Olympiades carrelage : les secrets d’une victoire mondiale

Olympiades carrelage : les secrets d’une victoire mondiale

Basile Ageneau était allé à Leipzig pour obtenir un résultat. Il est monté sur la troisième marche du podium, derrière trois médaillés d’or. Un résultat qui ne doit rien au hasard.




 

Il l’a fait ! Le vendéen Basile Ageneau est revenu de la finale mondiale des Olympiades des Métiers Carrelage à Leipzig avec une belle médaille de bronze, au terme d’un concours très relevé. L’Équipe de France revient d’ailleurs d’Allemagne avec 8 médailles, dont 4 concernent des métiers du bâtiment, et 4 lauréats viennent de la région Pays de la Loire. Il y a donc un vrai savoir-faire du côté de l’Atlantique.

 

©Schlüter Systems

 

La récompense du jeune vendéen est le résultat d’une véritable stratégie, mise en place par M. Perron et son équipe du CFA de La Roche-sur-Yon (85), dès le lendemain de la victoire à Clermont-Ferrand (63).

 

Tous les partenaires mobilisés

 

La solidité psychologique exceptionnelle dont Basile Ageneau fait preuve en finale nationale démontre qu’un coup peut être fait à Leipzig. Une équipe dédiée est mise en place au CFA de La Roche-sur-Yon pour lui donner tous les moyens de réussir.

 

Un rétro planning général est établi afin d’optimiser les temps d’entraînement et de préparation. Il intègre les semaines prévues au lycée professionnel de Cernay (68), avec l’expert Pascal Del Toso et son adjoint et ancien médaillé international, Grégory Thor.

 

Ce planning permet en outre de mesurer le nombre de jours Basile Ageneau ne sera pas chez son employeur, Christophe Caron, carreleur à La Boupère (85) : une ligne budgétaire est chiffrée pour intégrer le coût d’un remplaçant. Parallèlement, l’établissement vendéen de formation détermine le nombre de jours Thierry Robin, formateur carrelage, se mobilisera auprès de Basile Ageneau pour parfaire son entraînement : une autre ligne budgétaire est définie pour absorber les frais de remplacement.

 

Villeroy & Boch et Ardex, partenaires de la finale de Leipzig, fournissent la matière d’œuvre du concours. Pour augmenter les chances de succès du candidat français, une ligne budgétaire prévoit l’achat de carrelages et de produits de mise en œuvre identiques à ceux du concours.

 

Les carreaux sont financés par l’UNECB-FFB, sur proposition de Pascal Del Toso. Les sacs de colle et de joints sont donnés gratuitement par le négociant Mosaïc, basé à Mouilleron-le-Captif (85). Sollicité par le CFA de la Roche-sur-Yon, Schlüter-Systems finance un tiers du budget total.

 

Syndicat professionnel, négoce, industriel, carreleur employeur, experts et CFA ont donc conjugué leurs efforts au service d’une stratégie qui s’est avérée payante.

 

Un entraînement sans concession

 

Dès qu’il en a communication, Pascal Del Toso transmet les plans officiels de l’épreuve à Thierry Robin et Basile Ageneau, afin d’organiser une préparation rien ne sera laissé au hasard. Comme le prévoit le règlement de WorldSkills International, l’épreuve décrite dans les plans subit certaines modifications, que les concurrents ne découvrent qu’au moment même du concours.

 

Les deux parties verticales et le sol sont analysés avec minutie. Les difficultés techniques sont déterminées et font l’objet de séances de travail dédiées. Chaque phase est décomposée et chronométrée, afin d’optimiser la méthode et l’organisation du travail à effectuer jour après jour, car tout s’imbrique. Cette approche permet de prévoir précisément à quelle heure, Basile Ageneau doit, le deuxième jour, commencer les découpes de la carte d’Allemagne stylisée, qui doit être terminée le troisième jour.

 

En effet, la fatigue pourrait affecter la précision des coupes si elles étaient réalisées en fin d’après-midi. Jointoiement et nettoyage de la Porte de Brandebourg stylisée seront donc le point d’orgue des deux premiers jours.

 

©Schlüter Systems

 

Même chose pour les découpes du sol à effectuer dès le troisième jour, d’autant que Basile Ageneau fait le choix de poser son sol sur chape fraîche.

 

La stratégie de réalisation de la Porte de Brandebourg est capitale, car elle conditionne le déroulement de la suite : la pose du fond de mur carrelé avec ses deux piliers centraux; la construction du soubassement du monument; la découpe et le positionnement des colonnes et du fronton; les pièces en forme de sabot inversé pour les deux côtés, aux extrémités du fronton; l’ordre de pose des revêtements carrelés des différentes parties. Le timing de chaque phase est approché au plus juste.

 

En parallèle, Basile Ageneau parfait son entraînement physique et mental, grâce au concours actif du professeur d’EPS du CFA. Le premier semestre 2013 s’égrène à toute vitesse et, bientôt, le départ se profile à l’horizon après la vérification consciencieuse du contenu de la caisse à outils, chaque ustensile se tient prêt.


Photos d’ouverture : Schlüter Systems




 

Un sujet en trois temps

 

Après la chaude ambiance de la cérémonie d’ouverture, les 24 carreleurs du concours ont hâte d’en découdre. Les deux premiers jours sont consacrés à la réalisation complète de la Porte de Brandebourg. Un fond de 9 carreaux de haut sur 10 carreaux de large, situé en partie haute, comprend un soleil rond et deux colonnes en trompe-l’oeil d’une hauteur de 4 carreaux. Les 8 carreaux de chaque colonne sont à placer de part et d’autre du 4e joint vertical (colonne gauche) et du 6e joint vertical (colonne droite).

 

©Schlüter Systems

  1. Construction du fronton par le co-médaillé d’or autrichien

 

Le soubassement est à construire à partir de blocs de béton cellulaire. À droite et à gauche, les deux carrés de 3 carreaux de côté et leur retour horizontal sont à revêtir d’un carreau vert d’eau. Le centre est noir et rectiligne sur sa partie droite. À gauche, une diagonale part de l’extrémité gauche du soubassement noir pour rejoindre l’angle gauche du 4e carreau vertical.

 

©Schlüter Systems

  1. Pose d’un carreau sous le fronton

 

Le fronton est formé d’une première horizontale de 8 carreaux entiers. À chaque extrémité, la ligne s’achève avec un carreau coupé aux mêmes dimensions que les carreaux des colonnes situées au-dessous. La partie verticale haute du fronton est symétrique. Chaque moitié comprend un carreau entier au centre, une coupe en L, deux carreaux coupés comme ceux des colonnes et une pièce en sabot inversé.

 

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  1. La précision suisse d’un co-médaillé d’or concentré

 

Le fronton est enfin recouvert avec 16 pièces à coller horizontalement, verticalement et en diagonale.
Les joints verticaux 1 - 4 - 6 - 9 du fronton sont parfaitement filants avec les joints verticaux des colonnes recouvertes de 8 carreaux coupés. Les joints verticaux 2 - 8 du fronton filent le long de deux colonnes recouvertes de carreaux entiers. Les joints verticaux 3 - 5 - 7 du fronton filent sur le fond de carreaux bleus.

 

©Schlüter Systems

  1. Mise en place d’une pièce d’angle en biseau sur le fronton

 

Pour pouvoir aborder l’autre tableau vertical dans de bonnes conditions, les concurrents se doivent de réaliser, dès le deuxième jour, tout ou partie des coupes de l’Allemagne stylisée. Autant dire que les deux premiers jours sont harassants.

 

©Schlüter Systems

  1. Un jeu de mains précis



Frontières et rivages

 

Positionnée au milieu des 120 carreaux de ce deuxième tableau vertical, la carte de l’Allemagne comprend 3 bandes horizontales de 4 carreaux noirs, rouges et jaunes. Elle est entourée en vert de ses frontières, et bordée en bleu des mers Baltique et du Nord. Ses frontières sud et est comportent une bande filante de carreaux à découper selon la même largeur.

 

Cet ourlet noir assure à l’ensemble une perspective dynamique. Les jonctions entre l’Allemagne et ses frontières donnent lieu à la réalisation de coupes de taille modeste, qui exigent une belle dose de minutie. Même stylisés, les rivages demandent un vrai travail de ciseleur. Enfin, un rond noir, désaxé, sur la deuxième bande de carreaux rouges, matérialise la ville Leipzig.

 

Ceux qui n’ont pas pu avancer leurs coupes la veille se retrouvent sous l’éteignoir, d’autant qu’il faut garder du temps pour celles du sol à réaliser en une grosse demi-journée, le lendemain.

 

Basile Ageneau, conformément à sa stratégie initiale, fait l’intégralité de sa chape le quatrième jour, après avoir terminé ses dernières coupes. Les chiffres orange 2013 sont à poser au sein d’un ensemble de carreaux noirs, qui rejoignent au centre ceux du soubassement.

 

En haut, à droite comme à gauche, deux petites surfaces carrelées arrondies se fondent avec le support de la Porte de Brandebourg. Jointoiement précis et nettoyage soigneux émaillent les dernières minutes de la compétition. Les supporters français, portant le sweat-shirt à l’effigie de leur champion, sont massés face au box de Basile. Quand le gong final retentit, c’est l’explosion de joie pour célébrer un jeune candidat français hébété?!

 

À l’énoncé des résultats, lors de la cérémonie de clôture, la joie fait place au bonheur et la nuit à Leipzig n’en finit plus. Les carreleurs allemand, autrichien et suisse se partagent la première place du podium. Tous ceux qui auront partagé le projet de notre médaillé de bronze et de son équipe peuvent légitimement se dire que sa médaille est quelque part un peu la leur.

 

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  1. Le candidat sud-coréen et son compas

 

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  1. Assemblage d’une courbe

 

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  1. Des lignes côtières stylisées mais ciselées

 

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  1. Basile Ageneau et son Allemagne



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  1. Un profilé en forme de T est utilisé pour obtenir des linéaires

 

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  1. Un coup d’oeil latéral pour vérifier cette ligne posée avec un fil de pêche

 

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  1. Concentration, précision, maîtrise...

 

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  1. Mise en place d’un demi-carreau en partie basse par le co-médaillé d’or allemand



 

 

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  1. Vérification de l’espace entre le sol et le bas de la carte d’Allemagne...

 

©Schlüter Systems

  1. … avant d’y glisser les carreaux

 

©Schlüter Systems

  1. Basile Ageneau vérifie la régularité de ses joints

 

Le podium

 

L’Europe germanique jouait dans son jardin et elle s’y était préparée, comme les résultats le montrent. La présence du médaillé d’or allemand EuroSkills 2012 à Spa Francorchamps et le nouveau trophée obtenu par les candidats suisse et autrichien confirment l’existence de vrais savoir-faire. La place de Basile Ageneau est d’autant plus remarquable, avec le concours d’acteurs multiples et unis autour d’un projet fédérateur. La recette est désormais connue : il n’y a plus qu’à la pérenniser. Rendez-vous donc dès 2014 pour les nouvelles sélections régionales avec Strasbourg et Sao Paulo en ligne de mire l’année suivante.

  • Médaille d’or : Björn Bohmfalk - Allemagne
  • Médaille d’or : Thomas Liebenauer - Autriche
  • Médaille d’or : Thomas Fabian Siegenthaler - Suisse
  • Médaille de bronze : Basile Ageneau - France

 

 

Source : batirama.com / Photos Schlüter Systems

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