« Il faut avant tout saluer la volonté de l’organisation professionnelle d’aller à la recherche d’informations précises sur un sujet sensible… ». Entouré de Jean-Jacques Châtelain, administrateur de la Capeb et « chef de file » des questions de santé-sécurité, Stéphane Pimbert, directeur général de l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) a présenté les résultats de l’étude sur l’exposition à l’amiante des plombiers-chauffagistes.
Principal enseignement : 40% des chefs d’entreprises et salariés exposés pensaient ne jamais avoir été en contact avec des fibres d’amiante ! « Nous avons volontairement ciblé les plombiers car c’est le métier le plus à risque, confie Céline Eypert-Blaison, chargée de l’étude à l’INRS.
En 2010, 414 maladies professionnelles ont été déclarées chez les plombiers-tuyauteurs dont 85% étaient liées à l’amiante. Or, nous avons très peu de données concernant leur exposition aux fibres alors que notre objectif est de mieux protéger ceux qui travaillent. »
L’étude a démarré en 2011 et il a fallu un an et demi de travail en laboratoire pour mettre en place le protocole. Quatre vingt dix sept volontaires, issus de TPE dont plusieurs artisans travaillant seul (sous-section 4), ont accepté de participer à deux campagnes de prélèvement, en janvier et juin 2012.
Tous ont été équipés d’un badge collectant les fibres par attraction électrostatique de façon autonome. Les plombiers devaient juste l’ouvrir pendant leur travail (soudage, perçage, nettoyage-finition de joints tresse et plâtre). Au total, 63 badges ont été analysés et 22 soit 35% ont mis en évidence la présence d’amiante.
Lorsque des fibres ont été détectées sur des badges, 41% des opérateurs ont indiqué n’avoir jamais été en présence de matériaux contenant de l’amiante (MCA) lors d’une intervention et près de 2/3 des volontaires concernés n’ont jamais mis en œuvre de moyens de prévention alors que 14% assurent en avoir pris systématiquement.
Ces volontaires étaient en majorité des chefs d’entreprise avec une expérience de plus de 10 ans et jugeant leur niveau de connaissance des MCA d’assez bon (33%) à médiocre (37%). Il en découle que l’exposition à cette substance dangereuse invisible à l’œil nu est encore trop peu présente à l’esprit des professionnels concernés qui sous estiment donc le risque.
A la lumière de ces résultats, l’INRS, la Capeb et l’IRIS-ST ont décidé de s’engager fortement pour la sensibilisation et l’information des entreprises artisanales de plomberie-chauffage en mettant en place des actions ciblées.
La Capeb va organiser des réunions avec ses adhérents via son réseau départemental et diffuser un kit amiante qui regroupera une synthèse de l’étude, le mémo santé édité par IRIS-ST et disponible sur le site www.iris-st.org ainsi que la fiche métier amiante spécifique aux plombiers-chauffagistes de l’INRS.
Crédit photo ©Serge Morillon, INRS