Discours de politique générale : François Bayrou ne fait pas l'unanimité

François Bayrou fait son discours de politique générale. © Thomas Samson / AFP

François Bayrou a estimé que la France avait "besoin d'une politique de logement repensée et de grande ampleur", prônant des simplifications pour la construction et un soutien à l'investissement... et puis rien d'autre !




Lors de son "Grand Oral", ce mardi 14 janvier 2025, le Premier ministre François Bayrou n'a pas enthousiasmé la foule, faisant même de l'auto-ironie en se déclarant "néophyte". Concernant le logement, il a estimé que la France avait "besoin d'une politique de logement repensée et de grande ampleur", prônant des simplifications pour la construction et un soutien à l'investissement mais sans prendre de décisions concrètes. Et c'est exactement ce qu'on lui reproche.

 

 

 

"Si l'on ne peut pas se loger, on ne peut pas se faire reconnaître" (dixit François Bayrou)

"Si l'on ne peut pas se loger, on ne peut pas se faire reconnaître", a déclaré le chef du gouvernement lors de sa déclaration de politique générale.

François Bayrou a salué "les efforts menés par les précédents gouvernements pour lever les contraintes en matière de construction de logements" et jugé possible d'aller "plus loin encore en réduisant les délais, en allégeant les demandes d'autorisation, en favorisant la densification, et en facilitant les changements d'usage". "Cela suppose de relancer l'investissement locatif et l'accession à la propriété, et de soutenir les élus bâtisseurs par un système d'encouragement à l'investissement, y compris à l'investissement privé", a-t-il ajouté.

Toutefois, hormis pour le logement des étudiants, il n'a précisé aucune mesure.

 

Dans son discours, ici résumé, le Premier ministre François Bayrou n'a annoncé aucune mesure.

 

 

 

Des paroles mais pas d'action(s)

Dans un communiqué Emmanuelle Cosse, la présidente de l'USH (Union Sociale pour l'Habitat), qui représente les bailleurs sociaux, a déploré que le Premier ministre s'en tienne "à des propos très vagues sur la politique du logement". Elle espère que ces "généralités ne sont pas le signe d'une méconnaissance de l'ampleur de la crise du logement dont nos concitoyens modestes sont les premières victimes" et appelle à des engagements concrets dès le projet de loi de finances.

Pour Pascal Boulanger, le président de la FPI (Fédération des Promoteurs Immobiliers), la "feuille de route" présentée par François Bayrou "correspond point par point à l'ensemble des propositions portées par la FPI depuis 2022". Selon lui, après deux ans de grave crise de l'immobilier neuf, "il est urgent d'agir !".

La France connaît actuellement une crise du logement profonde, qui touche tous les pans du secteur :

– le parc de logements sociaux est saturé : un nombre record de familles (2,7 millions) sont en attente d'un logement social, au moment même où la production de logements sociaux peine à renouer avec les niveaux élevés qu’elle a connu il y a dix ans ;

– L'offre locative s'est réduite ;

– La pénurie de logements fait grimper les prix, en particulier dans les zones tendues ;

– Les taux d'intérêt élevés ont freiné, voire bloqué, les projets d'achat immobilier des ménages ;

– Et la construction neuve souffre, en plus, de la hausse des coûts de construction.

 

Alors que se loger constitue déjà le premier poste de dépenses des ménages français, le Premier ministre a seulement mentionné les difficultés des étudiants précaires à se loger et annoncé lancer "la construction de 15 000 logements par an pendant trois ans, en mobilisant le foncier disponible de l'État". Il a estimé que la "carte universitaire et le réseau des universités" étaient une "grande question sociale" en plus d'un sujet "académique".

Et pour le reste ? "Rien sur le logement social, rien sur le gel et l'encadrement des loyers, rien sur le permis de louer, rien sur la rénovation énergétique", mais un "cap mis sur la poursuite de l'austérité et des politiques anti-pauvres", a résumé la CNL (Confédération Nationale pour le Logement) dans un communiqué.

 

 

 

 

La CAPEB relève de bonnes intentions qui restent à préciser comme à concrétiser

La CAPEB entrevoit dans les propos du Premier ministre des signaux qui lui laissent penser que François Bayrou a entendu l’appel des artisans du bâtiment à un retour à la stabilité politique et à l’urgence d’agir pour le logement.

De fait, la CAPEB soutient la nécessité exprimée par le Premier ministre de retrouver de la stabilité et d’adopter rapidement un budget, enjeux sur lesquels la CAPEB s’est particulièrement mobilisée dans le cadre notamment de son action "Nous prenons nos responsabilités, et vous ?", tant les difficultés des entreprises artisanales du bâtiment étaient amplifiées par ce climat d’immobilisme. Dans le même élan, le poids et la complexité des charges administratives qui pèsent sur les entreprises artisanales sont tels que la CAPEB se félicite que les TPE soient entendues par le Premier ministre.

Enfin, au "regard du rôle décisif que les artisans du bâtiment ont à jouer dans la relève du défi de la rénovation énergétique et de sa massification, nous comptons sur le Premier ministre pour qu’il leur donne les moyens de le faire, en s’assurant de l’entrée en vigueur des mesures qu’ils ont demandées, et qui ont fait l'objet d'arbitrages favorables en amont de la dissolution et qui n’attendent plus qu’une traduction législative ou réglementaire." précise le communiqué de la CAPEB.

 

"Répondre aux attentes des entreprises artisanales du bâtiment, qui enregistrent depuis six trimestres un recul d’activité, c’est soutenir l’esprit d’entreprise. Ce sont bien des entreprises françaises qui, certes, ne sont pas multinationales, mais agissent au quotidien pour l’intérêt général dans les territoires. [...]. Au regard de l’importance que le Premier ministre donne aux territoires dans sa déclaration, il doit leur faciliter la tâche comme il affirme vouloir le faire pour les entreprises que l’on dit multinationales", a déclaré Jean-Christophe Repon, le président de la CAPEB, ici en photo. © CAPEB




Source : batirama.com / AFP / Laure Pophillat

L'auteur de cet article

photo auteur Laure Pophillat
Laure Pophillat est rédactrice web polyvalente depuis plusieurs années. Curieuse, éclectique et investigatrice, tous les thèmes pertinents (et donc passionnants) l’intéressent ! Pour Bâtirama, elle rédige avec bonheur sur un large spectre de sujets couvrant l’entièreté de la filière BTP (actualités, conjoncture, réformes, innovations, etc.). Elle apprécie notamment réaliser des portraits de femmes et d’hommes engagés, inspirés et inspirants, dans un environnement, celui du BTP, toujours en mouvement.
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