"La loi n'a pas été respectée dans la mesure où délibérément, des conseillers de Paris ont montré leur bulletin préalablement au passage devant l'urne". Au regard de la loi, "ce scrutin est nul, et je demande (...) qu'il soit déféré au contrôle de légalité, et déféré au tribunal administratif", a déclaré Anne Hidalgo à l'issue du scrutin.
Sur les 163 conseillers de Paris, il y a eu 83 bulletins contre, 78 pour, un bulletin nul et un non votant. La délibération rejetée autorisait le "déclassement" de la parcelle sur laquelle doit être construite la Tour. L'étape suivante devait être l'approbation du permis de construire, en cours d'instruction.
Après quatre décennies sans constructions de ce type, la tour Triangle devait donc être l'un des trois gratte-ciel à voir le jour à Paris dans les années à venir, avec le nouveau palais de justice des Batignolles (XVIIe) et le projet Duo à Massena-Bruneseau (XIIIe).
La coalition des "contre" (54 UMP, 16 UDI-MoDem, 16 EELV, 1 PG, et l'ex-MoDem Jean-François Martins) avait théoriquement une majorité, avec 88 voix sur 163, mais plusieurs élus UMP avaient fait savoir leur intention de voter pour la Tour, contre l'opinion de la présidente du groupe Nathalie Kosciusko-Morizet.
L'UMP et l'UDI, initialement favorables au projet, ont tourné casaque en 2013 avec l'entrée en lice de NKM, dès le départ réticente à un projet de tour "isolée". Le vote avait eu lieu à bulletin secret, à la demande du PS, afin de permettre aux élus de s'exprimer en toute "liberté".
Les groupes EELV, UDI-MoDem et UMP avaient au contraire souhaité un vote public et nominal, seul moyen selon eux de garantir la "transparence". Nathalie Kosciusko-Morizet a raillé dans son intervention la prétendue "modernité" de la tour et contesté qu'elle soit un élément phare de l'attractivité de Paris.
"L'attractivité, elle vient de l'énergie que dégage la ville. Et quelle énergie dégage Paris, quand vous freinez des quatre fers sur le travail le dimanche?", a-t-elle interrogé. Les orateurs de l'UMP, du centre, d'EELV et du Parti de gauche se sont relayés toute la matinée pour remettre en question l'utilité de la tour, à l'heure où Paris compte "plus d'un million de m2 de bureaux vides".
L'adjoint à l'urbanisme Jean-Louis Missika a au contraire souligné l'apport esthétique du bâtiment dessiné par le prestigieux cabinet Herzog et de Meuron. "Triangle n'est pas une tour, c'est un monument pyramidal".
Le projet, porté par la société Viparis via la SCI Tour Triangle, prévoit la construction au coeur du Parc des Expositions de la porte de Versailles d'une tour de 180 m, pour l'essentiel de bureaux.Le géant de l'immobilier commercial Unibail-Rodamco prévoit d'y investir 520 millions d'euros.