Photo : Pour les pompes à chaleur air-air, des solutions plus standardisées et moins coûteuses sont en phase de mise au point, selon l'AFPAC (Association française pour la pompe à chaleur) ©DAIKIN
Très régulièrement, depuis l’hiver dernier, les services généraux des entreprises sont informés, par des annonces commerciales très prometteuses, de la mise à disposition de solutions biocides pour écarter les risques de contamination par le coronavirus SARS-CoV-2. Ces promotions portent le plus souvent sur deux grandes familles de produits : les revêtements de surface et les purificateurs d’air.
L’INRS, Institut national de recherche et de sécurité, demande aux responsables d’entreprises comme aux salariés de tenir compte de l’impact que peuvent avoir ces moyens de traitement. L’argument principal de l’institut porte sur l’action réelle des produits. Pour ce qui concerne les revêtements, l’institut souligne que le biocide contenu dans le revêtement doit à tout le moins cibler le virus SARS-CoV-2 avec un effet rapide.
À ce sujet, cet organisme cite la norme NF EN 14 476, revu en juillet dernier, sur les désinfectants chimiques qui exige une efficacité en moins de 5 minutes sur les surfaces dites à fort risque de contamination.
Il ajoute que, préalablement, la surface doit être nettoyée. Et fin du fin, les produits utilisés « ne peuvent pas être préconisés comme des moyens de lutte contre la transmission du virus ». En clair, c’est une charge supplémentaire pour les entreprises sans que l’on sache trop si c’est efficace.
Le second sujet porte sur les purificateurs d’air intérieur. Deux solutions sont généralement appliquées. La première est l’utilisation de filtres haute performance de type HEPA de classe 13. Les dernières normes (EN 1822-1 2009 et ISO 29463) leur attribuent une rétention globale des particules de 0,3 µm de 99,95 %… sous condition d’une parfaite étanchéité de leur montage en centrales de traitement d’air.
L’INRS douche les espérances en indiquant que s’ils peuvent diminuer la concentration des virus dans l’air intérieur, ils ne se substituent pas « aux apports d’air extérieur définis par le code du travail ».
On en reste donc à l’application stricte des articles R-4212 et R-4222 ; ce dernier préconise des débits d’air neuf de 25 à 60 m³/h par occupant selon la sollicitation physique de l’activité. Toutefois, compte tenu du coût élevé des filtres H13, il n’est pas très courant de les rencontrer dans les locaux d’activités industrielles, même tertiaires.
L’INRS se penche plus particulièrement sur le traitement de l’air par UV, notamment les UV-C qui sont déjà largement utilisées comme lampes germicides pour l’air ou l’eau. Si elles sont efficaces, l’institut recommande que les personnes ne soient pas exposées aux sources.
Ce que l’on a vu apparaître sur des portiques d’accès aux commerces ou aux immeubles, très médiatisés en début de la pandémie du Covid-19. Généralement, ces lampes sont placées dans les centrales de ventilation. L’INRS pointe surtout la production de sous-produits de désinfection qui peuvent se révéler délétères (cancérigènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction). C’est le cas lorsque l’air est chargé en chlore.
Par ailleurs, la désinfection à l’ozone (O3), molécule oxydante et irritante qui peut affecter les voies respiratoires, est fortement déconseillée. L’INRS indique que des générateurs actuellement commercialisés diffusent, directement dans l’espace occupé, jusqu’à 100 fois la valeur limite d’exposition quotidienne !
Avec le risque de voir le gaz s’échapper vers des locaux voisins. Les spécialistes en aéraulique le savent : l’air est paresseux et va où le courant le porte. De fait, il demande à utiliser un procédé de désinfection moins dangereux.
Note :
L’INRS propose une information complète sur de sujet Covid-19. On la retrouve sur le site internet (https://www.inrs.fr/risques/COVID19-prevention-entreprise/ce-qu-il-faut-retenir.html) où les services généraux d’entreprises peuvent apprécier leur risque sanitaire en utilisant un outil en ligne (https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=outil67).
Interview Plasma et UV-C, des solutions applicables avec précautions
Christel Mollé, Directeur de la réglementation chez Mitsubishi Electric et membre du bureau de l’AFPAC, fait le point sur deux solutions pointées par l’INRS.
Batirama : Les systèmes de filtration sur les climatisations et le traitement d’air à Technologie Plasma existent depuis plus de dix ans. Quel bilan ?
Christel Mollé : Les solutions avec traitement plasma sont proposées sur les pompes à chaleur air-air haut de gamme. Cette technologie repose sur un générateur Plasma qui émet des ions négatifs pour attirer les virus que l’on sait chargés positivement. Ce qui a pour effet de les inactiver.
C’est un système qui fonctionne à la demande, et il a fait ses preuves lors de tests en laboratoire sur les virus H1N1 et H3N2 – le coronavirus responsable de la pandémie actuelle n’a pas été testé, car il n’est pas disponible pour des études par des industriels, étant actuellement réservé à la recherche médicale.
Pour autant, quand les matières traitées sont libérées du filtre plasma, elles doivent être retenues par un filtre électrostatique en aval qui, quand la fonction est employée, doit être nettoyé toutes les deux semaines. Le nettoyage s’effectue simplement par trempage dans de l’eau savonneuse tiède.
La même technologie peut-elle être appliquée aux centrales de traitement d’air ?
C.M. : Non, ce serait trop coûteux en raison des débits d’air très importants que transfèrent ces équipements. Dans ce cas, les industriels proposent une désinfection par rayonnement UV-C. Mais il faut avancer avec prudence avec cette technologie ; elle doit être parfaitement dimensionnée selon le volume d’air brassé. Et là encore, il faut absolument filtrer en aval pour éviter de diffuser les sous-produits dans l’air intérieur.
Des développements sont-ils attendus dans ce domaine ?
C.M. : Pour les pompes à chaleur air-air, oui. Des solutions plus standardisées et moins coûteuses sont en phase de mise au point. Elles s’appliqueront à une gamme plus large de matériels, seront très efficaces et pourront être implantées sur des équipements domestiques et tertiaires existants.
Principe de fonctionnement d'un filtre Plasma |