Environ 350.000 tonnes ont déjà été importées par la Seine à Petit-Couronne sur ce site de l'agglomération rouennaise, où Amazon a un projet de vaste plateforme logistique sur 16 des 52 ha en reconversion, a indiqué Eric Branquet expert près la cour d'appel de Paris, à qui la société Valgo a confié le chantier normand.
Ces terres comprennent des sulfates à un taux autorisé (4.000 à 4.500 mg/kg environ) en raison des techniques prévues pour éviter leur migration dans l'environnement, précise M. Branquet. Une dérogation est nécessaire à partir de 1.000 mg/kg, selon l'Etat.
Non loin de là, à Cléon, l'utilisation de terres excavées du Grand Paris avait fait polémique en mars. Des journalistes de "Complément d'enquête" y avaient trouvé un taux de 8.900 mg/kg. Inquiets, deux conseillers départementaux Frédéric Marche (DVG) et Nadia Mezrar (PS) avaient écrit à l'Etat. 650.000 tonnes doivent y être déversées pour remblayer un lac qui jouxte la Seine et des nappes phréatiques, selon le courrier.
Les sulfates sont "une substance nocive pour l'homme dans l'eau potable", y rappelaient les élus. Interrogés, les deux élus se sont dits rassurés par de récents prélèvements montrant que la réglementation était respectée, tout en restant "vigilants".
M. Branquet, lui, comprend l'inquiétude pour Cléon. Mais le cas de Petit-Couronne n'a rien à voir, selon lui. Après remblais, l'eau de la nappe phréatique "sera à huit mètres sous nos pieds" et les remblais sont "compactés" de sorte que "quand il pleut, l'eau ne pénètre pas et donc il n'y a plus de risque de mobilisation des sulfates", explique l'expert.
Les remblais sont destinés à aplanir le site et à élever le niveau du sol d'au moins 50 cm pour l'éloigner de la pollution résiduelle sous-terraine de la raffinerie. Plus de 2.000 m3 d'hydrocarbures ont été pompés dans la nappe. Il demeure 100 m3 environ, précise l'expert. Le "recyclage" des terres du Grand-Paris permet de ne pas prendre des terres naturelles qu'il faudrait en outre acheminer par camion alors que les remblais du Grand-Paris arrivent par la Seine, souligne M. Branquet.
Valgo peut également économiser les 15 millions que lui coûteraient des remblais non recyclés, précise-t-il. "Si vous devez payer des sommes gigantesques de matériaux pour remblayer, l'économie du recyclage de la friche n'est plus possible", souligne M. Branquet.
La dépollution de l'ex-raffinerie représente un investissement de 40 millions d'euros pour Valgo. La reconversion de la friche Pétroplus doit conduire à la création de 2.000 à 3.000 emplois sur le site. Les terrains font en effet l'objet de promesses de vente à plusieurs entreprises de logistique.
Le chantier du Grand-Paris doit produire 23 millions de m3 de terres excavées, selon l'Etat. L'ex-site Petroplus a besoin au total de 1,1 million de tonnes de remblai soit 750.000 m3.