Les engagements pris par la France afin de répondre à l’urgence de la transition énergétique placent les enjeux de sobriété énergétique et de massification des énergies renouvelables au centre des politiques publiques. De fait, d’ici à 2030, les objectifs sont de :
– réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % ;
– atteindre 33 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie (contre 15 % actuellement) ;
– accroître la part d’EnR par usage.
De fait, cela implique les différentes filières de la décarbonation : solaire photovoltaïque, éolien terrestre et offshore, géothermie, hydrogène vert et bioénergies (biomasse, biogaz, bois-énergie) ; qui toutes ont été représentées au Forum EnerGaïa. Les principaux usages de ces EnR comprennent des applications dans les secteurs industriels, résidentiels, du bâtiment, du transport et de la mobilité, ainsi que de l’agriculture.
Sur l'année 2024, cette production renouvelable "a atteint un record de 148 TWh, soit 27,6 % de la production totale", a souligné le gestionnaire de réseau RTE.
Principal producteur de biogaz (également appelé "gaz vert") en Europe avec une capacité de 10,5 TWh en 2023, la France s’est fixée pour objectif de multiplier par cinq la production de cette énergie renouvelable issue de la biomasse d'ici 2030. © macrovector / Freepik
Le "gaz vert" est une solution qui, d’une part, permet d’augmenter la part d’EnR dans le réseau gazier, et d’autre part accélère le déploiement des biocarburants ou de la production d’électricité verte.
L’entrée en vigueur fin 2023 du tri des biodéchets par les particuliers et de l’obligation pour les collectivités de proposer des solutions de gestion et de valorisation ouvre par ailleurs de réelles perspectives pour le développement de cette filière en France.
Plus de 85 % du territoire national présente un potentiel pour la géothermie de surface ou profonde, qui est une énergie propre, locale, stable et fiable. Insuffisamment exploitée en France, la géothermie s’avère pourtant être un réel atout pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, particulièrement dans les environnements urbains.
En février 2023, le gouvernement présentait un plan d’accélération de la géothermie visant à augmenter de 40 % les installations de géothermie profonde d’ici à 2030, et ce à travers six enjeux clés :
– structurer la filière,
– Développer l’offre de formation ;
– Accompagner porteurs de projets et usagers ;
– Sensibiliser les acteurs locaux ;
– Simplifier la règlementation ;
– Et, enfin, améliorer la connaissance du sous-sol.
Elle aussi est encore sous-exploitée en France, car méconnue : rien d'étonnant, dans ces conditions, qu'elle ne pèse qu’1 % de la production totale de chaleur renouvelable en France, soit 1,3 TWh.
Pourtant, elle constitue une source d’énergie renouvelable locale, disponible partout, performante qui peut fournir une part conséquente des besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire du territoire, notamment pour les bâtiments collectifs, tertiaires et l’industrie. La France s’est fixée comme objectif de multiplier par huit d’ici à 2035 la production de chaleur solaire.
Totalisant 10,3 % de la production d’électricité en 2023, l’éolien terrestre et en mer constitue la deuxième filière renouvelable dans le mix français. Si le terrestre, avec une puissance totale de près de 21 GW, est à ce jour le plus répandu en France, les pouvoirs publics misent sur la massification de parcs offshore, proposant une capacité de
production supérieure et un impact paysager réduit.
Toutefois, il ne faut pas oublier les défis majeurs à relever pour cette filière, dont la planification maritime, les investissements dans les ports, la concurrence asiatique, ainsi que la hausse des matières premières et des taux d’intérêt.
La filière offshore se trouve aujourd’hui à un tournant : atteindre une capacité de 18 GW en 2035 et 40 GW en 2050 avec 50 parcs en service en France. © Freepik
Au sortir de la crise sanitaire, le gouvernement a porté le développement de l’hydrogène vert comme une priorité dans le cadre de ses plans France Relance et France 2030, de faire de la France un leader européen de la filière. Le développement de l’hydrogène vert ouvre également des réelles perspectives pour décarboner les transports au sens large ainsi que les mobilités du quotidien. Deux enjeux majeurs émergent : la construction d’écosystèmes complets de recherche, de production et de distribution d’hydrogène décarboné au cœur des territoires et le déploiement de partenariats public-privé.
Si le déploiement de l’énergie solaire s’est nettement accéléré en 2023, bénéficiant de la baisse des prix des panneaux photovoltaïques, elle représente 4,4 % de la production totale d’électricité en France. Le gouvernement souhaite multiplier par cinq la capacité de production d’énergie solaire à horizon 2050, avec 40 % d’installations photovoltaïques made in France.
À l’heure où la filière subit de plein fouet la concurrence asiatique, réindustrialiser le solaire en Europe constitue un réel défi.
Selon le gestionnaire de réseau RTE, La France produit toujours plus d'électricité décarbonée : de fait, elle a retrouvé en 2024 une production électrique proche de ses niveaux d'avant-Covid, grâce au "redressement rapide" du nucléaire et à une production renouvelable "record".
Le pays a ainsi pu franchir pour la première fois le seuil de 95 % d'électricité produite d'origine bas carbone. "Avec 536,5 TWh, [la] production d'électricité [de la France] atteint son plus haut niveau depuis 5 ans. Elle retrouve ainsi un niveau identique à celui de 2019, conforme à la moyenne 2014-2019 (537,5 TWh)", a détaillé le gestionnaire du réseau de haute tension.
Cette progression de 8,45 % par rapport à 2023 découle de plusieurs facteurs :
– "le redressement rapide" du nucléaire (361,7 TWh), après un niveau en 2022 au plus bas depuis 30 ans (279 TWh), en raison des problèmes de corrosion dans le parc nucléaire, et une reprise progressive en 2023 ;
– Une "production hydraulique exceptionnelle", au plus haut depuis 2013 (74,7 TWh) ;
– Et "la croissance soutenue de la production des filières éolienne et solaire (70 TWh en 2024, contre 46 TWh en 2019)".
Le nucléaire demeure la première source de production électrique, pour une part de 67,41 %, loin devant les renouvelables (éolien, solaire, barrages, biomasse). Toutefois, cette production renouvelable "a atteint un record de 148 TWh, soit 27,6 % de la production totale", a souligné RTE, dont un tiers environ provenait de l'éolien (46,6 TWh).
Selon RTE, la production en centrales fossiles (gaz, charbon, fioul) a connu, en 2024, "son niveau le plus faible depuis le début des années 1950 (19,9 TWh)", représentant "pour la première fois", un niveau cumulé inférieur à la production solaire (23,3 TWh).
Peu sollicitées, les centrales à gaz ont produit 17,4 TWh en 2024 contre 29,2 TWh en 2023, et "la production des centrales à charbon (0,7 TWh) et au fioul (1,8 TWh) est restée faible".
Les énergies renouvelables et les bâtiments
Les engagements pris par la France afin de répondre à l’urgence de la transition énergétique placent les enjeux de sobriété énergétique et de massification des EnR au centre des politiques publiques.