Règlement européen (1) : la fin des chaudières atmosphériques
Batirama
28/07/2014
Article mis à jour le 29/07/2014
Un Règlement Européen impose une amélioration du rendement des chaudières et une réduction de la pollution qu’elles émettent. Trois articles font le point sur ses conséquences. Il existe en Europe toute une nomenclature des chaudières gaz et fioul en fonction de la manière dont les produits de combustion sont évacués et dont l’air comburant est amené au brûleur. Or, le type B1, des chaudières murales ou au sol, classiques, à tirage naturel avec coupe-tirage, ne pourra plus être vendu en Europe à compter de septembre 2018.
Ce n’est pas bien grave, pourrait-on penser. Il suffira de poser des chaudières à condensation étanches à ventouse – de type C – ou sans coupe-tirage de type B2 à la place. Ce n’est pas faux, mais il existe en France plusieurs millions de chaudières B1.
Elles sont cependant installées dans des configurations où l’on ne peut pas les remplacer facilement par des chaudières à condensation de type C ou B2. Ce sera même très compliqué et, parfois, il faudra remplacer d’un seul coup toutes les chaudières individuelles d’un immeuble.
© Bosch Thermotechnik
- Les chaudières basse température et Bas NOx assurent une excellente qualité de combustion avec de faibles taux de NOx. Mais à charge partielle, les fumées sont à température suffisamment basse pour condenser dans les conduits.
Deux millions de générateurs à problème
Depuis le milieu des années 50 et jusqu’à la fin des années 70 environ, la France a vu se développer des techniques de conduits de fumée très particulières en immeubles collectifs : l’alvéole technique gaz, la VMC gaz et le conduit Shunt ou Alsace.
Selon Poujoulat, la France compte près d’un million de chaudières individuelles de type B1 raccordées à des conduits individuels en logements collectifs, plus environ 600 000 chaudières B1 individuelles raccordées à des conduits Shunt ou Alsace.
D’autre part, 100 000 logements sont en alvéole technique gaz et 400 000 autres en VMC gaz en collectif, presque en totalité en simple flux. Ce qui indiquerait, au total, quatre configurations et plus de deux millions de générateurs à problème à compter de septembre 2018. Quel est le problème d’ailleurs ?
Le règlement européen demande des rendements et des qualités de combustions tels, à compter de septembre 2018, que seules les chaudières de type C ou B2, à condensation ou Bas Nox pourront être commercialisées. Or, de telles chaudières ne pourront être montées dans les quatre configurations pré-citées.
Un casse tête pour le remplacement des chaudières
Premièrement, la température de leurs fumées est trop basse, il est certain que la vapeur d’eau contenue dans les fumées condenserait dans ces vieux conduits non-isolés et que de l’eau ruissellerait à l’intérieur des conduits. Ils sont construits en éléments maçonnés non-étanches à l’eau et des fuites, puis des dégâts des eaux apparaîtraient rapidement.
Deuxièmement, les chaudières étanches (type C) à condensation ou Bas NOx sont pourvues d’un ventilateur pour bien gérer le mélange air-gaz dans le brûleur. Leurs fumées sont donc évacuées en pression, contrairement à celles des chaudières B1 à tirage naturel qui fonctionnent quasiment à pression atmosphérique.
Les vieux conduits maçonnés ne sont pas étanches à l’air et des fuites de produits de combustion risquent de polluer l’air intérieur des logements. D’ailleurs, la norme NF DTU 24.1 “Travaux de fumisterie”, dans sa version de février 2006, amendée en décembre 201 est claire.
Elle indique : « Le raccordement d’appareils basse température et à condensation est interdit sur des conduits collectifs existants à départ individuel (type Shunt), hors procédés spécifiques de réhabilitation faisant l’objet d’un Avis technique ou d’un document technique d’application ».
Faut-il modifier les conduits ?
Imaginons, en septembre 2018, un installateur appelé par un client parce que sa chaudière individuelle classique de type B1 est en panne. Si la chaudière est installée dans l’une des 4 configurations ci-dessus, il sera forcé de modifier le conduit à grand frais s’il s’agit d’un conduit individuel.
S’il s’agit d’un conduit collectif – Alvéole technique gaz, VMC gaz, Shunt ou Alsace – il sera contraint de dire à son client que tous les appartements de l’immeuble doivent modifier leur conduit collectif et que tous doivent remplacer leurs chaudières individuelles en même temps.
S’il s’agit d’une seule chaudière en panne dans une copropriété, imaginez la réaction des autres copropriétaires. Il existe pourtant un petit nombre de solutions, exposées dans notre article suivant “Les solutions après septembre 2018”.
De la Directive au Règlement Européen
L’Europe a
modifié la
manière dont sont élaborées les
réglementations communautaires. La
lourdeur des Directives
Européennes -
plusieurs années de
débats pour
aboutir à un
texte,
puis à nouveau
plusieurs années pour
transposer la Directive en
droit national de
chacun des 28
membres de
l’Union – au
développement des
règlements européens.
Un
règlement européen s’applique à travers l’Union dés le jour de
sa publication, sans
qu’il soit nécessaire de le
transposer.
C’est ainsi qu’est paru au JO des
Communautés Européennes du 6/9/2013, le
Règlement n°813/2013 de la Commission du 2
août 2013.
Ce nouveau règlement modifie d’un seul coup trois directives : la Directive Rendement, la Directive Ecoconception et la Directive Etiquetage Energétique. Il porte notamment sur la performance des chaudières.
Il a pour conséquence d’exclure du marché Européen dés septembre 2015, les appareils les moins efficaces, puis, en septembre 2018, de diviser pratiquement par trois les émissions de polluants admissibles pour les chaudières commercialisées dans l’Union Européenne.
Cette progression – amélioration de rendement + réduction des rejets polluants - posera de vraies difficultés techniques pour remplacer les chaudières B1 installées dans bon nombre d’immeubles collectifs en France à compter de septembre 2018.
© Gdf-Suez
- Evacuations des chaudières étanches : il existe 5 variations de chaudières étanches de type C. Leur emploi résout la question de rénovation des conduits de fumer et permet des travaux logement par logement. Mais l’esthétique des sorties de ventouse en façade n’est pas toujours acceptée en copropriétés.
Trois systèmes de conduits de fumées spécifiques
L’Arrêté du 2
août 1977
relatif aux
règles techniques et de
sécurité applicables aux installations de
gaz combustible et
d’hydrocarbures liquéfiés situées à l’intérieur des
bâtiments d’habitation ou de
leurs dépendances définit l’alvéole technique
gaz comme suit.
Il
s’agit d’un « Local
disposé à un
niveau d’un immeuble collectif s’ouvrant sur les parties communes et
affecté,
à l’exclusion de tout
autre usage,
à l’installation d’appareils individuels de production
d’eau chaude sanitaire ou de
chauffage des
logements ainsi que des
conduites d’alimentation en
gaz, des conduits
d’amenée d’air ou d’évacuation des
gaz de combustion
correspondants ».
La
VMC gaz consiste à extraire l’air de ventilation et les
produits de combustion par le
même dispositif de ventilation
mécanique. Elle
est dotée d’un mécanisme de
sécurité qui
éteint la
chaudière ou empêche son
démarrage en
cas de
panne de
l’extracteur d’air de la ventilation et
elle existe en simple
ou double-flux.
Les conduits Shunt
sont des conduits de
fumée maçonnés,
montés en
immeubles collectifs entre 1955 et 1975. Il
existe des conduits Shunt "
spécifiques gaz",
destinés seulement à l’évacuation des
produits de combustion.
Mais aussi des conduits Shunt
mixtes,
assurant simultanément ventilation et
évacuation des
produits de combustion.
Avant 1958,
dans l’Est de la France, les conduits "Alsace"
ressemblaient aux conduits Shunt,
mais avec une section de
collecteur variant de 250
à 400 cm²,
selon le
nombre des
appareils raccordés. Six
chaudières au maximum
peuvent être raccordées à un
collecteur Shunt
ou Alsace.
Source : batirama.com / Pascal Poggi
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Bonjour J’habite dans un immeuble collectif de 1960, la cheminée d’évacuation des fumées est de type shunt. J’envisage de remplacer ma chaudière FRISQUET de 29 ans, installée dans la salle de bain, par la chaudière FRISQUET dernière génération de type B1 répondant aux normes européennes du 26/09/2018. Ma question Est ce que je peux la remplacer en lieu et place de l’ancienne ? (elle se trouve à plus de 60 cm de la baignoire) Je vous remercie de votre attention. Cordialement