"Je suis très inquiet par le fait que les améliorations dans l'efficacité énergétique mondiale se situent désormais à leur rythme le plus bas en une décennie", a souligné le directeur exécutif de l'organisation, Fatih Birol.
L'intensité énergétique, un indicateur qui rapporte l'activité économique mondiale à la consommation d'énergie, devrait en effet progresser de seulement 1% cette année, selon les projections de l'AIE. C'est le rythme le plus faible depuis 2010.
Cette tendance s'explique par un ralentissement dans la construction de nouveaux bâtiments plus économes en énergie ou encore des achats de nouvelles voitures moins gourmandes en carburant. Les investissements dans l'efficacité énergétique devraient au total chuter de 9% cette année dans le monde.
Des industries qui utilisent beaucoup d'énergie, comme la métallurgie ou la chimie, semblent aussi avoir été moins affectés par la crise que d'autres secteurs d'activité plus sobres. Pour l'AIE, la tendance actuelle est bien inférieure au niveau requis pour combattre le réchauffement climatique et la pollution de l'air.
L'agence, qui conseille des pays développés sur leur politique énergétique, appelle à des mesures "urgentes" pour redresser la barre. Elle note que les plans de relance font la part belle au secteur du bâtiment et au soutien aux véhicules électriques, mais elle incite à explorer d'autres pistes comme les équipements électriques de nouvelle génération.
Elle remarque aussi qu'il y a eu peu de moyens alloués à l'efficacité des véhicules thermiques. L'AIE regrette aussi de très forts déséquilibres régionaux dans la prise en compte de cette priorité: l'Europe concentre à elle seule 86% des mesures de stimulus public destinées à l'efficacité.
"L'efficacité énergétique devrait être tout en haut de la liste des choses à faire pour les gouvernements à la recherche d'une reprise durable: c'est une machine à créer des emplois, elle stimule l'activité économique, elle économise de l'argent aux consommateurs, modernise des infrastructures vitales et réduit les émissions", souligne Fatih Birol. "Il n'y a aucune excuse pour ne pas lui consacrer beaucoup plus de ressources", selon lui.