Depuis 2018, Cycle Up développe des outils pour faciliter le réemploi dans le bâtiment. Depuis le premier jour de sa création, l’entreprise a ouvert une marketplace pour les produits de réemploi. Sur son site, Cycle Up propose douze catégories de produits recyclés et la possibilité pour tierces parties de mettre en vente des produits issus de la déconstruction. On y trouve un peu tout : un groupe froid eau/eau Trane de 2017 à 30.000 € HT, malheureusement conçu pour le R134a, ou bien 70 WC suspendus à 38 € HT/pièce.
En 2021, Cycle Up a ouvert son premier entrepôt de 1.000 m² à Saint-Ouen dans le nord de Paris pour la gestion des flux et le stockage des matériaux de réemploi avec des équipes en insertion professionnelle. Cet entrepôt est géré en collaboration avec Bouvelot TP et la manutention est assurée par des équipes du groupe ARES.
Depuis septembre 2022, Cycle Up a aussi, en partenariat avec la société Made in Past, un corner de matériaux dans leur entrepôt de la région de Lyon. Un nouvel entrepôt a été ouvert à Rennes.
Leurs entrepôts permettent de proposer de nombreux matériaux tels que luminaires, cloisons, portes, WC, lavabos, moquette, parquet… disponibles immédiatement. Il suffit de commander en ligne sur la marketplace et de prendre RDV pour retirer les matériaux en mode click & collect.
Le 10 juillet 2023, Cycle Up, en partenariat avec Acorus, a ouvert son premier atelier de reconditionnement. Situé à Noisy-le-sec près de la gare TRER, l’atelier commence son activité industrielle avec les appareils sanitaires : WC sur pied, WC suspendus, receveurs de douche, lavabos sur colonne et suspendus, urinoirs, etc.
Selon Théophile Viennot, responsable de cet atelier pour Acorus, il y a à la fois, toujours une demande pour des appareils sanitaires et une offre continue d’appareils déposé. Dans des bureaux privés, par exemple, les sanitaires sont refaits tous les trois à cinq ans. Il était donc logique pour Cycle Up et Acorus de commencer par les appareils sanitaires. ©PP
La marche à suivre pour nettoyer les appareils sanitaires déposés a été mise au point par Anne-Claire Muller et Zarroug Belmiloud d’Acorus. Ils ont commencé dans un garage d’Acorus au 4ème trimestre 2022. L’atelier de Noisy-le-Sec a été loué par Cycle Up, puis équipé par Acorus. ©PP
Zarroug Belmiloud d’Acorus a trouvé cette machine Clenea, vendue et installée par Jean-Christophe Pruvost : à partir de 2000 l d’eau et d’un réservoir de sel, elle produit 1000 l de solution acide et 1000 l de soude. Elle réduit le coût de l’achat des solutions de soude et d’acide utilisée lors du nettoyage des céramiques. En 33 heures, à partir de 2000 l d’eau, elle produit 1000 l de solution acide et 1000 l de solution caustique. Ce qui suffit pour trois à quatre semaines d’exploitation de l’atelier. A plein régime, il produit 400 lavabos par mois, soit environ 100 par semaine. La consommation d’eau prévue est de 3 000 l par mois. Dès le début de l’automne, une récupération d’eau de pluie sera en place, ainsi qu’une récupération des eaux de lavage, stockées dans une cuve de 1000 l. ©PP
Prenons le cas d’un WC.
Un WC arrive sur palette avec d’autres WC et appareils sanitaires et fait tout de suite l’objet d’un examen visuel dans le but de déceler les appareils ébréchés, fendillés, ... Ceux-ci ne sont pas recyclés, sauf si le dommage est jugé purement esthétique et n’entame pas les qualités fonctionnelles du produit. Une fois nettoyé, il sera proposé à la vente, moins cher, les défauts seront indiqués et il sera plutôt recommandé pour des bases vie, par exemple. ©PP
S’il est jugé en bon état, le WC est d’abord démembré : toutes les parties en plastique sont retirées, ainsi que les joints et les abattants, la cuvette est séparée, son robinet a flotteur déposé, … Vient alors un second examen plus approfondi pour vérifier ses qualités et décelés d’éventuels défauts qui n’étaient pas visible lorsqu’il était assemblé.
Pour le nettoyer, le WC est d’abord plongé dans un bain de soude, puis lavé à l’eau et plongé dans un bain d’eau acide. Il faut une journée de séjour dans le bain d’eau acide pour des lavabos, des vasques, des urinoirs, mais 2 à 3 jours pour des cuvettes de WC dont la géométrie est plus complexe. ©PP
Il est ensuite relavé à l’eau puis mis à sécher sur une palette. Une fois sec, le WC est à nouveau équipé d’un abattant s’il s’agit d’un WC sur pied. En effet, l’entraxe de fixation des abattants sur les WC sur pied est standard. Ce n’est pas le cas du tout des WC suspendus qui sont donc vendus nus : sans abattant, ni bâti-support. ©PP
Un pack WC sur pied avec cuvette, réservoir et mécanisme de chasse est vendu 135 € HT. Soit à peine en dessous que du neuf premier prix. Ces appareils reconditionnés sont en revanche de meilleure qualité que le neuf d’entrée de gamme. Un urinoir reconditionné est venu 50 € HT. Mais surtout, l’empreinte environnementale d’un WC sur pied neuf atteint 102,5 kgCO2eq, contre seulement 2,5 kgCO2ep pour un WC sur pied recyclé. Ce qui représente 97% d’économie de CO2eq et devient moins lourd que le transport des WC qui pèse environ 4% dans leur bilan carbone.
Ce premier atelier de Noisy-le-Sec, qui a vocation à être reproduit partout ou Cycle Up possède des entrepôts, sert également à mettre au point de nouvelles méthodes de recyclage pour de nouvelles gammes de produits. La méthode est déjà prête pour les radiateurs en fonte : nettoyés, passés à la soude, puis à l’acide, afin que leur étanchéité ne soit testée sous 6 bar de pression. S’il y a un défaut, les éléments sont démontés, les joints refaits, le radiateur réassemblé, puis testé à nouveau.
A Noisy-le sec, le prochain chantier qui commence tout juste va consister à développer une procédure de recyclage pour les mitigeurs monocommande. Cycle Up s’est rendu compte que les cartouche des mitigeurs monocommande sont presque toujours différentes d’une marque à l’autre. L’entreprise a donc décidé de ne pas les remplacer. Le recyclage consistera à démonter et nettoyer les mitigeurs pour leur rendre un aspect neuf, à changer le mousseur et à vérifier leur fonctionnement une fois remontés. ©PP
L’atelier de Noisy-le-Sec va s’attaquer également aux appareils électriques : sources d’éclairage, éclairage de sécurité, disjoncteurs, etc. Cette extension commence à peine et devra d’abord déterminer quels appareils électriques se prêtent bien à la remise en état. ©PP
Selon Philippe Benquet, président d’Acorus, lors d’une rénovation de logements, par exemple, les matériaux représentent environ 40% du poids carbone. L’une des voies les plus prometteuses pour réduire l’empreinte carbone des rénovations, c’est le réemploi. ©PP
Pour Sébastien Duprat, dirigeant de Cycle Up, l’investissement de 150.000 € pour l’équipement de cet atelier n’est qu’un premier pas. La demande pour des matériels et matériaux recyclés ne cesse de croître et Cycle Up équipera ses autres entrepôts d’ateliers similaires. ©PP