En entrant dans le Hall 8.0, la première impression frappante est l’immensité des stands, qui reflète bien la croissance des grands groupes européens du chauffage. Tous, même Viessmann, ont choisi la voie de la croissance externe et achètent des entreprises pour conquérir de nouvelles parts de marché ou maîtriser plus rapidement de nouvelles technologies.
Buderus, Vaillant, Viessmann, Stiebel Eltron, Ariston, etc. possèdent des stands énormes qui reflètent leur taille en Europe. La foule s’y presse. Pourtant, la véritable puissance de certaines de ces entreprises est parfois dissimulée par le fait que chacune de leurs marques s’affiche sur un stand indépendant.
Le groupe Bosch, par exemple, s’étale sur trois stands : Buderus, le plus grand, Bosch Thermotechnik pour la grande puissance, et au fond du Hall 8.0, Junkers ou plutôt Bosch-Junkers, du nouveau nom de la marque désormais, marquant ainsi le début d’une transition qui devrait voir Junkers s’effacer au profit de Bosch d’ici quelques années.
Le même phénomène s’est produit en France : e.l.m. Leblanc demeure, mais Buderus et Geminox ont disparu au profit de Bosch Thermotechnoloie. Au total, les stands Bosch couvrent plusieurs milliers de m² à ISH. De même, le groupe Thermea BDR s’affiche sur 4 stands : Remeha, De Dietrich, Oertli et Brötje. Ce qui, en termes de surface d’exposition, donne un total très respectable.
Seul le français Atlantic est discrètement installé dans le Hall 9.0, sans mettre en avant la puissance que lui donne l’ensemble de ses marques et son récent achat du britannique Caradon Boilers. Le norvégien NIBE peut lui-aussi être facilement sous-estimé. Pourtant, à force de rachats notamment dans l’univers des pompes à chaleur – Alpha Innotec, Nibe, Technibel – il est devenu l’un des tous premiers groupes européens dans l’univers du chauffage et de la production d’ECS.
A ISH, on dénombre au moins quatre stands du groupe NIBE dispersés dans différents halls. La présence française, à travers les marques historiques du chauffage, a pratiquement disparu. De Dietrich demeure une marque phare du groupe BDR Thermea et sa place en Allemagne lui assure un stand à part. Mais Ariston ne mentionne plus Chaffoteaux et Saunier-Duval n’existe pas sur le stand Vaillant.
On pourrait penser qu’au sein de ces groupes de plus en plus grands, le développement des technologies et des différents matériels est étroitement coordonné entre les marques. Après tout, ce que l’on appelle les économies d’échelle est souvent la principale raison mise en avant pour justifier la croissance externe.
C’est parfois le cas au-delà du raisonnable, comme dans les univers Bosch ou BDR Thermea. Mais il faut du temps pour intégrer différentes marques dans un groupe cohérent et des strates de différentes technologies survivent souvent longtemps.
Lors d’une conférence de presse, le groupe Bosch a présenté les nouvelles générations de chaudières gaz des marques Buderus et Junkers. Il n’y a aucun doute, ce sont d’exceptionnelles chaudières. Elles sont disponibles en deux puissances chauffage 15 et 25 kW, avec une puissance ECS de 30 kW dans les deux cas. Des modèles muraux chauffage seuls de 35 et 50 kW cascadables apparaîtront fin 2015.
Très bien agencé et conçu pour faciliter la maintenance, l’intérieur de ces générateurs est strictement identique dans les deux marques. Les façades sont en verre au titane, avec des angles droits chez Buderus, alors qu’ils sont arrondis chez Junkers. Sans rire, le responsable du développement des produits explique que cela change tout. De même, l’écran de pilotage tactile en façade est carré chez Buderus, rond chez Junkers.
Sinon, on retrouve exactement les mêmes modèles dans les deux marques : condensations murales, condensations avec ballon en dessous, condensation avec ballon en dessous et préparateur solaire sur le côté… Si jamais les échelles de prix sont différentes d’une marque à l’autre, l’incohérence sera totale.
De nombreux responsables marketing justifient le caractère haut de gamme de leur marque par le fait que leurs produits sont plus chers. Il est bien possible que cela ne suffise pas, surtout si les mêmes produits, à quelques détails cosmétiques près, sont disponibles ailleurs à des prix différents.
En France, Junkers se prononce e.l.m. leblanc et les modèles présentés à ISH devraient apparaître dès 2016 sur notre marché. Le même phénomène frappe le groupe BDR Thermea, plusieurs modèles, notamment les chaudières gaz au sol à condensation, sont strictement identiques à travers toutes les marques, à la couleur près : blanc chez De Dietrich, rouge chez Oertli, etc.
Le second point frappant sur ISH est l’absence de nouveautés radicales en matière de générateurs. La condensation gaz règne souverainement. La condensation fioul avait faibli ces dernières années. La baisse des prix du fioul lui redonne une actualité et plusieurs fabricants montraient de nouvelles chaudières fioul à condensation.
Viessmann fait un pas de plus et montre une chaudière hybride fioul-Pac. Cette Vitocaldens 222-F affiche une puissance variable de 1,3 à 23,5 kW. Elle est disponible en triphasé 400 V et en monophasé 230 V. La puissance chauffage atteint 7 ou 10 kW avec la Pac qui fournit jusqu’à 65°C de température pour le départ chauffage.
Elle monte à 23,5 kW avec la chaudière fioul à condensation embarquée dans le module intérieur. L’utilisateur peut choisir entre deux modes de fonctionnement : économie ou écologie. “Economie” minimise le coût de fonctionnement. “Ecologie” minimise les rejets de CO2. Le ballon d’ECS de 100 l intégré en partie basse de l’unité intérieure assure une abondante production d’eau chaude.
Cette machine possède deux particularités : elle est conçue pour autoconsommer de l’électricité photovoltaïque produite sur site, elle embarque une liaison WiFi qui permet son pilotage sans fil à l’aide du tableau de contrôle déporté Vitotrol 300 RF ou bien par smartphone après avoir installé l’application Vitotrol Plus.
On peut aussi la raccorder à internet en utilisant l’interface de communication Vitocom 100 (LAN). De son côté, Buderus a refait ses pompes à chaleur gaz à absorption et introduit des versions eau/eau. Le nouveau modèle vertical Logatherm GWPS 192i est une pac à absorption gaz dont la puissance atteint 18 kW (B0/W65 : capteurs à 0°C et une production de chauffage à 65°C).
Elle est capable de moduler sa puissance de 25 à 100%. Elle sera commercialisée en Allemagne mi-2016. Une version air/eau arrivera à l’automne 2016. Ce développement est parfaitement logique, dans la mesure où la Directive ecoDesign demande désormais l’expression de la performance des générateurs en énergie primaire et en rendement annuel moyen.
Par rapport à une chaudière à condensation de puissance similaire, cette Pac eau/eau gaz à absorption offrira un rendement moyen annuel supérieur de 30% et réduira les émissions de CO2 de 30% également. Elle atteindra un niveau A++ en étiquetage énergétique.
L’apparition générale sur tous les stands des étiquettes énergétiques est le troisième phénomène d’ISH 2015. Tous les fabricants mettent en avant les étiquettes obtenue par leurs produits et leurs systèmes (générateur + ballon, + solaire, + régulateur). Presque tous proposent des applications pour composer l’étiquette des systèmes que l’installateur devra obligatoirement communiquer à son client à partir de