Innover sur le marché de la céramique sanitaire dont les WC ? C’est possible et surtout nécessaire dans la conjoncture et le marché actuels, estime Yves Danielou, directeur général de Allia.
Face à une concurrence exacerbée avec l’arrivée de produits low cost ou de MDD (marques de distributeurs), l’industriel confie ne pas avoir d’autre choix. En effet, le marché des pièces céramique est en perte de vitesse depuis quelques années (-2,5 % en 2012 et – 4 % en 2013, selon une étude de Développement et Construction).
Or, le groupe européen Sanitec Corporation dont dépend la filiale Allia, occupe une position de leader en Europe. Côté à la bourse, le groupe décline plusieurs marques fortes en Europe et réalise un chiffre d’affaires de plus de 700 millions d’euros.
Quant à Allia, l’entreprise a été créée en 1892 (et la marque seulement depuis 40 ans). L’industriel est incontestablement n°1 sur le marché de la céramique sanitaire avec une part de marché de 25 % en valeur et un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros.
En raison de sa prédominance sur la céramique, le fabricant a porté ses efforts sur deux familles de produits : les WC et les receveurs de douche en grès (accessibilité). « Ce sont aussi des marchés porteurs » indique Yves Danielou. Nous lançons des innovations depuis deux ans et les résultats sont encourageants ».
La première innovation concerne une nouvelle génération de WC sans bride, que l’on retrouve aussi chez d’autres fabricants, mais avec des différences techniques.
Chez Allia, l’eau de rinçage circule librement en totalité dans la cuvette, grâce une astuce technique, et ne laisse plus place aux microbes dans les recoins habituels du « bol ».
« Cette année, nous avons vendu plus de WC suspendus sans brides que de WC suspendus avec brides » confie le responsable qui parie sur un développement de cette innovation. Elle sera en effet étendue peu à peu à l’ensemble des produits de la gamme du fabricant.
Le WC sans bride est donc devenue le cheval de bataille de l’entreprise qui vend près d’un WC sur cinq en France (notamment avec Prima, le WC le plus vendu dans l’hexagone).
Si les atouts du « sans bride » semblent évidents aux yeux de l’entreprise, ils ne le sont pas forcément pour tout le monde. A commencer par les utilisateurs eux mêmes pour qui l’innovation n’est guère apparente.
« Dès qu’on leur explique que moyennant un surcoût de 10 à 15 %, - soit 20 € suplémentaires(1) à débourser en moyenne -, ils n’auront plus de germes dans la cuvette et moins de produit détergents à utiliser, le déclic est immédiat » termine le responsable.
Allia parie donc sur les 1000 salles d’exposition de ses clients distributeurs (Il est présent dans 70% à 80 % des showroom des grossistes sanitaire) pour transmettre la bonne parole aux utilisateurs.
(1) Un WC sur pied Prima Rimfree coûte 291 € HT contre 271 € HT en standard (prix public)
Le WC reste avant tout un produit posé par les installateurs (2) (70 % des produits circulent dans le réseau professionnel, contre 30 % en GSB). Il bénéficie depuis cette année de deux innovations brevetées pour faciliter sa mise en œuvre.
Il s’agit d’un nouveau système de fixation de la cuvette au réservoir (pas d’écrou à visser sur la tige filetée, déjà intégrée au WC, mais une simple molette de serrage). La seconde innovation concerne un mécanisme très simple à utiliser permettant de changer la configuration de la chasse d’eau (en passant d’une configuration 3/6 L à 3/4,5 L et vice versa, en cas d’incompatibilité de l’installation existante).
Le fabricant souhaite parallèlement renforcer sa démarche prescription en axant ses efforts vers le secteur de l’hôtellerie. « Nous renouons avec la rentabilité et la croissance grâce à ces innovations, et nous avons la volonté de revenir sur Batimat en 2015, termine confiant M. Dianellou.
(2) 25 000 installateurs recensés dans la base du fabricant