Deux tiers des silicoses (cancers broncho-pulmonaires) sont diagnostiqués à la retraite. En France, 270 000 travailleurs seraient exposés régulièrement aux poussières de silices, responsables de 300 maladies professionnelles chaque année.
Bijoutier, prothésiste dentaire, tailleurs de verre ou de céramique, les poussières de silices concernent de nombreux métiers dont les tailleurs de pierre. Alors que la réglementation en matière de prévention des risques se durcit, le président de l’Union Nationale des Artisans des métiers de la pierre à la Capeb a souhaité informer ses adhérents sur les dangers liés à l’inhalation de ces poussières.
« Irritations pulmonaires, bronchites chroniques et pire, silicoses sont les principales maladies recensées, confie Julie Boissière, responsable prévention de l’IRIS-ST, le pôle santé sécurité de l’artisanat du bâtiment, créé par la Capeb en 2007. Les premiers signes apparaissent généralement après 20 ans d’exposition. Les retraités qui sont diagnostiqués n’entrent pas dans les statistiques puisque il faut être actif pour être reconnu en maladie professionnelle ».
Les poussières de silices feraient donc bien plus de victimes que celles recensées officiellement.
Alors que les valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) se réduisent à 0,05 mg/m3 pour les silices et 0,1 mg/m3 pour les poussières de quartz, la silice cristalline devrait bientôt être classée CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique) par l’Union Européenne, les professionnels du BTP sont partagés entre la préservation de la santé de leurs salariés et les contraintes qui ne manqueront pas d’être imposées.
« Attention à ne pas entrer dans un dispositif réglementaire similaire à celui en vigueur pour les poussières de bois, prévient Christian Schieber, président de l’UNA métier de la pierre. Les seuils de VLEP sont tellement bas qu’aucune entreprise artisanale ne peut les respecter, assure t-il. Pour autant, il faut limiter l’exposition des salariés exposés à un risque réel.
« Cela n’arrive pas qu’aux autres, assure Christian Schieber avant de laisser un de ses conseillers professionnels témoigner de sa propre expérience. « Je suis atteint aujourd’hui d’une silicose, reconnue en maladie professionnelle, confie François Roth. C’est une maladie encore incurable. Ma seule chance, c’est qu’elle évolue très lentement. Je n’ai pas porté de masque pendant longtemps. C’est trop bête car aujourd’hui c’est devenu un réflexe naturel. »
Ventilation naturelle de l’atelier, travail à l’humide, aspiration des poussières à la source, organisation du travail en isolant notamment les activités les plus génératrices de poussières afin de ne pas exposer tous les salariés, installation d’une cabine d’aspiration, proscrire balai et soufflette pour le nettoyage… autant de mesures qui peuvent prises préventivement. Concernant les équipements de protection individuelle, le port de lunettes et de masques (FFP3 ou demi masque avec cartouche P3) est indispensable.
Une étude sur l’impact de ces poussières dans les TPE-PME est en cours. D’ici 2015, la commission européenne rendra son avis. Les professionnels doivent d’attendre à un nouveau durcissement de la réglementation.
Source : batirama.com / Céline Jappé
Le chef d’entreprise dont les salariés sont exposés aux poussières de silices (sables, grès, quartz, granit) sont soumis à plusieurs obligations :
- -
pour complément : La prévention des risques professionnels de la silice : http://www.officiel-prevention.com/protections-individuelles/les-voies-respiratoires/detail_dossier_CHSCT.php?rub=91&ssrub=127&dossid=391