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En 10 ans, depuis le lancement du Fonds chaleur, créé après le Grenelle de l'environnement pour verdir le chauffage, les réseaux, dont 98% appartiennent aux collectivités locales, ont quasiment doublé leurs capacités, passant à près de 800, déployant 6.000 km de conduits pour 2,3 millions d'équivalents logements, indique le Syndicat national du chauffage urbain (SNCU).
Ils livrent en moyenne 59,4% d'énergie renouvelable et de récupération (biomasse, géothermie, chaleur fatale de l'incinération des déchets, ou pour le froid apport des fleuves ou de la mer), une part qui a doublé en dix ans et encore gagné 2% en 2019.
Mais c'est insuffisant car le chauffage représente toujours en France 40% de la consommation finale d'énergie (plus que les transports) et seul 21% est d'origine renouvelable (au lieu des 33% visés par l'Etat). "Pour relever le défi climatique, les réseaux seront essentiels", dit Aurélie Lehéricy, présidente du SNCU. "Mais sur 677 TWh de chaleur consommée, nous ne contribuons qu'à 15 TWh. Or tous les territoires ont des ressources renouvelables".
Alors que le prix des énergies fossiles est au plus bas, le secteur appelle les pouvoirs publics à soutenir son verdissement en reprenant le dossier fiscalité carbone, dans les limbes depuis la crise des Gilets jaunes. "Le projet de loi issu de la Convention citoyenne doit se réapproprier ce sujet, pour handicaper les solutions du passé mais de manière à ce que cela ne soit pas reçu comme étant punitif", dit Nicolas Garnier, délégué général du réseau de collectivités Amorce.
Le secteur s'inquiète aussi des futures normes pour les constructions neuves (RE2020) et la rénovation des bâtiments tertiaires, dont les méthodes de calcul peuvent faire apparaître le chauffage électrique comme plus vert que les réseaux renouvelables.
"Avec les modifications de calcul, certains réseaux vertueux risquent de plus pouvoir raccorder les logements neufs. On est en train de favoriser des solutions de chaleur électrique, avec des convecteurs et des pompes à chaleur dont toutes ne sont pas vertueuses ! Cela peut remettre en cause toute la dynamique des réseaux", alerte M. Garnier.
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Encore une fois, on suggère d’augmenter les taxes de la majorité des utilisateurs au lieu de baisser celles des personnes utilisant des énergies plus responsables, ce qui permettrait de les développer par leur attractivité sans pénaliser les autres. Le gros handicap des réseaux de chaleur est qu’ils facturent fort cher l’abonnement à leur réseau, souvent près de 60% de la facture totale, ce qui fait que ce système n’est pas incitatif du tout pour que les abonnés (en général des copropriétés) fassent des efforts d’économie d’énergie coûtant fort cher pour une baisse minime de la facture finale.