Photo : François Pétry, directeur général de Lafarge France, lors de la conférence de presse en ligne. © Emilie Wood
Filiale du groupe Holcim, leader international dans la production de matériaux de constructions, Lafarge France a annoncé ce 10 mars sa stratégie afin de répondre aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que le recyclage des matériaux.
Un nouveau four unique de 60 mètres de long et 4 mètres de diamètre, opérationnel depuis février 2022, qui remplace les deux anciens fours construits en 1956 et 1966, et un projet de traitement du CO2 à Martes-Tolosane, le plus gros chantier industriel d'Occitanie.
© Lafarge France
Tout d'abord, des investissements industriels massifs : pas moins de 120 millions d'euros ont été nécessaires à la modernisation de la cimenterie de Martres-Tolosane, proche de Toulouse. Entrée en service en février 2022 après 3 ans de travaux, l'usine permet d'augmenter la capacité de production de ciment bas carbone tout en réduisant son impact environnemental. Il s'agit de l'investissement le plus important pour le groupe Holcim en France depuis 40 ans. Le tout nouveau four permet d’augmenter la productivité de l’usine tout en réduisant son impact environnemental. La tonne de ciment affiche désormais un poids CO2 réduit de 20%.
Le site de Martres-Tolosane accueillera également en 2024 une plateforme recherche et développement en open innovation pour tester des nouvelles technologies de capture de CO2 plus efficaces, plus économiques et plus respectueuses de l’environnement. Une quinzaine de partenaires européens sont regroupés autour de cette initiative qui est candidate à des financements communautaires et sera référencée dans le réseau européen de recherche sur la capture de CO2.
D'autre part, deux autres investissements majeurs sont prévus cette année : la cimenterie à Saint-Pierre-La-Cour (53) où 40 millions d'euros seront investis dans la construction d'une nouvelle ligne de production, tandis qu'à La Malle (13), 6 millions seront investis dans l'adaptation d'un processus industriel pour produire des ciments bas et très bas carbone (label EcoPlanet) à base d'argile calcinée.
Lafarge a développé une technologie propriétaire, proximA Tech, permettant d’industrialiser la transformation de l’argile en addition fortement décarbonée. L’utilisation de l’argile présente un triple intérêt : elle nécessite une température plus basse pour sa cuisson (800°C au lieu de 1 400°C pour le clinker) et donc moins de combustible. Elle a aussi une faible décarbonation lors de ce chauffage contrairement au calcaire qui se décarbonate à 100%. Enfin, elle est largement disponible et locale. La future installation de la cimenterie de Saint-Pierre-La-Cour est conçue pour n’émettre quasiment aucun carbone grâce à l’utilisation exclusive de combustibles alternatifs et pour produire des ciments dont le taux d’émission de carbone sera réduit de 50%.
Le directeur général a également indiqué la volonté d'être plus réactif qu'autrefois en ce qui concerne la mise sur le marché de nouveaux produits, dès qu'ils obtiennent leur certification et sont utilisables. Cet été, deux nouveaux ciments ternaires bas carbone sont prévus à la commercialisation. Un CEM II (produit à Sète, 34) et le premier CEM VI disponible en France (fabriqué au Teil, 07). Ces nouveaux ciments offrent une réduction carbone de -30% à -50% et viennent enrichir les offres bas carbone EcoPlanet (ciment) et EcoPact (béton).
Dans le cadre d'une démarche volontariste pour accélérer la transition écologique de la construction, Lafarge France accompagne ses clients vers le remplacement progressif des ciments les plus émissifs. Pour le secteur de la préfabrication, il s'agit dans un premier temps d'augmenter l'utilisation du CEM II, puis des ciments EcoPlanet, en lieu et place du CEM I tout en garantissant le même niveau de performance et l'absence d'impact sur les process de fabrication.
Enfin Lafarge France a mis au point et testé avec succès un liant bas carbone nouvelle génération, bas clinker et sans laitier. Ce liant breveté permet la production de béton à - 50% de CO2 sans utiliser le laitier.
Un procédé sous brevet permet de réduire la quantité de clinker nécessaire dans le liant et de réduire l’empreinte carbone du béton jusqu'à 50% et cela sans recours au laitier, une réponse à sa raréfaction annoncée pour les prochaines années. Les bétons fabriqués avec ces liants peuvent couvrir les classes de résistance et d'exposition traditionnelles (C20 à C35/XC à XF…). Ils sont destinés à tous types d'ouvrages et toutes applications (planchers, fondations, voiles etc). Cette technologie n'impacte pas les délais de chantier et s'adapte aux températures. Elle permet une production locale et donc une mise sur le marché massive et rapide. Les normes correspondant à ce nouveau produit n’existent pas pour le moment, même si plusieurs tests chantier expérimentaux ont déjà été réalisés. Lafarge a donc engagé une procédure de certification ATEX sur le béton et une Évaluation Technique de Produits et Matériaux (ETPM).
La conférence de presse a été l'occasion de rappeler le poids du groupe Holcim en France, où il compte 4200 collaborateurs, 470 sites industriels et 200 chercheurs réunis dans le premier centre de recherche et développement au monde dédié aux matériaux de construction. Lafarge France est au 6ème rang mondial au sein du groupe. Les trois objectifs majeurs du groupe :
Après l'acquisition en France du groupe Famy, acteur régional majeur de l’activité granulats situé dans l'Ain, puis de PRB (Produits de revêtements du bâtiment) comme nous l'indiquions dans cet article, le groupe Holcim a également rappelé la prise de participation dans les starts up CCB Greentech depuis novembre 2021 et XtreeE depuis mars 2021. Ces acquisitions doivent permettre au groupe d'atteindre son objectif de devenir une entreprise "net zéro" en 2050, en réduisant de 90 % ses emissions de gaz à effet de serre par rapport à 2020.