Dans la rubrique « la vie reprendra après le Covid-19 », Emmanuel François, tout juste réélu Président de la SBA le 6 avril, se lance dans une campagne pour que soient tirées les leçons du confinement.
L’un des manques les plus criants, très rapidement établi au bout de quelques jours de confinement seulement, est l’insuffisance des infrastructures numériques dans de nombreux bâtiments.
Emmanuel François, Président de SBA, appelle à une mobilisation en faveur du développement de l'infrastructure numérique dans les bâtiments. ©DeltaDore
Emmanuel François explique que l’infrastructure numérique – la fibre avec le protocole ouvert TCP/IP dessus – doit arriver partout. Chaque rénovation d’un bâtiment, chaque opération d’urbanisme s’accompagne de l’installation d’une infrastructure numérique correctement dimensionnée. Cela doit être fait le plus vite possible, dit-il, de la même manière que le réseau de distribution d’électricité a irrigué notre pays, il y a 120 ans.
La crise sanitaire du Covid-19 et le confinement qu'elle a imposé ont magnifié nombre de problèmes qui se posaient déjà avant : le vieillissement de la population, la formation et l’enseignement à distance, le travail à distance, etc. Ils ont également montré à quel point la population est inégale devant ces problèmes, selon que l’on habite dans une zone bien desservie et dans un bâtiment doté d’un réseau numérique ouvert et bien dimensionné.
Le gouvernement, rappelle Emmanuel François, est en train d’imaginer un plan de relance économique qui se chiffera en milliards d’Euros pour doper la reprise économique lorsque le confinement sera levé. Ce serait, selon lui, une erreur importante que l’importance d’une bonne infrastructure numérique soit incomprise et négligée par les Pouvoirs Publics. Elle est capable d’apporter une réponse transversale à de nombreux problèmes qui se sont posés durant le confinement.
La SBA et Emmanuel François, son Président, encouragent vivement les Pouvoirs Publics à investir dans la rénovation, à la fois énergétique ET numérique, des bâtiments. Nombre de nos concitoyens ont dû s’organiser en quelques jours pour travailler de chez eux, lorsque leurs tâches s’y prêtaient. L’insuffisance de bande passante a été un frein dans de nombreux cas.
Mais, de nombreuses personnes se sont rendues compte que leur productivité était, en de nombreuses circonstances, meilleure à domicile qu’au bureau. Les entreprises l’ont compris également. Une fois la crise passée, le travail à domicile durant une partie de la semaine peut se généraliser. Bien organisé, cela peut réduire la pression sur des transports publics souvent saturés. Les entreprises peuvent modifier leurs besoins immobiliers et réduire les surfaces qu’elles louent ou achètent : ce n’est pas la décroissance, mais peut être bien la fin de la course éperdue vers toujours plus d’équipements.
Emmanuel François explique qu’il faut abandonner l’idée des bâtiments monolithiques qui n’ont qu’un seul usage : travail ou logement. La crise du Covid-19 a montré qu’en maintes circonstances, on travaille parfaitement de chez soi.
De même, les enseignants ont improvisé l’enseignement à distance. Ce qui peut pousser à repenser les bâtiments des écoles, collèges et lycées. La mobilisation des personnels soignants a montré combien une généralisation des consultations médicales à distance serait précieuses pour toutes les personnes malades et confinées chez elles.
Il faut que les bâtiments soient en mesure d’accueillir simultanément plusieurs activités autour du logement : travail, soins et santé à distance, enseignement, commerce, etc. La généralisation d’une puissante infrastructure numérique ouverte en est la condition nécessaire.
Emmanuel François rappelle que, pour l’instant, nous avons plutôt tendance à multiplier les réseaux sans communication entre eux : un réseau pour la domotique, un autre pour les télécommunications, un troisième pour les portiers vidéo, etc. C’est une erreur. Il faut sortir des silos et mutualiser les équipements. C’est le but du label R2S (Ready to Services) que la SBA a développé avec le certificateur Certivéa.
Lorsqu’on l’on raisonne en silos, explique Emmanuel François, l’investissement est trop important pour que chaque silo – maîtrise de la consommation d’énergie ou télécommunications – atteigne un temps de retour acceptable. La mutualisation des investissements dans une infrastructure numérique commune, en revanche, transforme chaque bâtiment en une potentielle plateforme de services et réduit le temps de retour – il dit ROI pour Return On Investment, parce qu’il parle couramment le financier – à 5 à 10 ans. Ce qui devient parfaitement acceptable.
L’idée tout à fait innovante du label R2S, lancée en France par la SBA, intéresse désormais diverses organisations à l’étranger, depuis le ministère allemand de l’économie jusqu’à l’association des promoteurs immobiliers chinois. L’important, conclut Emmanuel François, c’est que l’on comprenne bien l’importance de l’infrastructure numérique, d’une infrastructure numérique ouverte, fondée sur le protocole de communication universel TCP/IP, qui permet une mutualisation des réseaux.
Lors de chaque rénovation, l’amélioration de l’infrastructure numérique doit être traitée aussi bien que l’amélioration de l’efficacité énergétique.