Alors que se tient un sommet extraordinaire des dirigeants des 27 sur un plan de relance de 750 milliards d'euros, les économistes de l'OFCE, organisme de recherche public associé pour l'occasion aux instituts allemand IMK et autrichien WIIW, privilégient une autre approche.
Pour ressouder une Europe qui s'est "déchirée" pendant la crise sanitaire, "il faut d'abord avoir un projet, avant de s'interroger sur le mode de financement", a expliqué Jérôme Creel, directeur du département des études de l'OFCE, lors d'une conférence de presse.
"L'objectif principal de l'UE n'est pas la discipline budgétaire, c'est la paix, la prospérité et l'augmentation du niveau de vie de ses populations" rappelle-t-il. Objectifs qui, selon les économistes, ont été perdus de vue au profit de débats techniques sur la dette, les taux d'intérêt, son degré de mutualisation, etc.
Dans cette optique, les trois instituts présentent un programme d'investissement de 2.000 milliards d'euros sur 10 ans, dont les trois-quarts seraient consacrés au financement de "grands projets paneuropéens".
Projet phare, moyennant un coût de 1.100 milliards d'euros, un Train-Ultra Rapide (250-350 km/h), qui parcourrait près de 20.000 km, relierait l'ensemble des capitales européennes via la création de quatre nouvelles lignes allant de Lisbonne à Helsinki, Berlin à Nicosie ou Malte à Bruxelles.
L'objectif est triple: rattraper le retard avec la Chine, l'Europe étant dotée de "très peu de lignes à très grande vitesse"; renforcer la cohésion européenne en réduisant les temps de transport (Paris et Berlin en quatre au lieu de huit heures); oeuvrer dans le sens du Pacte vert européen visant la neutralité carbone d'ici 2050, ce réseau ayant vocation à se substituer aux liaisons aériennes entre les capitales.