La crainte de l’ubérisation a largement été développée lors des Journées de la Construction qui viennent de s'achever à Paris. L'ubérisation touche de nombreux métiers, taxis, hôteliers, voyagistes et les artisans du Bâtiment se posent également des questions.
« Il ne faut pas subir l’ubérisation, déclare Pascal Picq, paléoanthropologue, invité lors des Journées de la Construction. Il faut ne pas hésiter à aller défricher de nouveaux domaines et en devenir acteur ».
La clé est à portée de main des entreprises, si l’on en croit Pascal Picq : il faut adopter les nouvelles techniques de l’intermédiation et créer des liens pour développer la collaboration au sein des métiers et entre les filières.
« La révolution est en marche », indique Stéphanie Bigeon Bienvenu, directrice de la communication de l’OPPBTP, qui a présenté une thèse qu’elle a rédigée sur la révolution digitale dans le BTP.
« Les fournisseurs, industriels, négociants ou loueurs démultiplient leurs services en ligne, afin de gagner en performance, et de permettre aux entreprises de rédiger plus vite leurs devis ».
Son conseil : donner crédit aux acteurs du BTP qui connaissent bien le métier, en testant toutes leurs applications afin de se faire son idée, … En effet, le client a bel et bien changé.
Les particuliers ont changé de comportement, selon Stéphanie Bigeon-Bienvenu. « Aujourd’hui, ils cherchent sur internet leurs terrains à construire, leurs produits du bâtiment et même leurs artisans sur les plates-formes numériques* ».
Alors, la première chose basique à faire pour un artisan, sera d’ouvrir un site internet avec un contenu racontant la vie de ses chantiers, conseille-t-elle. Cela suppose d’investir un peu de temps pour ce site sans oublier les réseaux sociaux dont Facebook (70 % d'utilisation), en postant des vidéos, des photos de ses chantiers, avec l’accord de son client.
Reste à savoir si l’artisan a l’envie d’aller enrichir le contenu de son site internet après sa journée de travail… « Non, pas le soir en rentrant d’une journée de travail", répond Catherine Foucher, présidente de la Commission nationale des femmes d’artisan de la Capeb.
"Mais, cependant on a bien été obligé de s’y mettre même si l’inconnu fait peur, poursuit Catherine Foucher. Il y a un langage à apprendre, en se formant si besoin, et ensuite on peut aller conquérir un autre territoire dont la puissance est démultipliée avec un potentiel de chantiers extraordinaires » confirme la conjointe d’artisan.
La révolution digitale passe également par les objets connectés et ils sont de plus en plus nombreux et innovants. Exemples : les lunettes à réalité virtuelle, les drones permettant de diagnostiquer une fuite sur un toit ou une application sur smartphone intégrant une caméra thermique par exemple…
« Il n’y a pas d’expert en digital, seulement des praticiens » insiste Stéphanie Bigeon Bienvenu qui conseille aux entreprises de se former en testant de nouvelles applications, à plusieurs si possible.
Autre conseil qu’elle formule : « Appuyez-vous sur vos jeunes chefs de chantier et compagnons, équipez-les et encouragez-les à utiliser tous ces outils de communication. Cela créera un vrai lien dans l’entreprise et chacun pourra rapporter son expérience qui profitera à l’équipe … »
* La Capeb expérimente sa propre plate-forme numérique pour mettre en relation les artisans adhérents et les clients
Crédit photo : Foundation - Intelligent Life Base (www.foundation-ilb.com)