BimWorld 2024 : l'itw de Bénédicte Galibert, directrice secteur Construction (Salesforce)

L’exploitation des données numériques a fait son entrée dans de nombreuses entreprises. © Freepik

Sur BimWorld 2024, le thème de l’I.A s’est imposée comme la locomotive de la digitalisation de la construction. Batirama s'est entretenu avec Bénédicte Galibert, la directrice du secteur Construction de Salesforce.




Sur BimWorld 2024, le thème de l’intelligence artificielle s’est imposée comme la locomotive de la digitalisation de la construction. Et si la digitalisation des chantiers reste encore un sujet de développement dans de nombreuses moyennes et petites entreprises, l’exploitation des données numériques a cependant fait son entrée dans de nombreuses entreprises. Salesforce s’est imposé sur ce marché depuis plusieurs années. État des lieux et perspectives.

Pour Batirama, Bernard Reinteau s'est entretenu avec Bénédicte Galibert, la directrice du secteur Construction de chez Salesforce.

 

 

 

Bernard Reinteau : Qui est Salesforce, quel est votre métier ?

Bénédicte Galibert : Nous sommes un acteur mondial de la technologie, leader sur la relation client. Nous aidons les clients dans leur transformation digitale, nous leur proposons une suite de solutions pour les aider à croître et à améliorer leur efficacité commerciale. Dans  ce secteur, c’est cette deuxième dimension qui intéresse nos clients. BimWorld est un salon de référence dans l’industrie du bâtiment du numérique. Tous nos clients y sont présents. Et c’est la deuxième année que nous y sommes exposants.

L’intérêt de notre présence est d’annoncer nos innovations. Et l’actualité aide avec le thème de l’intelligence artificielle générative. L’IA est une vraie opportunité pour le secteur du bâtiment, peut-être plus forte que pour d’autres secteurs. Ce projet de transformation numérique rime quasi-systématiquement avec centralisation. Et dans le secteur de la construction, c’est antinomique avec la manière d’opérer : le secteur est décentralisé, le maître-mot est "autonomie des filiales" … Ce qui doit expliquer pourquoi le secteur a eu beaucoup de mal à se transformer. Je fait référence aux études de McKinsey qui indiquent que ce secteur est l’un des derniers à exploiter la digitalisation. Sans doute en raison de la décentralisation et l’autonomie.

Pour en revenir à l’IA, ce sujet pose deux questions. Quel est l’apport pour le métier ? Et comment l’exploiter tout en conservant l’autonomie des filiales. Ce qui est un point clé.

 

Sur BimWorld 2024, le thème de l’intelligence artificielle s’est imposée comme la locomotive de la digitalisation de la construction. © Bernard Reinteau

 

 

 

B.R : Quelles sont vos cibles ?

B. G : Nous couvrons tous les segments de marchés et j’accompagne plus particulièrement les majors. Il faut savoir que nous avons dédié une division au marché de la construction. Soit près d’une cinquantaine de personnes en France. Nous accompagnons des clients de toutes tailles. Il faut savoir que même lorsqu’on accompagne des majors, en réalité, au sein de certains groupes, nous intervenons dans un conglomérat de parfois plusieurs milliers de PME.

 

 

B.R : Quelles sont les principales demandes, et êtes-vous le seul intervenant auprès de ces clients ?

B. G : En raison des enjeux, ces entreprises ont besoin de différents partenaires technologiques. Nous sommes donc amenés à travailler avec eux. L’une des demandes porte sur le pilotage de la marge. Dans ce cas, nous allons nous interfacer avec un progiciel de gestion, quel qu’il soit. Autre dimension importante, les achats : nous allons communiquer avec les plateformes pour ce service…

L’intérêt de notre proposition de valeur est que, pour bénéficier de l’intelligence artificielle, le client aura besoin d’accéder à toutes les données présentes dans son entreprise, voire à l’extérieur. Pour ce faire, nous proposons l’outil Data Cloud, une plateforme qui permet de récupérer la donnée nécessaire - peu importe où elle réside dans l’entreprise - dans le back-office SAP, dans la plateforme d’achat, ou dans une plateforme de niche "métier"… Et l’entreprise peut la réutiliser pour dérouler les cas d’usage mis au point avec l’IA : du devis, tout ce qui concourt à améliorer l’information entre l’entreprise et son client. C’est ce qui fait l’intérêt de Salesforce, une plateforme intelligente qui permet de capter et exploiter toute cette donnée.

 

 

B.R : Comment s’organise ce travail ?

B. G : Les projets d’intelligence artificielle commencent toujours avec de la data. Pour cela, nous accompagnons nos clients avec des partenaires intégrateurs ; de son côté, le client constitue aussi des équipes. On commence par structurer la donnée, c’est-à-dire la récupérer, puis on ira développer des cas d’usages de l’IA avec la plateforme Salesforce, avec l’aide de nos ingénieurs. De son côté, l’entreprise de construction a aussi la possibilité de développer ses propres cas d’usages.
L’un des arguments de Salesforce est de pouvoir ainsi lancer rapidement une exploitation des données avec l’aide de l’intelligence artificielle. En deux semaines, nous sommes en mesures de déployer des pilotes immédiatement gérables par le prestataire qui intégrera la fonction. Ce que nous voulons, avant toute chose, c’est avoir des "référents métier" pour nous assurer que ce qui est mis en place correspond aux attentes.

Autre possibilité d’intervention : des entreprises se dotent d’équipes internes dédiées à ce sujet de l’exploitation des données avec l’intelligence artificielle. Dans ce cas, nous nous appuyons naturellement sur ces structures.

 

Bénédicte Galibert, directrice du secteur Construction de Salesforce. © Bernard Reinteau

 

 

 

B. R : Quelles actions commerciales développez-vous spécifiquement pour toucher le secteur de la construction ?

B. G : Nous avons mis en place une organisation forte et structurée pour ce secteur d’activités. Nous sommes aussi présents sur les événements et salons professionnels. Plus spécifiquement, nous nous assurons en permanence du succès des projets menés avec les clients, nous identifions avec les métiers les cas d’usage qui pourraient avoir de forts impacts pour eux, puis nous leur proposons des approches agiles pour continuer le partenariat.

 

 

B. R : Quels objectifs de parts de marchés avez-vous ?

B. G : Nous souhaitons capter de nouveaux clients, soit des PME, soit des filiales de grands comptes avec qui nous sommes déjà en affaire. L’intérêt est d’être très présent auprès de ces structures décentralisées. L’autre angle est celui de la proposition de valeur. Exemple : nous accompagnons un client sur un cas d’usage et nous souhaitons l’étendre avec une solution pour le processus de devis. Ce sont nos deux axes de croissance.

En termes de développement de notre entreprise, il faut savoir que le secteur de la construction est celui qui connaît la croissance la plus rapide. C’est pratiquement un doublement annuel.

 

 

B. R : Très prosaïquement, qu’apporte l’intelligence artificielle au quotidien des opérations de gestion d’une entreprise ?

B. G : C’est tout simplement la simplification de la vie des collaborateurs. Exemple : je suis technicien, je termine une intervention et je dois me rendre sur un site pour en effectuer une autre. Comment produire mon rapport de travaux sans même retirer mes gants ? La donnée est présente dans la base de donnée de l’entreprise, sinon une couche logicielle ira la récupérer dans le progiciel de gestion. Et avec l’IA générative, ce rapport se rédigera seul, généralement sur des appareils mobiles. La commande à la voix est aussi une demande fortement exprimée par les clients et nous sommes en train de la déployer, que ce soit pour un rapport d’intervention ou de réunion commerciale. Le résultat, c’est du confort pour le technicien, de la productivité pour l’entreprise. Tous les clients ont ces informations dans leurs systèmes. Le plus compliqué est l’aller les rechercher pour les utiliser en temps réel. Là est la puissance de l’IA et notre compétence.

 

 

B. R : Quels sont les autres sujets de développement ?

B. G : Trois prédominent. Le premier est l’amélioration de la marge. On sait qu’elle est généralement de l’ordre de 3 à 5 % et qu’il faut la redresser, car le secteur a des besoins de financement importants. Le deuxième sujet est l’amélioration de la productivité. Nous sommes dans une période de pénurie de main–d’œuvre, et les entreprises ont besoin de faire plus à effectif constant. Par ailleurs, en construction, la gestion du risque financier est un thème important. Parmi les centres de pertes figurent les retards, ce qui engendre des coûts. C’est une question que l’on peut adresser aux prestataires de gestion. Et le troisième est la décarbonation. On peut accompagner les clients sur le sujet des émissions en les mesurant et en définissant une trajectoire. Et nous allons un cran plus loin en disant : le secteur a un rôle à jouer dans la décarbonation de leur production. Nous aidons les clients qui développent leurs offres de décarbonation des chantiers qu’ils mènent, en construction comme lors des opérations d’entretien-maintenance

L’intégration des outils informatiques et de l’intelligence artificielle présente un important potentiel pour tenir ces objectifs de réduction des émissions de carbone.
 



Source : batirama.com / Bernard Reinteau

L'auteur de cet article

photo auteur Bernard REINTEAU
Après un parcours de formation en histoire, Bernard Reinteau s'est orienté vers le journalisme au début des années 80. Entré en presse professionnelle bâtiment fin des années 80, il a passé plus de quinze ans dans le groupe Moniteur, puis s'est orienté vers la presse spécialisée en génie climatique. Indépendant depuis 2015, il intervient sur plusieurs titres de la presse bâtiment, essentiellement sur des sujets techniques.
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