50 ans d’isolation des parois maçonnées : une succession d’enjeux

50 ans d’isolation des parois maçonnées : une succession d’enjeux

En 50 ans, l’isolation des parois maçonnées a répondu à toutes les attentes réglementaires… thermique, acoustique, et bientôt circulaire.




Avant 1970, le bâti fait peu de cas de l’isolation acoustique ou thermique. Côté logements collectifs, il faudra attendre un arrêté du Green Electricity for More Affordable Hydrogen / Research platform with optimized electrolyzer up and running at commercial power-to-gas plant14 juin 1969 pour que l’isolation acoustique soit prise en compte.

 

Quatre ans plus tard, le premier choc pétrolier de 1973 va être le point de départ d’un profond bouleversement mondial, économique, politique, sociétal… Et écologique. Dès 1974, la France adopte sa première réglementation thermique pour tous les bâtiments neufs d’habitation.

 

Elle fixe un objectif de réduction de 25 % de la consommation énergétique par rapport aux normes en vigueur depuis la fin des années 1950. Ainsi, « l’isolation des murs a évolué avec les réglementations mais aussi avec leurs techniques de construction, note Caroline Lestournelle, secrétaire générale du Syndicat national des fabricants d’isolants en laines minérales manufacturées (FILMM).

 

Quand, les parois étaient constituées de contre-cloisons maçonnées souvent en terre cuite avec un vide d’air, la première étape a été de remplir cet espace par des isolants ». Mais très vite, une nouvelle technique va détrôner la brique.

 

La plaque de plâtre change les habitudes… d’isolation

 

La révolution vient de la plaque de plâtre : « elle a apporté une solution constructive qui connaît un engouement dans les années 1970 car ce produit est devenu manufacturé et la mise en oeuvre est facilitée grâce à la visseuse », relate Jean-Paul Lam, secrétaire général et technique de l’Union des métiers du plâtre et de l’isolation (UMPI-FFB).

 

Si ce produit cherche des débouchés dès l’après-guerre, la nouveauté devra être apprivoisée par les poseurs, « comme la prise conscience écologique qui démarre à partir de 1974 », continue le secrétaire général et technique de l’UMPI-FFB.

 

Conséquence : grâce à cette technique, plaques de plâtre et isolants qu’ils soient en laine minérale ou polystyrène ne font qu’un. « En parallèle de l’apparition de doublage en polystyrène sur plaque de plâtre, et pour rattraper les défauts de murs non plans et pour aller chercher de hautes performances thermiques et acoustiques, les industriels de la laine minérale ont développé l’isolation avec ossature métallique précise Caroline Lestournelle ». Aujourd’hui ces deux techniques continuent de se côtoyer sur un même chantier, apportant des réponses thermique, acoustique, ou thermo-acoustique.

 

L’isolation a connu une progression lente et régulière avec l’apparition d’isolants plus épais et plus performants

 

RT 1988 – RT 2000 : les isolants gagnent en épaisseur

 

Après la RT 1974, un second choc pétrolier en 1979 aboutit sur un renforcement des mesures. La RT de 1982 vise un nouveau gain de 20 % sur la consommation énergétique.

 

Six ans plus tard, la RT 1988 s’applique aux bâtiments résidentiels et non résidentiels, visant un optimum économique avec un choix : celui de la technologie la moins onéreuse pour atteindre l’objectif. « L’isolation a connu une progression lente mais régulière, les isolants sont devenus de plus en plus épais pour assurer une résistance thermique plus grande », précise Jean-Paul Lam.

 

Devenus un critère sur le bâti lui-même, ils doivent répondre à une seule quête de performance boostée par la suite par la RT 2000, puis 2005. En parallèle des réglementations, un autre levier agit : « les labels mis en place notamment par Promotelec vont faire progresser l’isolation », ajoute Caroline Lestournelle.

 

Pendant ce temps-là et depuis les années 1980, la maison à ossature bois teste, « les notions de pare-vapeur et pare-pluie, sachant que l’évolution de l’isolation pour ce mode constructif a été à l’aune de l’engouement de la filière bois », précise Benoit Cauchard, responsable technique au sein de l’Union des Métiers du bois (UMB-FFB).

 

Mais le bât blesse : « des solutions un peu génériques ont été appliquées sans prendre en compte le traitement des points singuliers. Des problématiques d’interface sont apparues lors de la pose de pare-vapeur notamment pour le passage des câbles électriques. Du coup, la qualité de l’isolation était dégradée ». Mais c’était sans compter sur la RT 2012.

 

La maison à ossature bois pour sa part se dote en 2016 d’une nouveau NF DTU 31.2 Construction de maisons et bâtiments à ossature bois qui apporte une réponse à une isolation pérenne. © Tanguy Matériaux

 

RT 2012, CITE et CEE : l’isolation fait partie des meubles

 

La RT 2012 a fait faire un véritable saut, préparé par le label BBC (bâtiment basse consommation) d’Efinergie en 2008. Les habitants voient vraiment les effets d’isolation sur leurs factures et s’en saisissent. Les professionnels aussi.

 

En 2012, le sujet Isolation devient « tendance » avec un changement de paradigme, selon Caroline Lestournelle. Il n’est plus seulement question d’abaisser des consommations par rapport à une valeur de référence précédente, mais bien d’arriver à un niveau de performance globale, fixé à 50 kW/m2/an. La réglementation installe aussi le traitement de la perméabilité à l’air des bâtiments, et encore le traitement des ponts thermiques rendus obligatoires.

 

Pour améliorer la performance des isolants, dans le cadre de cette recherche de diminution importante des consommations des bâtiments, les industriels agissent alors sur la conductivité thermique du matériau, le fameux lambda pour augmenter la résistance thermique d’une paroi sans gonfler les centimètres. Et ils valident les performances de leurs isolants par la certification ACERMI. .

 

La notion de produit disparaît au profit du système

 

En outre, la notion de produit disparaît au profit de celle de système, « pour faciliter la mise en oeuvre, mais aussi pour contrer les fuites d’air grâce aux accessoires de pose primordiaux pour atteindre l’objectif d’étanchéité à l’air ». En parallèle la rénovation trouve aussi son levier dès 2014, « grâce aux différentes aides pour mieux isoler, comme les crédits d’impôts développement durable, puis transition énergétique, et les Certificats d’économie d’énergie (CEE), reprend Jean-Paul Lam.

 

Sur le marché de la rénovation où les mètres carrés se monnayent à prix d’or, une innovation tente une percée : celle des isolants sous vide qui reste une réponse de niche. « C’est la vraie minceur, mais elle est onéreuse. En outre, leur mise en oeuvre est complexe (ces isolants sous vides ne doivent en aucun cas être percés). Néanmoins, ils enrichissent les possibilités d’isolation en fonction des contraintes techniques et des budgets », indique Caroline Lestournelle.

 

La maison à ossature bois, pour sa part, se dote d’un nouveau NF DTU 31.2, révisé en mai 2019, Construction de maisons et bâtiments à ossature bois, qui apporte une réponse à une isolation pérenne, « en distinguant trois lots : le lot structure, le lot étanchéité pare-pluie, pare vapeur et le lot bardage et isolant. Avec l’étanchéité à l’eau et à l’air, l’isolation est devenue plus performante aussi grâce à la rationalisation des notes de calcul pour un meilleur dimensionnement », informe Benoit Cauchard.

 

La notion de biosourcé dont se saisissent tous les industriels doit démontrer qu’elle permet de réduire l’impact carbone du bâti © Pavatherm

 

Du biosourcé (à définir) à l’impact carbone maîtrisé

 

L’écologie entre dans l’ADN de l’isolation. Des produits biosourcés, pas si nouveaux, trouvent aujourd’hui des débouchés dans l’élaboration des produits isolants. Ils sont connus et ont fait une percée remarquée sur le marché depuis peu : les isolants en liège et laines de bois, apparus dans les années 1960, la fibre de bois née dès les années 1970 ou encore les laines de chanvre et de lin qui tutoient le XXIe siècle comme le textile recyclé bénéficiant d’une filière de collecte.

 

Les plumes de canard pour leur part ne résisteront pas à l’épidémie de grippe aviaire qui frappe l’hexagone en 2008. Comme leur pendants traditionnels, les laines minérales, ils font progressivement l’objet d’une certification Acermi, et doivent répondre aux mêmes exigences réglementaires d’un point de vue thermique ou acoustique. Longtemps portés par le marché de la maison à ossature bois par des maîtres d’ouvrage à la sensibilité écologique accrue, cet engouement restreint les cantonne à de faibles parts de marché.

 

Des parts de marché à prendre avec la Réglementation environnementale

 

Aujourd’hui, ces isolants à la fibre verte pourraient voir leur progression s’accélérer, à l’aune du label E+C-, l’expérimentateur de nouveaux standards du bâtiment en matière environnementale ; la prochaine Réglementation ne sera plus seulement thermique, mais environnementale, prévue pour 2020.

 

« Cette poussée de la filière verte ne doit pas de faire au détriment des autres aspects notamment la mise en oeuvre », avertit Jean-Paul Lam. En outre, la notion de biosourcé dont se saisissent maintenant tous les industriels doit démontrer qu’elle permet de réduire l’impact carbone du bâti. Or, pour l’instant, le seul juge de paix se nomme Fiche de déclaration environnementale et sanitaire (FDES). Elle donne entre autres, l’impact carbone des produits. C’est d’ailleurs la donnée qui est entrée dans le calcul de l’empreinte carbone des bâtiments dans l’expérimentation E+C-.

 

La seule notion écologique ne suffira pas quand analyse du cycle de vie, et économie circulaire sont aussi en ligne de mire. L’isolation désormais ne fait plus que seulement isoler. Elle devient partie intégrante des nouveaux enjeux sociétaux en contribuant à épargner non plus seulement le pétrole et toutes les énergies, mais aussi à limiter les émissions de gaz à effet de serre et la consommation de toutes les ressources non renouvelables.

 

Des tendances « isolants » à suivre

 

Système de double pour passage de gaines facilité

 

Les doublages thermiques de la gamme Placomur DuoPass de Placo comprennent deux éléments : une vague isolante en PSE graphité destiné au passage des gaines, et un couvercle constitué d’un isolant PSE et d’un parement en plaque de plâtre BA 13. Grâce au passage des gaines côté chaud, ce système garantit une mise en oeuvre en conformité avec le NF DTU 25.42 Ouvrages de doublage et habillage en complexes et sandwiches plaques de parement en plâtre et isolant, ainsi que le respect des performances thermiques (jusqu’à R = 7.60 m².K/W) et le confort de pose.

 

 

Système de cloisons ultra-fin

 

Le système Slimisol conçu par Siniat optimise la surface habitable avec des cloisons trois fois plus minces (6,5 cm) qu’une solution d’isolation traditionnelle (22 cm). Ce panneau qui affiche une résistance thermique de 6,61 m2.K/W fonctionne comme une bouteille isotherme : son isolant microporeux à base de poudre de Diatomée mise sous vide dans son enveloppe aluminium/polyéthylène empêche le froid d’entrer tout en prévenant les pertes de chaleur. Disponible en dimensions 60 cm x 60 cm ; 60 cm x 40 cm et 60 cm x 20 cm, ces panneaux couvrent la quasi totalité des surfaces de mur.

 

Combinaison de polyuréthane et de laine de verre

 

Isocombo Wall d’Unilin Isolation est un système qui associe la performance thermique du polyuréthane et la souplesse d’utilisation de la laine de verre, sans empiéter sur la surface habitable. Il assure une isolation continue sans ponts thermiques, en contribuant à l’amélioration de l’étanchéité à l’air. Disponible dans deux longueurs standard (250 cm et 270 cm) et trois épaisseurs (100, 120 et 140 mm), sa résistance thermique varie de 3,90 m2.K/W à 5,70 m2.K/W. Pesant moins de 10 kg, des kits de pose associés simplifient sa mise en oeuvre.

 

 

Isolant alvéolaire trois en un

 

Composé d’une structure en nid d’abeilles qui exploite les qualités thermiques de l’air, Hybris d’Actis est un isolant avéolaire. Il assure l’isolation thermique hiver/été, l’isolation phonique et l’étanchéité à l’air. Il intègre aussi la fonction pare-vapeur, sans ajout de membrane traditionnelle. Décliné dans des épaisseurs de 50 mm à 205 mm pour un R de 1,50 m2.K/W à 6,20 m2.K/W, il offre de très bonnes performances d’isolation exprimées par une très faible conductivité thermique (33).

 




Source : batirama.com / S. Lacaze-Haertelmeyer

1 Commentaire
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  • par Cabaroja
  • 11/05/2019 11:52:20

Bonjour, Merci, batirama et S.Lacaze-Haertelmeyer, pour cette thèse sur l'isolation thermo-acoustique.

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