Ecomatériaux : la construction en paille

Ecomatériaux : la construction en paille

Bien qu’encore marginale, la construction paille tend à se faire mieux connaître de tous. C’est pourquoi le Réseau Français de la Construction en Paille (RFCP) a publié les “Règles professionnelles de construction en paille”.




 

Considérée par les agriculteurs comme un produit de seconde catégorie, du fait notamment de sa faible qualité nutritive pour les ruminants, la paille a très tôt trouvé une seconde vie  dans la construction.

 

D’abord utilisée en mélange avec de la terre pour former du torchis ou en chaume pour la réalisation des couvertures, ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, avec la naissance de la botteleuse, que la paille a été utilisée sous forme de bottes.

 

Des débuts discrets

 

Relativement répandue aux Etats-Unis, en France, cette technique a eu des débuts discrets, malgré un article paru dès 1921 sur la première maison en paille –la maison aujourd’hui appelée Feuillette– vantant tous les avantages d’une telle construction.

 

La littérature évoque des raisons principalement politiques, l’état français préférant mi­ser, à l’époque, sur l’industrialisation “tout béton” plutôt que l’éco-construction.

 

2 000 réalisations

 

 

Aujourd’hui, l’évolution des techniques de construction –désormais méthodes “poteau-poutre” et “ossature bois”– et celle des mentalités, avec l’essor des matériaux biosourcés, permettent d’inverser la tendance.

 

Les constructions en paille se font de plus en plus courantes. Les Compaillons parlent d’environ 2 000 réalisations aujourd’hui en France, avec une demande du public, attiré par cette méthode de construction, plus importante que l’offre proposée par les professionnels.

 

Technique courante

 

C’est donc afin d’accompagner ce nouvel engouement pour ce mode constructif que le RFCP, Réseau français de la construction en paille, a rédigé les “Règles professionnelles de construction en paille”.

 

Acceptées avec suivi du retour d’expérience tous les deux ans par la Commission Prévention Produits mis en œuvre (C2P*), cet ouvrage a été conçu comme un document technique unifié (NF DTU) de manière à offrir un cadre technique pour la mise en œuvre des bottes de pailles utilisées en remplissage isolant et support d’enduits, intérieur et extérieur, pour tous types de bâtiments dont le dernier plancher se situe à moins de huit mètres.

 

Les professionnels peuvent donc désormais s’assurer en “technique courante” pour la réalisation de constructions en paille, dans les conditions définies dans ces règles professionnelles. Un bel avenir pour la paille !...

 

* Commission constituée au sein de l’Agence Qualité Construction (AQC) ayant pour mission d'identifier les techniques susceptibles d'engendrer des risques de sinistres.




 

Solution 1 : Remplissage isolant

 

Les problématiques de conception des bâtiments isolés en bottes de paille sont relativement semblables aux modes constructifs plus traditionnels.

 

Traitement des ponts thermiques et phoniques, traitement de l’étanchéité à l’air, protection contre l’eau, traitement des échanges de vapeur d’eau, etc. sont autant de points à prendre en considération lors de la création d’un projet de construction paille, sous peine d’altérations des performances des murs isolés avec des bottes de paille.

 

En effet, ces dernières peuvent être dues à plusieurs facteurs dont notamment :

  • densité de paille insuffisante ;
  • chocs ou percements dégradant le parement du mur ;
  • pénétration de la vapeur d’eau dans le système puis blocage interne ;
  • infiltrations d’eau ;
  • migration d’eau par capillarité.


Plusieurs techniques de remplissage isolant à l’aide de bottes de paille, détaillées dans les règles professionnelles, peuvent être mises en œuvre :

 

  1. Remplissage de caissons

 

 

Dans cette technique, les bottes de paille sont insérées, sans laisser de vides, dans des caissons situés entre les éléments structurels. Les montants des ossatures des caissons, assemblés sur site ou en atelier, et leur enveloppe sont majoritairement réa­lisés en bois (bois massif ou reconstitué, panneaux de bois…).

 

La nature des parements des caissons, quant à eux,  dépend des exigences d’étanchéité à l’eau et à l’air et à celles de gestion de la vapeur d’eau.

 

Les équipements techniques peuvent être posés avant ou après fermeture des caissons. Il est toutefois nécessaire de prendre toutes les précautions vis-à-vis des possibles risques d’incendie.

 

  1. Remplissage de structures porteuses

 

Dans ce cas, la structure porteuse du bâtiment doit préalablement être mise en œuvre conformément aux règles de l’Art en vigueur. Au choix du concepteur, elle est constituée en bois, en métal, en petits éléments de maçonnerie ou béton armé. Idéalement, le dimensionnement de ces structures est fait en fonction des dimensions et des caractéristiques des bottes de paille. Ces dernières sont maintenues par des éléments horizontaux, fixés sur la structure porteuse, dont l’espacement dépend de la masse volumique et du taux de compression des bottes de paille.

 

  1. Isolation thermique des toits et des plafonds

 

 

L’isolation thermique des toitures peut se faire sur le chantier ou sous forme de caissons préfabriqués en atelier. Disposé soit horizontalement en plafond, soit sous le rampant du toit, ce type d’isolation doit impérativement intégrer les contraintes particulières aux toitures froides ou chaudes.

 

Comme précédemment, la structure porteuse est préalablement mise en œuvre conformément aux règles de l’Art en vigueur. Les équipements techniques et les chevêtres sont également réalisés, ainsi que les supports des bottes de paille dans le cas où ces dernières sont mises en œuvre directement sur le chantier.

 

Afin d’éviter toutes altérations (voir plus haut), le système isolant “bottes de paille” doit être complété de protection antifeu, contre l’intrusion des animaux, frein-vapeur étanche à l’air…




 

Solution 2 : Revêtements

 

Le maître d’ouvrage ne pourra pas exiger du concepteur la mise en œuvre de n’importe quel revêtement sur une construction en paille. Ce dernier devra être adapté en fonction des conditions climatiques rencontrées sur le site de l’ouvrage concerné.

 

 

Les règles professionnelles visent la mise en œuvre de plusieurs types de revêtements sur les constructions en paille :

 

  1. Enduits normalisés

 

Ces enduits peuvent être réalisés sur les faces intérieures et extérieures des murs construits en paille. Toutefois, la réalisation d’enduits intérieurs ayant tendance à amener une grande quantité d’humidité dans les bâtiments, des dispositions particulières doivent être prises pour la durabilité des ouvrages et le bon séchage des enduits.

 

Pour les murs en paille, ces enduits jouent un rôle de protection non seulement mécanique mais également de retardement contre le feu, de protection à l’eau, etc.
Des précisions sur les dosages et la mise en œuvre précise des enduits sont données par les règles professionnelles.

 

  1. Enduits hydrauliques non normalisés

 

Ils constituent les chaux obtenues par extinction artisanale ou industrielle de chaux vive à partir de recettes de chantier que l’enduiseur maîtrise parfaitement.

 

  1. Enduits à base d’argile

 

Ce type d’enduits est une technique très ancienne couramment utilisée encore aujourd’hui. Plus adaptés pour l’intérieur des bâtiments, ces enduits en terre peuvent toutefois être mis en œuvre à l’extérieur sur des parois protégées des intempéries, à moins que les enduits soient eux-mêmes recouverts d’une finition leur permettant cette protection contre les intempéries.

 

Ces enduits permettent le même type de protection aux parois en paille que les enduits normalisés. Ils participent également à l’isolation acoustique. Des précisions sur les dosages et la mise en œuvre précise des enduits sont données par les règles professionnelles.

 

  1. Plaques ou panneaux de parement

 

Pour ce type de revêtements, le calepinage des parois doit être réalisé en tenant compte des dimensions des ossatures, des bottes de paille et des plaques de parement choisies par le concepteur.

 

L’épaisseur de ces systèmes est déterminée par leur niveau d’implication dans la reprise des efforts ainsi que par la classe du bâtiment, la tenue au feu exigée, les niveaux phoniques et thermiques demandés.

 

L’exécution de la mise en œuvre de ce type de parement ne peut se faire qu’après respect de certaines conditions préalables précisées dans les règles professionnelles.

 

  1. Bardages, vêtures et autres revêtements extérieurs

 

Tout comme les plaques ou panneaux, ce type de revêtements nécessite le montage de structures intermédiaires ou ossatures de quelque nature qu’elles soient.

 

Qu’il s’agisse de bardage, de vêture ou de tout au­tre système extérieur, la paille doit être protégée de l’eau, du feu et des rongeurs par une technique choisie, à la conception, parmi celles présentées dans les règles professionnelles.




 

Le matériau botte de paille…

 

 

Tige sèche de certaines graminées (blé, orge, avoine…) coupées à maturité lors de la moisson, la paille est principalement composée de cellulose. Une couche très fine de cire lui permet d’être légèrement hydrofuge. Raison pour laquelle les bottes conservent leurs dimensions de manière relativement durable.

 

Les bottes de paille les plus adaptées pour la construction de bâtiments sont celles provenant de la coupe du blé. Dans la logique de l’éco-construction, il est préférable qu’elles soient produites le plus proche possible du chantier.

 

Les principales caractéristiques du matériau “botte de paille” sont les suivantes :

 

  • excellent isolant thermique : conductivité thermique entre 0,065 et 0,12 W.m-1.K-1 ;
  • euroclasse feu de la paille : B-s1, d0 ;
  • diffusion de la vapeur d’eau : μ = 2 ;
  • affaiblissement acoustique : 45 dB.

 

Avant de réaliser son chantier, l’attention du constructeur en paille se portera notamment sur les  points suivants :

 

  • pas de traces de pourrissement des bottes de paille ;
  • masse volumique des bottes respectant les prescriptions des règles professionnelles, avec un minimum de 80kg/m3 ;
  • présence d’un minimum de 2 ficelles de liage ;
  • bottes exclusivement composées de paille en tiges ;
  • mise en adéquation entre les dimensions des bottes de paille et l’ouvrage à réaliser ;
  • mise en place de dispositions adéquates afin de protéger les bottes de paille contre l’eau de ruissellement, les remontées capillaires, les infiltrations, etc.



INFOS PRATIQUES

 

Textes de référence

 



Liens utiles

 

  • www.compaillons.eu
  • www.qualiteconstruction.com

 

 

Source : batirama.com / FL

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