"Un élément de motorisation d'un chariot conçu pour porter des charges de 320 tonnes est tombé hier lors d'essais" dans le bâtiment réacteur, a indiqué le directeur du chantier Antoine Ménager.
L'ingénieur EDF qui s'exprimait lors d'une commission locale d'information (CLI) rassemblant EDF, scientifiques, élus locaux et associations ecologistes, à Les Pieux, près de Flamanville, a précisé que ce chariot était destiné à soulever le couvercle de la cuve du réacteur, au moment des chargements et déchargements des combustibles par exemple.
La pièce est tombée "un peu au delà de la zone qu'on imaginait", a précisé M. Ménager. L'incident n'a pas fait de blessés et ne remet pas en cause le planning global du chantier, selon EDF, son maître d'oeuvre.
La mise en service du réacteur est toujours prévue pour 2016, soit toujours avec quatre ans de retard par rapport au calendrier initial. Près de 3.000 personnes travaillent sur ce chantier.
"Je suis très surpris que ça ne se soit pas produit" lors des tests qui ont dû être effectués dans l'usine où le chariot a été fabriqué, a indiqué Jean-Paul Martin, président de l'association AEPN (association des écologistes pour le nucléaire) et ancien directeur adjoint de l'usine Areva de Beaumont-Hague (Manche), pendant la CLI.
Cet épisode lui fait penser à un autre intervenu lors la construction de Superphénix (à Creys-Malville, Isère), la centrale qui a été fermée en 1997 en raison de de son coût excessif, a-t-il ajouté.
D'une façon générale, le directeur du chantier a admis avoir constaté récemment des "signes de relâchement" sur le plan de la sécurité des ouvriers sur le chantier - où deux salariés sont morts en 2011 - après une phase d'amélioration.
Bouygues, chargé du génie civil sur le chantier, doit comparaître en correctionnelle en novembre à Cherbourg pour homicides involontaires, pour ces deux décès, mais pas EDF. EDF est aussi revenu sur la vanne montée à l'envers en juillet sur un circuit de sécurité du réacteur nucléaire, incident révélé début septembre.
"La réparation de vanne va être lancée très prochainement. Les trois vannes similaires sont montées et validées", a indiqué M. Ménager. Le directeur de l'antenne de Caen de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Simon Huffeteau, a indiqué que le gendarme du nucléaire avait donné courant septembre son feu vert à la reprise de l'ensemble des opérations de montage du circuit dont il avait demandé la suspension.
Quatre réacteurs EPR sont en construction dans le monde, un dans la Manche, un en Finlande et deux à Taïshan en Chine. Il n'en existe aucun en fonctionnement.