Pont thermique : obligation de traitement

Pont thermique : obligation de traitement

Les ponts thermiques doivent être contrés pour éviter une dégradation de l’isolation des parois. Il faut utiliser le bon système au bon endroit.




Dans un bâtiment, plus l’isolation et l’étanchéité à l’air sont importantes, plus les déperditions générées par les ponts thermiques augmentent. Provoqués par une discontinuité entre les matériaux et les parois de structure, ces derniers sont alors les seuls points de passage vers l’extérieur.

 

André Pouget, directeur du bureau d’étude thermique éponyme, a l’habitude de les comparer à… une baignoire: «Ne pas les traiter, c’est comme remplir une baignoire sans en fermer la bonde». Cette problématique n’est donc pas nouvelle, mais aujour­d’hui leur traitement est d’autant plus justifié qu’ils peuvent représenter plus de la moitié des déperditions par les parois (hors ventilation) dans un bâtiment isolé au niveau BBC.

 

D’ailleurs, les rédacteurs de réglementation thermique 2012 ne s’y sont pas trompés en imposant leur traitement dans le neuf.

 

Pérennité du bâti

 

Au-delà de la simple conformité réglementaire, cette obligation de traitement est aussi nécessaire pour assurer la pérennité du bâti contre certaines pathologies –risques de fissurations, moisissures, condensation et corrosion au droit des ponts thermiques–?et, par là-même, le confort des occupants.

 

Au plan constructif, nombreux sont les points singuliers où une rupture de l’isolation est possible : planchers, refends, toiture ou acrotères avec murs extérieurs ; planchers bas avec refends ou poutres ; planchers intermédiaires avec balcons ; tableaux de fenêtre ; refends avec toiture…

 

Continuité de l’isolation

 

S’est donc développée, pour chacun de ces points particuliers, une offre de rupteurs de ponts thermique, autrement dit des éléments isolants que l’on insère dans la maçonnerie pour bloquer le point de passage.

 

Le tout, sans nuire à la stabilité du bâti. Résultat : les rupteurs de pont thermique se distinguent par la composition de leur corps isolant (laine minérale, polystyrène…), mais surtout varient dans leur forme en fonction de la liaison à traiter (dalle/façade, dalle/balcon, dalle/refend…) et du type de structure.

 

Leur intégration lors de la phase conception est indispensable pour assurer ou rétablir (rénovation lourde) la continuité de l’isolation. Dans le neuf, ces complexes étant intégrés au gros œuvre, aucune détérioration n’est à craindre de même qu’aucun entretien n’est nécessaire.

 

Il est possible aussi, dans certains cas, de s’affranchir du rupteur proprement dit. Ainsi, dans le cas d’un plancher bas sur terre-plein, le traitement le plus indiqué de la liaison avec le mur extérieur et les fondations est la dalle flottante sur isolant, la remontée périphérique de l’isolant rompant de façon efficace le pont thermique entre dalle et longrine.

 

 

3 catégories de ponts thermiques

 

  1. Linéaires, ils concernent les liaisons de deux éléments constructifs (dalle, murs, menuiserie, poutres…).

 

  1. Structurels, ils sont liés aux systèmes de fixation (équerres, chevilles, rails, pièces de bois) qui, en traversant les isolants ou leurs parements, sont susceptibles de les dégrader fortement.
  1. Ponctuels, ils surviennent à la jonction de trois parois (angle en bas de mur…).



Solution 1 : Plancher bas et d’étage

 

 

©Rector

 

Les rupteurs de pont thermique apportent le complément d’isolation indispensable en about de dalle et en rives.

 

Placés en périphérie des planchers intermédiaires (vide sanitaire, étage et combles), ils diminuent considérablement les ponts thermiques linéiques des liaisons murs-planchers. Lesquels représentent, à eux seuls, 18% des déperditions totales d’une maison individuelle.

 

Ils se distinguent par leur forme adaptée aux différents procédés de planchers poutrelles auxquels ils sont associés. Ils sont constitués soit de polystyrène expansé (PSE), de laine de roche compressée, d’un assemblage PSE et support OSB, ou d’un assemblage PSE et polyuréthane.

 

Leur mise en œuvre, comme celle des poutrelles et des entrevous, demande une connaissance parfaite des méthodes de pose que l’on trouve dans les Avis technique des fabricants.

 

Qu’il s’agisse de rupteurs de refend transversaux ou longitudinaux, ces éléments assurent la connexion avec les entrevous du plancher. Ils sont connectés l’un à l’autre (emboîtement) ou simplement juxtaposés.

 

Les rupteurs longitudinaux, eux, sont placés perpendiculairement aux poutrelles. Ils existent aussi des rupteurs de rehausse utilisés soit sur toute la hauteur de la dalle de compression, soit partiellement.

 

Des éléments complémentaires peuvent aussi être disposés au-dessus des rupteurs. Dans tous les cas, une attention particulière doit être apportée lors du coulage de la dalle de compression afin que les éléments ne soient pas déplacés.

 

Intérêts :

traitement en continu. Solutions dédiées à chaque plancher

Limites :

reste un petit pont thermique au niveau des ferrailles

 

 

Alternative béton isolant

 

Il existe, pour les murs banchés en béton, une alternative aux rupteurs thermiques : un béton constitué d’agrégats spécifiques qui apportent un complément d’isolation.

 

Dit “isolant”, on le destine à la réalisation de voiles de façade et de pignons avec, pour objectif, la limitation des ponts thermiques de liaison entre façades et planchers et façades et refends – cela, bien sûr, dans le cas d’une isolation thermique par l’intérieur.

 

La réduction des déperditions est de 35 à 40%, ce qui permet soit de s’affranchir de la pose de rupteurs de pont thermique en about de dalle, soit d’apporter un renfort à ces rupteurs pour répondre à des exigences plus sévères.




Solution 2 : Balcons et loggias

 

 

©Schock

 

Ici, on agit davantage sur la structure du bâtiment ou des balcons, plutôt que sur les systèmes d’isolation.

 

  • Première solution : des rupteurs dans la maçonnerie pour assurer la continuité de l’isolation en about de dalle ou balcons, tout en reprenant les sollicitations de la structure. Adaptés à l’ITI comme à l’ITE, ils ne règlent pas la totalité du pont thermique.

 

Autre solution plus radicale : disjoindre complètement ou en partie le balcon de la structure porteuse du bâtiment, en coupant partiellement la dalle et en remplissant des réservations d’isolant entre le mur et le balcon. Ici, le balcon reste porté par des accroches ponctuelles, d’où risque de déperditions. Une solution améliorée en interposant des rupteurs entre la dalle et la platine métallique.

 

  • Deuxième solution : concevoir des balcons sur prédalles intégrant un espace pour le passage de l’isolant. Il faut ensuite prévoir le ferraillage nécessaire entre les parties intérieures et extérieures et le coulage de la dalle réalisée a posteriori.

 

Autre option : des consoles en béton fixées dans la continuité des refends. Les ponts thermiques sont limités à cet endroit. Plus radicale, la solution des balcons auto-portés, la seule à garantir une rupture complète du pont thermique, dans le neuf comme dans l’ancien (rénovation lourde). Le principe est simple mais onéreux?: désolidariser les balcons de la façade en créant une structure porteuse (métallique, béton, bois).

 

Intérêts :

coût moindre que la désolidarisation du balcon

Limites :

le balcon reste porté par des accroches ponctuelles

 

 

Que dit la réglementation ?

 

Depuis l’entrée en application de la RT2012, le ratio de transmission thermique linéique moyen global (Ratio Ψ) des ponts thermiques du bâtiment ne doit pas excéder 0.28 W/(m²SHONrt.K), et le coefficient de transmission thermique ­linéique moyen des liaisons entre planchers intermédiaires et murs extérieurs ou un local non chauffé ne doit pas dépasser 0.6 W/(m.K).

 

Cette dernière ­valeur a failli être remise en cause par le groupe de travail 1 du projet “Objectif 500 000”, travaillant à la simplification des normes de construction. Après le tollé que cette proposition a soulevé, elle a finalement été abandonnée.  
 

 




Source : batirama.com / Stéphane Miget

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