Pour une entreprise de gros œuvre, réussir un ouvrage en béton c’est le rendre durable, autrement dit apte à répondre aux exigences de son fonctionnement. Ainsi la coordination entre les divers corps d’état sur les chantiers en est un élément fondamental. En amont de cette étape, il est une relation qu’il est important de bien maîtriser pour cette entreprise : celle qui la lie à son fournisseur de béton. Forte de ses 45,2 millions de m3 de béton produits en 2007, l’industrie du béton prêt-à-l’emploi (BPE) s’affirme comme un partenaire essentiel dans la majeure partie des chantiers de bâtiments. Le document de référence qui définit de manière contractuelle la relation entre le fournisseur et l’utilisateur de BPE est la norme NF?EN 206-1. Applicable depuis 2004, elle est devenue incontournable et donne tous les éléments nécessaires pour que l’entreprise (responsable de la mise en œuvre du béton) puisse avoir un produit livré conforme, sous réserve de remplir quelques conditions qui sont rappelées ci-après.
3 acteurs bien distincts
Tout d’abord, la norme NF?EN 206-1 définit et, surtout, clarifie les responsabilités de trois acteurs bien distincts : le prescripteur, le producteur et l’utilisateur (voir encadré).
Dans le cas de BPE, l’acheteur du béton frais est le prescripteur (client-prescripteur). C’est donc à lui de fournir au producteur, à chaque commande, toutes les spécifications normatives du béton. Ces spécifications dépendent du type de béton utilisé (voir tableau page 41) mais, toutefois, il est à souligner que cinq paramètres fondamentaux sont à prendre en compte :
1- la classe d’exposition ;
2- la classe de résistance à la compression ;
3- la classe de consistance ;
4- la classe de chlorures ;
5- la dimension maximale des granulats.
Commande globale
Une fois ces paramètres définis, l’utilisateur du BPE adresse à son fournisseur, préalablement au commencement des travaux, une commande globale définissant tous les bétons qu’il utilisera. Cette commande comportera également les clauses commerciales, l’éventuel référencement aux règles professionnelles (ou à la marque NF), si possible les parties d’ouvrages auxquelles les bétons sont destinés, la désignation du béton, etc. Cette commande doit être transmise de manière écrite (par fax ou courrier) par souci de traçabilité. Dès réception du bon de commande signé par le producteur, l’entreprise peut lancer l’ordre de livraison à son fournisseur selon ses besoins sur le chantier concerné.
Source: batirama.com / Maguy Pourrat
Désignation d’un BPS selon la NF EN 206-1 |
Comme cela est précisé tout au long de cet article, cinq paramètres sont fondamentaux dans la définition d’un béton. Ce sont ces cinq paramètres que l’on retrouve dans la désignation d’un BPS, tels que définis dans la norme NF?EN 206-1 : |
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Norme NF EN 206-1 : les 3 acteurs |
Spécifications normatives des bétons | ||
Type de béton
| Données obligatoires
| Données complémentaires
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BPS a) | • Exigence de conformité à l’EN 206-1 • Classe de résistance à la compression • Classe d’exposition • Classe de consistance • Classe de teneur en chlorures • Dimension maximale nominale des granulats Pour le béton léger : • Classe de masse volumique ou masse volumique cible Pour le béton lourd : • Masse volumique cible | • Types ou classes particulières
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BCP b) | • Exigence de conformité à l’EN 206-1
| • Indication de l’origine de certains ou de tous les constituants du béton qui se substitue aux caractéristiques pour celles qui ne sont pas définissables autrement • Exigences complémentaires pour les granulats • Exigences concernant la température du béton frais à la livraison, si nécessaire • Autres exigences techniques |
a) Béton à Propriétés Spécifiées : béton pour lequel les propriétés requises et les caractéristiques supplémentaires sont spécifiées au producteur qui est responsable de fournir un béton qui satisfait à ces propriétés requises et à ces caractéristiques supplémentaires. b) Béton à Composition Prescrite : béton pour lequel la composition du béton et les constituants à utiliser sont spécifiés au producteur qui est responsable de fournir un béton respectant cette composition prescrite. |
Avis d’expert Laure Ravot* : « Se former pour bien commander son béton ! »
Depuis juin 2009, une nouvelle formation aide les entreprises à bien commander leurs bétons, grâce à l’initiative de l’Union de la maçonnerie et du gros œuvre… Laure Ravot, chargée de mission formation à l’UMGO répond à nos questions.
D’où est venue l’idée de mettre en place une telle formation ?
Très souvent, la commande du béton est faite par téléphone du chantier. Et les spécifications attendues et propriétés requises par le choixde la méthode de mise en œuvrerestent floues. Cependant les textes considèrent que c’est l’entreprise de gros œuvre qui est le prescripteur final. Sa responsabilité est donc engagée en cas d’inadéquation du béton utilisé et de sinistre. L’Union de la maçonnerie et
du gros œuvre de la FFB a conçu cette formation afin que les entreprises prennent conscience du partage des responsabilités entre l’entreprise de mise en œuvre et le fournisseur de BPE et ainsi faire évoluer les pratiques afin que l’entreprise diminue ses risques.
A qui s’adresse cette formation ?
Cette formation, organisée sur une journée, s’adresse plus particulièrement aux chefs d’entreprise, chefs de chantier, conducteurs de travaux et chefs d’équipe confirmés, soit toute personne en charge de la commande du béton.
Où les personnes intéressées par cette formation peuvent-elles se renseigner ?
Les Instituts de Formation et de Recherche du Bâtiment (IFRB) et autres centres de formations de la profession dans les régions devraient proposer cette formation à partir de la rentrée. Les personnes intéressées peuvent également se renseigner auprèsdes fédérations départementales du bâtiment.
*?Chargée de mission formation à L'UMGO
Point n° 1 | Les classes d’exposition | |
Les classes d’exposition traduisent les types d’agressions auxquelles l’ouvrage (ou une partie de l’ouvrage) va être soumis pendant sa durée de vie. Elles sont au nombre de 18, divisées en 2 groupes : | ||
Les classes d’exposition courantes
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Ces classes correspondent aux expositions rencontrées le plus fréquemment dans les ouvrages de bâtiment.
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Classe | Description de l’environnement | |
Aucun risque de corrosion ni d’attaque
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X0 | Béton non armé et sans pièces métalliques noyées : toutes les expositions sauf en cas de gel/dégel, d’abrasion et d’attaques chimiques. | |
Béton armé ou avec pièces métalliques noyées : très sec. | ||
Corrosion induite par carbonatation
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XC1 | Sec ou humide en permanence. | |
XC2 | Humide, rarement sec. | |
XC3 | Humidité modérée. | |
XC4 | Alternance d’humidité et de séchage. | |
Attaque gel/dégel avec ou sans agent de déverglaçage* (voir la carte ci-dessous)
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XF1 | Saturation modérée en eau sans agent de déverglaçage. | |
XF2 | Saturation modérée en eau avec agents de déverglaçage. | |
XF3 | Forte saturation en eau sans agent de déverglaçage. | |
XF4 | Forte saturation en eau avec agents de déverglaçage ou eau de mer. | |
Les classes d’exposition particulières
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Ces classes correspondent à des expositions spécifiques telles des ouvrages exposés à l’eau de mer
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Classe | Description de l’environnement | |
Corrosion induite par les chlorures, ayant une origine autre que marine
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XD1 | Humidité modérée | |
XD2 | Humide, rarement sec | |
XD3 | Alternance d’humidité et de séchage | |
Corrosion induite par les chlorures présents dans l’eau de mer
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XS1 | Exposé à l’air véhiculant du sel marin, mais pas en contact direct avec l’eau de mer | |
XS2 | Immergé en permanence | |
XS3 | Zones de marnage, zones soumises à des projections ou à des embruns | |
Attaques chimiques
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XA1 | Environnement à faible agressivité chimique | |
XA2 | Environnement d’agressivité chimique modérée | |
XA3 | Environnement à forte agressivité chimique |
*Trois zones de gel en France sont définies dans le FD P18-326 : | • gel faible (XF1 ou XF2) : |