COP26 : ce que contient le Pacte de Glasgow sur le climat

COP26 : ce que contient le Pacte de Glasgow sur le climat

La COP26 prévoit de protéger la biodiversité, renoncer au charbon, arrêter les subventions aux énergies fossiles, réduire les émissions de méthane et financer la transition énergétique des pays en développement.




La conférence sur le climat de Glasgow s’est terminée samedi 13 novembre avec un jour de retard. Elle a abouti au « Pacte de Glasgow sur le Climat » (Glasgow Climate Pact) , un texte de dix pages et 97 points, à la fois décevant et plus réaliste que les textes précédents.

 

Pour la première fois, dans son point 36 en bas de la page 4, cet accord mentionne explicitement le charbon et les énergies fossiles et demande d’accélérer le renoncement au centrales électriques au charbon et aux inefficaces subventions des énergies fossiles.

 

 

 

Le point 37 demande de mettre au point de nouvelles actions pour réduire les émissions de méthane, tandis que le point 38 reconnaît que les buts de l’Accord de Paris de 2015 ne seront pas atteints sans une efficace protection, voire une restauration, de la biodiversité. A Glasgow, la nature reconquiert un pont de chemin de fer abandonné à travers la rivière Clyde. ©PP

 

Sortir du charbon

 

Pour la première fois, un accord international reconnaît l’influence directe du charbon et des autres énergies fossiles sur l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Jusqu’à présent, les mots charbon, pétrole, gaz, énergies fossiles étaient absent des textes qui ont précédé le Pacte de Glasgow.

 

Cette nouvelle reconnaissance s’est traduite par l’engagement d’une quarantaine de pays de renoncer au charbon pour produire leur électricité d’ici à 2040 pour les pays les plus riches, d’ici à 2040 pour les plus pauvres.

 

La Chine consomme plus de 54 % du charbon mondial, suivie par l'Inde (11,6%), les États-Unis (6,1 %), le Japon (3 %), l’Afrique-du-Sud (2,3 %), la Russie (2,2 %), l’Indonésie (2,2 %) et la Corée du Sud (2 %).

 

A l’inverse, les pays les plus dépendants du charbon sont le Bostwana, où le charbon représente 99,8 % du mix énergétique, le Kosovo (94,9%), la Mongolie (92,3 %), l'Afrique du Sud (85,5 %), la Moldavie (82,3 %), l'Inde (70,6 %), la Serbie (70 %) et la Pologne (69,8 %).

 

Cesser de financer les énergies fossiles

 

Le 4 novembre, 20 pays, dont le Canada, le Danemark, les Etats-Unis et l’Italie, ainsi que 5 banques publiques, s’étaient engagés à ne plus financer de projets portant sur des énergies fossiles, s’ils ne comportent pas de dispositifs d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, comme la capture et la séquestration du carbone.

 

La France commence par refuser de se joindre à ces signataires, invoquant sa participation à la coalition « Export for the Future » qui, en avril 2020, rassemble l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne, la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède) et prévoyait, sans fixer de date, un renoncement progressif au financement des projets d'énergies fossiles.

 

La France a adopté en Octobre 2020, un «Plan climat pour les financements export public ». Il prévoit notamment :

 

  • l’interdiction du soutien aux pétroles extra lourds, schistes et sables bitumineux dès 2021,

 

  • l’arrêt du soutien à des projets d’exploitation de nouveaux gisements pétroliers dès 2025,

 

  • l’arrêt du soutien à des projets d’exploitation de nouveaux gisements gaziers d’ici 2035.

 

La France a cependant changé d’avis le 12 novembre : Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a annoncé que la France s’engage à arrêter ses financements du pétrole, du gaz et du charbon à l’étranger dès 2022.

 

Diminuer les émissions de méthane

 

Si le dioxyde de carbone CO2 est le gaz à effet de serre le plus répandu dans l’atmosphère, le méthane (CH4), dont le GWP est de 85 à 20 ans et de 25 à 100 ans (Global Warming Power ou PRG, Potentiel de Réchauffement Global), est un important contributeur au réchauffement climatique.

 

Ainsi, 90 pays se sont engagés à diminuer de 30% leurs émissions de méthane en 2030, comparé à 2020. Ces pays représentent environ la moitié des émissions mondiales de méthane. La Chine, la Russie et l’Inde n’en font cependant pas partie.

 

Quelles mesures seront prises en France ?

 

Il est difficile de traduire le Pacte de Glasgow en mesures qui seront prises en France. Cependant, on peut facilement parier sur le fait que la protection de la biodiversité sera de plus en plus encouragée par la réglementation.

 

Le label qui doit accompagner la RE2020 pourrait s’emparer du sujet à l’automne 2022. D’autres labels volontaires pourraient apparaître d’ici là.

 

Tous les acteurs qui espéraient un relâchement des contraintes pesant sur le gaz naturel dans la RE2020 seront probablement déçus. L’encadrement de la production de biogaz par méthanisation de déchets pourrait être renforcé dans le but d’éviter les fuites de méthane.

 

Au plan mondial, les associations estiment que le Pacte de Glasgow ne permettra pas de respecter les objectifs de l’accord de Paris de 2015. L’ONU souligne pour sa part que le globe se dirige toujours vers une augmentation moyenne de la température de 2,7°C à la fin du siècle.

 

Dans son discours de clôture, Alok Sharma, un homme politique britannique, président de la COP26, s’est dit « sincèrement désolé » (deeply sorry). Le texte final du Pacte de Glasgow indique qu’il s’agit seulement de réduire la place du charbon au lieu de sortir du charbon comme le prévoyait la première version.

 

 

 

L’accord de Paris de 2015 ne sera pas respecté. Antonio Gutterres, Secrétaire Général de l’ONU, a rappelé aux participants que « Pour que l'objectif de 1,5 degré Celsius soit atteint, il faut réduire les émissions mondiales de 45% d'ici à 2030. Mais l'ensemble actuel des contributions déterminées au niveau national - même s'il est pleinement mis en œuvre - augmentera encore les émissions d'ici 2030 ».©PP

 



Source : batirama.com / Pascal Poggi

L'auteur de cet article

photo auteur Pascal Poggi
Pascal Poggi, né en octobre 1956, est un ancien élève de l’ESSEC. Il a commencé sa carrière en vendant du gaz et de l’électricité dans un centre Edf-Gdf dans le sud de l’Île-de-France, a travaillé au marketing de Gaz de France, et a géré quelques années une entreprise de communication technique. Depuis trente ans, il écrit des articles dans la presse technique bâtiment. Il traite de tout le bâtiment, en construction neuve comme en rénovation, depuis les fondations jusqu’à la couverture, avec une prédilection pour les technologies de chauffage, de ventilation, de climatisation, les façades et les ouvrants, les protocoles de communication utilisés dans le bâtiment pour le pilotage des équipements – les nouveaux Matter et Thread, par exemple – et pour la production d’électricité photovoltaïque sur site.
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