Musée Fondation Louis Vuitton (2) : secrets d’un projet hors norme

Musée Fondation Louis Vuitton (2) : secrets d’un projet hors norme

Le chantier du musée de la Fondation Louis Vuitton a nécessité quatre millions d'heures de travail. Selon Manuel Estèves, ce projet a été davantage construit en atelier que sur site.




Au plus fort de la construction, 850 compagnons ont travaillé en atelier, 800 sur site, 120 personnes ont assuré l'encadrement et la coordination. Les verres courbés des 12 voiles ont été fabriqués dans un four de grandes dimensions, acheté en Chine et installé en Italie.

 

Un an avant d'être montée sur le bâtiment, la charpente métallique a été fabriquée en Espagne et les coques métalliques des parois en Belgique. Les poutres en bois lamellé-collé viennent d'Autriche et d'Allemagne. Les façades aveugles du bâtiment sont revêtues en Ductal de Lafarge, fabriquées par Bonna Sabla.

 

Pour cela, Vinci Construction a financé l'équipement d'une usine à Conflans-Saint-Honorine et l'achat de 200 moules pour fabriquer 100 plaques en Ductal par jour. A partir du dessin des façades par Gehry & Partners, 12 personnes chez Vinci Construction ont traduit ces surfaces en éléments primaires que l'on a fabriqué en atelier.

 

19.000 plaques de béton

 

 

  1. Les façades opaques sont revêtues de 19 000 plaques de Ductal fabriquées par Bonna Sabla. Doc. PP

 

Résultat : 19 000 plaques en 1,5 x 0,4 m et 25 mm d'épaisseur, toutes légèrement différentes. En commun avec Bonna Sabla, tout un nouveau mode de fabrication a été imaginé. Les moules sont tout d'abord placés à l'horizontale. Des machines à commande numérique versent au gramme près la quantité de Ductal nécessaire.

 

Puis le moule est emballé dans une bâche parfaitement étanche dans laquelle des compresseurs font le vide. Le moule bâché est redressé et posé sur une surface de polystyrène usinée à la fraiseuse pour obtenir exactement la sérigraphie de surface souhaitée.

 

Un séchage de 12 heures a suivi ces opérations. Etant donné le niveau d'exigence des architectes et du Maître d'Ouvrage, ces plaques ont fait ensuite l'objet d'une vérification esthétique particulièrement approfondie.




Un pavillon test sur le chantier

 

Vinci a en effet construit sur le chantier, un pavillon-test permettant d'installer une petite surface de chacun des éléments clefs de la façade – voiles, dalles en Ductal, etc. – pour vérifier leur comportement et leur apparence en vraie grandeur.

 

Ce pavillon a rapidement montré que des plaques de Ductal imparfaites créaient des projections d'ombres sous la lumière rasante des couchés de soleil, par exemple. Ce que les architectes ont considéré comme inacceptable.

 

Toute une procédure a donc été mise en place pour vérifier les plaques : mesure au laser de chaque plaque finie pour vérifier qu'elle corresponde exactement aux plans de calepinage et que ses dimensions sont conformes aux tolérances de quelques millimètres fixées par l'entreprise.

 

Vérification visuelle des plaques dans une chambre sombre

 

 

  1. Un pavillon-test, construit au tout début du chantier, démonté ensuite, a permis de vérifier le comportement des composants principaux des façades en grandeur réelle. Doc. PP

 

Ensuite, une chambre sombre a été construite dans l'usine Bonna Sabla de Conflans Saint-Honorine. Chaque plaque est  soumise dans cette chambre à une vérification visuelle à l'aide de projecteurs de lumière noire faisant immédiatement ressortir les défauts.

 

Toutes ses manipulations ont été effectuées par des personnels en gants blancs, de manière à ne pas tâcher les plaques. Les plaques ont ensuite été transportées vers le chantier par camion avec un luxe de précautions. Sur place, d'autres compagnons en gants blancs ont installé chaque plaque à son emplacement déterminé sur plan.

 

 


Source : batirama.com / Pascal Poggi

2 Commentaires
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  • par Louis-Eric SALEMBIER
  • 15/10/2014 10:07:58

Bravo ! La réalisation des cloisons intérieures a elle aussi été un tour de force. Ce lot traditionnellement plus modeste n'a pas eu le budget pour créer une usine, mais tout de même, ne les oublions pas !

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  • par Pétry-Amiel
  • 14/10/2014 19:08:33

L'usinage en gants blancs me fait penser à la chirurgie esthétique de richissimes épouses Kataries. Quand on veut faire beau, on y arrive. Mais quand on veut donner du sens, c'est une autre affaire. Qu'en pense Gehry au seuil d'une retraite de grand faiseur? C'est vrai que Guggenheim à Bilbao a redressé la ville. L'architecture aurait-elle du sens? Dans ce cas l'argent aussi.

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