Réhabiliter un ancien silo à grains pour y implanter une collection d’art contemporain, c’est le pari un peu fou d’un couple de collectionneurs. Un projet confié au jeune architecte Xavier Prédine-Hug.   (©André Morin)

 

« Ici, c’était devenu le musée des pigeons et des graffiti », se remémore le jeune architecte Xavier Prédine-Hug. Nous sommes à Marines une petite commune du Vexin normand non loin d’Auvers-sur-Oise (95). C’est là que se dresse le Silo, un imposant bâtiment de près de 1000 m2 au sol, sur une parcelle de plus de 4 hectares.

 

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un ancien entrepôt de stockage de céréales. Abandonné depuis 15 ans, il a bien piètre allure quand les propriétaires, un couple de collectionneurs d’art contemporain, Jean-Philippe et Françoise Billarant, décident de le racheter.

 

Leur idée ? Le réhabiliter et en faire le lieu d’exposition de leurs œuvres. Ami de Dominique Perrault, il demande tout naturellement au célèbre architecte son interprétation du lieu. Mais, c’est finalement le projet de Xavier Prédine-Hug qui est retenu.

 

Celui-ci découvre un bâtiment gigantesque et très compartimenté, dont le corps central atteint 13 m sous plafond. Des cloisons en voiles de béton délimitent les différentes loges à céréales, sur un seul niveau en rez-de-chaussée. Une bonne part des travaux a consisté à ouvrir l’intérieur.

 

Les murs porteurs ont été conservés en revanche, une partie des cloisons et tout le mur central ont été détruits. Aujourd’hui, le lieu se présente comme une nef de cathédrale ponctuée de petites chapelles sur les côtés.

 

Le passé en filigrane

 

L’architecte a souhaité conserver les traces du passé agricole. A l’extérieur, l’enduit fatigué a juste bénéficié d’un sablage. Les imperfections, les petits accidents ont été conservés comme autant de témoignages de cette vie passée. En tout, les travaux ont duré un an.

 

Sur place, le chantier comptait jusqu’à 10 corps de métiers différents et 40 personnes au plus fort de l’activité. L’ouvrage le plus important fut la réalisation d’un plancher intermédiaire en béton, durci au quartz, qui a permis de doubler la surface disponible (2200 m2). A l’étage inférieur, le sol mouvementé, a été nivelé. Un chauffage au sol a été installé sur les deux niveaux, plus un système rayonnant implanté au niveau du toit.

 

Pour l’éclairage, le choix s’est porté sur des néons classiques, dès lors que la lumière naturelle n’était pas suffisante. La toiture en fibrociment, a été remplacée par une couverture en panneaux sandwichs à isolation intégrée. En revanche, la charpente a été conservée par endroit, lorsque son état le permettait. Tout le bâtiment a reçu un traitement contre la corrosion du béton armé. Un produit type Framétaux est injecté pour stopper la rouille.

 

En tout, le chantier s’est élevé à près de 1,6 million d’euros. Pour ceux que la visite du lieu intéresse, le Silo ouvre ses portes pour les prochaines journées du patrimoine en septembre. Une visite agrémentée par la découverte des œuvres qu’abrite le lieu signés Daniel Buren, François Morellet, Richard Serra, Krijn de Koning ou encore Donald Judd.   

 

Source : batirama.com / Nicolas Dembreville

 

 

Le Silo en pratique

A Marines dans le Val d’Oise (95)

Visite sur rendez-vous

Tél : 01 42 25 22 64

Date de construction : 1948

Etudes : 14 mois (Septembre 2008 à Octobre 2009)

Chantier : 11 mois (Mai 2010 à Mars 2011)

Surface au sol : 920 m2

Surface disponible : 2210 m2 SHON

Parcelle : 4200 m2

Longueur x largeur x hauteur : 49 m / 19 m / 20,5 m

Budget : 1.600.000 € HT

 

 

Un jeune architecte formé chez Starck

Il s’agit de la première réalisation de ce jeune architecte de 38 ans. Avant cela, il a passé sept ans chez Philippe Starck. Il a notamment collaboré à la réalisation du yacht “A”, de 119 m pour 200 millions d’euros pour le milliardaire russe Andrei Melnichenko. Il a aussi travaillé sur le Mama Shelter, un  hôtel-restaurant à Paris, dans le XXème arrondissement.