Déposant devant la commission Charbonneau, chargée d'une enquête publique sur la corruption, Gilles Théberge, ancien directeur des travaux chez Sintra, a déclaré que celle-ci, numéro un de l'asphalte dans la province francophone, s'adonnait avec trois autres sociétés du secteur à "l'harmonisation" portant sur les prix, les volumes et les territoires desservis.
Grâce à ce procédé, a-t-il affirmé en substance, la marge bénéficiaire des participants atteignait 30%, alors que sans lui elle se situait entre 4% et 8% "en libre concurrence".
M. Théberge, aujourd'hui à la retraite, qui avait fait une longue carrière chez Sintra, avait quitté abruptement l'entreprise le 15 juillet 2000 au lendemain de l'explosion nocturne d'une bombe sous sa voiture, garée devant son domicile.Il avait alors estimé, et l'avait dit au président de Sintra de l'époque, Daniel Ducroix, que la collusion, dont il connaissait la présence depuis quelques années, "allait trop loin", sans émettre d'hypothèse précise sur les causes de l'attentat.
Auparavant, il acceptait de participer à des ententes illicites parce qu'il "n'avait pas le choix" pour garder son emploi, pour lequel il touchait un bon salaire, disposait d'une belle voiture de fonction et d'un compte de dépenses.C'est la première fois depuis le début de l'enquête de la commission Charbonneau il y a un an qu'une entreprise appartenant à un groupe étranger est nommément mise en cause.