Bioressources marines : quelles applications dans le BTP ?

Bioressources marines : quelles applications dans le BTP ?

Micro ou macroalgues, carapaces de crustacés, coquilles… les bioressources marines s'imiscent dans le monde du bâtiment. Ces produits naturels affichent des résultats convaincants.




La table-ronde sur la « ville durable et les bioressources marines », organisée fin octobre à Nantes par Atlanpole Blue Cluster et le Pôle Mer Bretagne, a permis à six experts d’exposer les avancées à prévoir dans le monde du bâtiment. Ces chercheurs ou chefs d’entreprise font tous le même constat : les ressources marines n’en sont qu’à leurs débuts, mais montrent déjà des résultats concluants.

 

En matière d’énergie, tout d’abord, avec les microalgues produites et cultivées avant d’être ensuite commercialisées. « Ce système végétal utilise plusieurs sources de la vie humaine », explique Olivier Lépine, Directeur des Opérations chez AlgoSources Technologies qui étudie la production et la valorisation de ces bioressources marines. L’eau utilisée, la chaleur et le gaz émis par une usine servent alors directement la culture de ces microalgues.

 

Comme sur les biofaçades, des serres verticales qui visent à diminuer la consommation énergétique du bâtiment qui les accueille. Séché Environnement expérimente actuellement un tel projet appelé « SymBio2 » à l’université de Nantes de Saint-Nazaire et sur l’une de ses usines. Les biofaçades produisent donc de l’énergie (chauffage et climatisation) et permettent de limiter les autres ressources nécessaires.

 

Pavés et peintures

 

Les matières ne sont pas en reste avec notamment, les recherches menées par le Laboratoire de Recherche sur les Matériaux et la Construction sur le recyclage de coquilles Saint-Jacques. Concassées, mêlées au béton, ces coquilles deviennent des « éco-pavés », comme les nomme Mohamed Boutouil (photo), directeur de la recherche au cœur de la structure caennaise.

 

Véritable innovation en France malgré des pistes déjà étudiées aux Etats-Unis et en Belgique, ce pavé se destine aux allées de particuliers, aux espaces piétons. «  le trafic routier est faible », souligne l’expert. Les coquilles présentent des capacités drainantes intéressantes pour l’écoulement de l’eau en ville.

 

Tout comme les carapaces de crustacés qui « permettent de créer des matériaux compacts moins sensibles à l’eau que des matériaux contenant du végétal », explique Benjamin Saulnier, Dr Chimie Matériaux au Laboratoire d’Ingénierie des MATériaux de Bretagne. Tout en étant totalement recompostables et biodégradables.

 

Autre produit issu des bioressources marines, la peinture grâce à l’entreprise rennaise, Félor. « Félor utilise des algues bretonnes, une matière première locale, pour obtenir une résine naturelle biosourcée à 98%. La gamme Algo offre les mêmes garanties et tenues que le marché traditionnel. Et un confort d’application, un rendement et une durabilité identiques », détaille son PDG, Lionel Bouillon qui tente de séduire promoteurs et maîtres d’ouvrages pour ensuite faire partie de projets pilotes.

 

Car voilà le bât blesse. Les experts l’affirment : les technologies autour des bioressources marines avancent, des produits les valorisant existent. Mais il faut encore convaincre. Les potentiels à explorer sont nombreux comme l’affirme Olivier Lépine d’AlgoSources Technologies : « Notre savoir-faire permet de produire, d’ores et déjà, ces microalgues, mais toutes les questions les concernant ne sont pas solutionnées. Notamment leur coût qui doit devenir acceptable. »

 

Plus chères, ces solutions issues de la mer réclament un investissement à l’achat, mais montrent de réelles économies sur la longueur. Heureusement, la ville durable s’inscrit progressivement dans l’esprit des collectivités locales, de l’Etat. « Beaucoup d’entreprises voulaient placer la solution drainante qu’est l’éco-pavé dans leurs appels d’offres.

 

L’engouement a été réel et la mise en place dans la région Basse-Normandie est en phase de réflexion », observe Mohamed Boutouil du Laboratoire de Recherche sur les Matériaux et la Construction. Reste à franchir le pas pour une ville ayant « peu d’impact sur l’environnement », selon Hervé Andrieu de l’Institut de Recherche Sciences et Techniques de la Ville.

 

ouest-france)
 

 


Source : batirama.com / Julien Trubert

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