Rockfon, est une source géologique à ciel ouvert sans menace de pénurie et dont la quantité nécessaire pour faire de la laine de roche est faible. "Lors de la dernière éruption du volcan Fagradalsfjall en décembre dernier, le débit de lave s'élevait à 200 m3, soit l'équivalent d'une piscine olympique toutes les 12,5 secondes !", explique Kaspar Vibæk, le responsable Sustainability & Public Affairs du leader mondial danois Rockfon, en ajoutant : "Un m3 de basalte permet de fabriquer l’équivalent de huit courts de tennis en plafonds de 15 mm. Chaque année, la terre produit en surface 38 000 fois plus de basalte que ce que nous en utilisons dans le groupe Rockwool". Alors, pourquoi développer une approche circulaire, et la mettre en avant à l’occasion de la journée mondiale du recyclage ?
Le plus souvent, les dalles sont déposées sans qu'elles soient vétustes. © Rockfon
Les produits Rockfon sont labellisés Cradle to Cradle Bronze ou Silver, un label international développé par un architecte et designer américain, ainsi qu'un chimiste allemand, dans les années 2000. Leur objectif était de créer une nouvelle vision de la production comme de la consommation, où les déchets deviennent des ressources et les produits sont conçus pour être recyclés ou réutilisés. De fait, dans le monde du plafond suspendu, le leader du "wet felt" Armstrong a ouvert la danse il y a longtemps, à un moment où ce label était encore quasiment inconnu en France. La circularité est donc un sujet sur le plus petit marché du bâtiment (1 %). S’ajoute que l’exutoire des déchets est l’enfouissement et que cela coûte de plus en plus cher à la fois sur le site et pour le transport. En plus, avec la mise en place de la REP Bâtiment, Rockfon paye un éco-organisme (Valobat), qui a pour mission d’aider au développement de points de collecte pour valoriser les déchets en s'appuyant sur des solutions telle que le service Rockcycle. Enfin, au sein du groupe Rockwool, la collecte et le recyclage de solutions en laine de roche (Rockcycle) s’appuie sur une expérience de plus de dix ans à la faveur de la REP Bâtiment actuelle.
Justement, dans le sillage de Rockcycle adopté pour les solutions en laine de roche (qui intègrent également des produits concurrents faits de la même matière), le dispositif Rockcycle appliqué aux dalles de plafonds en France enregistre un doublement de volume d’une année à l’autre, avec un passage de 80 tonnes à 150 tonnes. Rockfon a mis en place son offre via l'intermédiaire des négociants vendeurs de plafonds comme Litt, SFIC, Réso, Chausson, etc. Les dalles en bon état s’empilent sur palette jusqu’à 1,80 m, le vrac de chutes de laine de roche est réacheminé en big bag. 150 tonnes, c’est environ 7 500 m2 de plafond standard 20 mm. Il y a sans doute encore de la marge, d’autant qu’il faut réacheminer les stocks par camion en Auvergne. Là, le cycle de production est le même que pour la fabrication des plafonds à partir de basalte, avec un taux de contenu recyclé variant entre 29 et 64 %. On repasse donc par la case production qui a un impact, même si Rockfon a fait en France le choix de fours alimentés à l’électricité nucléaire.
L'essentiel des plafonds soft installé est en 600 x 600 mm blanc. © Rockfon
Rockfon fabrique en boucle fermée, toutes les chutes de production sont réintégrées dans le processus de fabrication et la majeure partie du contenu recyclé vient actuellement de ces chutes. À ce jour, vingt-et-un pays proposent Rockcycle chez Rockwool, avec un objectif de trente pays en 2030. Rockfon France fait partie des pilotes pour la mise en place de cette offre adaptée aux produits Rockfon.
Les ossatures de plafond alimentent depuis assez longtemps l’économie circulaire du métal. À noter que la production des ossatures Rockfon, en Belgique, est alimentée à 60 % par l’énergie solaire des 7 000 panneaux installés sur les toits. L’énergie requise pour fabriquer des ossatures métalliques à partir de feuillards n’est pas la même que pour produire de la laine de roche à partir de basalte ou de dalle de plafond recyclée.
Le bilan carbone du recyclage comparé à la production neuve n’est pas établi. Sachant que l’empreinte des dalles Rockfon posées varie de 2 à 10 kg de CO2 par m2. Pour mieux démonter les dalles, Rockfon envisage de renforcer leurs bords. Mais à l’horizon de 2030, d’autres projets sont dans les cartons, même si le volume de recyclage pourrait bien doubler d’une année sur l’autre, à l’instar du Rockcycle français pour l’isolant Rockwool. Entre Copenhague et Århus, Rockfon a testé la collecte de 2 500 m2 de dalles pour une réinstallation sur 1 500 m2 dans les bureaux de KB43.
Palette d'anciennes dalles prête pour le recyclage. © Rockfon
Sur les quantités de dalles Rockfon posées depuis quarante ans en France, la plupart sont en format 600 x 600 mm bord droit, dont beaucoup de panneaux blancs ou monochromes. Un point de collecte francilien permettrait de nettoyer et de réassortir les gammes en quantités suffisantes, tout en faisant marcher l’économie sociale et solidaire. On pourrait vendre les dalles au même prix que le neuf, sachant que le réemploi en neuf vaut zéro carbone. Une paille pour un bâtiment tertiaire, mais une paille bien visible et dont les architectes, conscients du cataclysme en cours, sont friands. Toutefois, cela remettrait en question le modèle économique de la distribution de plafonds, déjà malmené. Ou le forcerait à évoluer, à l’heure d’une grave crise du marché des bureaux. Par exemple, l’économie sociale et solidaire pourrait revendre aux distributeurs de plafonds des dalles de seconde main nettoyées et complétées. Et les ossatures de seconde main qui vont avec.
Big Bag pour des dalles déformées ou les chutes. © Rockfon
Source : batirama.com / Jonas Tophoven