Sinistrose, désastre, catastrophe... C'est avec une sacrée dose de pessimisme que Géraud Spire, président de la FNBM, a accueilli ses adhérents et partenaires lors de son déjeuner annuel au Pavillon Dauphine à Paris.
« Notre première préoccupation, c'est la conjoncture, et nous sommes dans la crise depuis six ans ! Si le début de l'année 2014 a pu nous laisser espérer un frémissement, l'été a complétement décroché, le mois d'octobre a été encore plus mauvais que septembre, et nous n'avons pas d'idées pour inverser la tendance ».
Résultat : le dirigeant table sur une fin d'année à - 5 % en chiffre d'affaires pour cette branche du négoce. Face au blocage général qui paralyse aussi bien l'investissement public que privé, Géraud Spire déplore. « Nous n'avons plus aucune variable d'ajustement à part celle de la masse salariale qui ne peut être maîtrisable que par la diminution d'effectifs ».
Outre le front économique, le président de la FNBM compte bien attaquer celui des mesures gouvernementales « pour tenir ». Selon ce dernier : « Les incantations sur la simplification administrative ont laissé place à une réalité bien différente du discours. La machine à complexifier, comme celle à produire taxes et impôt nouveaux sont toujours en marche ! ».
En citant plusieurs fois comme exemple les désormais célèbres Bonnets rouges, et dans la droite ligne de la Fédération française du bâtiment (FFB) qu'il annonce « rejoindre et soutenir », il fustige le compte pénibilité : « totalement inadapté au monde du bâtiment et de la construction ».
Cette mesure de la réforme des retraites qui permet aux salariés exposés à des facteurs de pénibilité de bénéficier d'un compte personnel de prévention, « risque de tuer nos entreprises, continue Géraud Spire. Trop coûteuse et trop complexe, elles n'auront jamais les moyens de la gérer ». Objectif avoué : batailler dès l'année prochaine pour mettre définitivement fin à ce compte pénibilité annoncé pour 2016.
Et le président d'annoncer d'ores et déjà un autre territoire de lutte : « comment analyser cet amendement intervenu subrepticement à la demande du gouvernement lors de la discussion du projet de loi sur l'économie circulaire et qui obligerait les distributeurs professionnels à collecter les déchets de leurs clients ? », interroge Géraud Spire.
En effet, adopté en septembre dernier dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique et la croissance verte, cette disposition est un des moyens prévu pour atteindre à l'horizon 2020, l'objectif de valorisation de 70 % des déchets du bâtiment et des travaux publics.
Il s'agirait de créer un réseau de déchetteries professionnelles du BTP d'ici le 1er janvier 2017, en créant une obligation de reprise par les distributeurs de matériaux dans les sites de vente, à destination des artisans.
Et la FNBM compte bien y mettre un frein. Principalement « parce que nos points de vente ne disposent pas du foncier nécessaire pour en accueillir les bennes nécessaires en nombre suffisant. Et de toutes façons, nous ne sommes pas producteurs de déchets ! Ce n'est pas notre rôle de les récupérer ! Pourquoi les pouvoirs publics ne vont pas chercher du côté des fournisseurs ? ».
Si le président reconnaît que les artisans ressentent un réel problème d'évacuation de leurs déchets, « il n'est quand même pas pratique de les trimballer d'un point de vente à autre, et beaucoup plus simple d'apporter des bennes sur des chantiers ».
Il faudra donc attendre que des solutions se dessinent ailleurs. Et notamment du côté de la Capeb ou encore de l'Association Amorce.
« Notre circuit de distribution professionnelle ne se valorise pas exclusivement de sa capacité à optimiser le volume de ses achats. Il est aussi un apporteur permanent de solutions et de services ce qui le rend unique à défaut d'être exclusif », a tenu à rappeler Géraud Spire, dans le cadre de ce déjeuner annuel de la fédération qu'il préside.
« Ces services se traduisent notamment par l'accompagnement du dispositif RGE, outil clé dans la relance de l'activité du bâtiment ». Car c'est là que se cache le seul « petit signal positif : dans le marché de la rénovation énergétique. Elle concerne sûrement des volumes importants. Le négoce l'a soutenu, et promu car c'est l'occasion de professionnaliser nos clients et le circuit de distribution ».
Seulement un gros caillou s'est glissé dans les rouages de ce marché juteux qui peine à se déclencher : « le problème de confiance des ménages. Nous sommes dans un temps où pour corriger notre économie, il faut des thérapies de chocs », a conclu le dirigeant.
Source : FNBM