Quatre apprentis (sur cent participants) ont été nominés par le jury grâce à leurs témoignages écrits convaincants. Ils ont su décrire leur implication dans le métier et quelques bonnes pratiques professionnelles transmises par leur formateur/tuteur qui les ont marqués (bonnes pratiques de chantier, gestes techniques, règles de sécurité, chantiers propres…)
Les maîtres d’apprentissage ont, en effet, un rôle capital à jouer dans la transmission de leur savoir-faire. Le 1er prix (le Trophée Apprenti d’Or) récompense d’ailleurs, outre l’apprentie, Fanny Carsac, son maître d’apprentissage cité dans son témoignage, M. Denoyelle.
Tout commence à la suite de mon arrêt des cours hôteliers au Lycée Quercy Périgord à Souillac. J’étais alors en Bac Professionnel section Service. Agée de 19 ans j’avais besoin de “me servir de mes mains”. J’avais toujours été attirée par les métiers manuels, ayant évolué aux côtés d’une mère qui faisait de la peinture à l’huile sur toiles et d’un père taillant la pierre, sans vraiment oser me lancer. Il ne me manquait plus qu’à “trouver” ce qui me convenait le mieux comme apprentissage.
Car dans ma tête c’était clair : un apprentissage me ferait vraiment toucher à mon futur métier tout en me permettant d’avoir un diplôme dans une filière qui me passionnait plus que l’hôtellerie. Ce choix était tout fait : La Peinture ! Après quelques recherches, “Peintre en bâtiment et décorateur d’intérieur” me paraissait être le chemin à suivre. Je ferai donc un CAP. Après avoir appelé, et déposé des CV dans une multitude d’entreprises afin de trouver mon futur formateur, Monsieur Denoyelle à Aurillac m’a finalement contactée, intéressé par ma candidature.
Je me suis retrouvée entre de très bonnes mains pour préparer mon CAP en un an entre le CFA de Massiac et en entreprise à Aurillac. Mon patron?? Meilleur formateur, je ne sais pas s’il y en a beaucoup sur le marché ! Mélangeant patience, diplomatie, pédagogie à la manière de la peinture avec les pigments ! Il a aussi derrière lui une carrière sans bavure, ayant formé avec l’amour du métier des dizaines de personnes !
C’est donc avec un virtuose du faux-marbre, des stucs, de la chaux que je commence mon parcours dans le bâtiment. Tout est nouveau pour moi, c’est pour cela qu’il me répète souvent en m’entendant pousser des petits “aïe” : « Fais attention à tes mains, c’est les tiennes ». Toujours avec le sourire et la bonne humeur ! Comme il y a quelques semaines lorsque nous transvasions de la chaux d’un bidon à un autre, il m’expliqua qu’il fallait à tout prix que je regarde ailleurs en la déposant dans le second bidon, que je me lave bien les mains avant de me gratter les yeux si ceux-ci me démangeaient.
Car la chaux aussi pure qu’elle paraisse, avec ses allures de fromage blanc, brûle les yeux ! Il suffit qu’une goutte s’échappe et se dépose sous les paupières pour que l’on ressente une brûlure pendant des heures, même des jours. Il insista donc sur le fait que si de la chaux venait à mon œil je devais le rincer abondamment avec de l’eau claire, et si le lendemain la brûlure persistait toujours beaucoup, je devais consulter un spécialiste. J’avais compris la leçon : ATTENTION AVEC LA CHAUX !
Le ciment aussi est traitre l’effet n’étant pas immédiat, il brûle lentement la peau si celle-ci est assez longtemps en contact avec. Nous faisions donc les joints des dalles d’une terrasse quand mon maître d’apprentissage m’indiqua de mettre des gants, ma peau étant toute fine. Il y a aussi eu la fois où nous passions de l’hydrofuge sur une façade : mon patron me fit porter un masque sur le visage pour ne pas inhaler le produit volatile et toxique. Nous ressemblions à des CRS dans une émeute !
Je suis donc dans le bâtiment depuis peu.
Mais faire un métier qui me demande de la patience, de la précision de plaît particulièrement ! A la fin de la journée, quand je regarde le travail que nous avons fait, je suis fière. Tandis que mon patron reste à mon écoute, complétant mon apprentissage au CFA, me sensibilisant à tout ce qu’il sait faire, qui ne rentre pas forcément dans les compétences requises pour l’obtention de mon CAP. C’est avec beaucoup d’envie et l’amour du manuel qu’aujourd’hui je m’épanouis dans le bâtiment pour ma première année ; épaulée par un professionnel qui n’est pas des moindres. Celui-ci me transmettant son métier avec passion en toute sécurité et bonne humeur.
“Merci l’apprentissage !” Je m’appelle Damien, je suis en seconde année d’apprentissage en CAP”serrurier métallier” à l’URMA, Antenne du Tarn, à Cunac. J’ai 20 ans. Je suis aveyronnais, de Millau. Avant de me tourner vers la métallerie j’ai obtenu un CAP “installateur sanitaire” et un CAP “installateur thermique”, le type d’enseignement traditionnel ne cadrait pas avec mes attentes : trop de théorie et trop peu de pratique.
Grâce à l’apprentissage j’ai pu trouver le juste milieu entre les deux et mettre en application sur le terrain les notions abordées en cours, acquérir de vraies compétences dans la réalité professionnelle. Après ces deux diplômes, le métier de métallier devenait une évidence car j’ai toujours aimé façonner le fer : le fer et moi c’est une véritable rencontre ! J’aime l’odeur du fer battu par le marteau sur l’enclume, ce bruit qui va en diminuant, en 3 temps comme une valse, les étincelles dans le noir de la forge, le bruit régulier et puissant du soufflet, je suis réellement tombé amoureux de ce matériau, si malléable et si résistant à la fois !
A l’aise avec tous les styles, je crée, je reproduis à partir de schémas, de plans ou de modèles, j’opère des assemblages de pièces différentes par soudage, par boulonnage, par rivetage ou collage, je répare des petites pièces et j’aime bien aussi m’attaquer aux grosses pièces. Dans mon entreprise on a un travail très varié sur tout type de constructions métalliques : escaliers, rampes, portails, grilles, garde-corps, pergolas, marquises, portes-fenêtres, vérandas…
Mon patron est très expérimenté, il me parle des traditions du métier et me transmet son savoir-faire, il s’intéresse à ce que je fais pendant mes semaines de cours, connaît bien mon professeur. Parfois sa rigueur et son exigence sont dures à suivre mais je me sens de plus en plus autonome, grâce à lui.
Etre métallier c’est souvent répéter les mêmes mouvements, reprendre les mêmes attitudes, et c’est en observant et en suivant la gestuelle de mon patron au travail, en tirant le meilleur parti de ces gestes pour les rendre efficaces, en corrigeant constamment les postures, en adoptant les bonnes techniques de forge (se tenir droit, avoir le poignet souple, la main habile, le geste rapide mais précis, tout un ensemble de petits détails qui me font mieux maîtriser les outils) que je progresse.
Physiquement, c’est un métier éprouvant, on est constamment dans le bruit, on déplace souvent des charges lourdes, on manipule un outillage pouvant présenter un certain danger, on peut se couper ou se brûler, les soudures peuvent être dangereuses : endommagement des poumons, détérioration de la vision, risque de cancer sur le long terme, il me faut être adroit et surtout très attentif ! D’ailleurs, mon patron est catégorique sur l’obligation de porter les E.P.I (Equipements de Protection Individuelle) à mettre en application systématiquement pour toutes les tâches réalisées.
La vigilance sur ces protections (l’aspirateur de fumée, le port obligatoire des gants et du tablier en cuir, d’une cagoule, de lunettes filtrantes, d’un casque anti-bruit pour protéger l’audition, le port des chaussures de sécurité et du casque de chantier quand il y a des déplacements sur le terrain) est impératif, c’est devenu un automatisme dans mon entreprise, on ne plaisante pas avec ça ! D’autre part, la formation PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique) que nous suivons avec ma classe à l’URMA me sensibilise aussi aux risques liés au travail.
Et c’est sur le chantier, pour procéder au montage définitif des éléments, quand les objets forgés s’articulent, que je prends conscience de la maîtrise que je possède de ce matériau et que j’en suis fier ! Passionné, je compte tenter par la suite une formation de soudeur pour gagner en qualification et un jour peut-être, sûrement même, j’ouvrirai mon entreprise…dans l’Aveyron !
De grandes études, mais au fond pour quoi faire ? De nos jours, l’entourage comme l’éducation nationale nous poussent à entreprendre de grandes études. C’est pourquoi, après avoir passé mon bac S, j’ai poursuivi mon parcours en faisant une prépa intégrée dans le domaine de l’aéronautique et de la construction automobile.
Je comptais trouver dans cette formation le côté pratique et les apports techniques et professionnels. Mais l’enseignement général prenant le dessus, je fus vite déçu ! Une réorientation se faisait de plus en plus ressentir. Une erreur de parcours à laquelle il fallait au plus vite remédier !
La découverte du monde du bâtiment… J’ai donc quitté l’école ! Coutelier, peintre… autant de métiers si différents les uns des autres mais qui m’interpellaient ! Le travail manuel, la création et l’innovation m’attiraient de plus en plus ! J’ai alors rencontré un ami de la famille qui m’a permis de faire mes premiers pas dans le monde du bâtiment en aménagement et en finition. Je suis ainsi rentré en contact avec le monde du travail.
Tout me plaisait : le travail en lui-même avec la découverte de techniques inimaginables pour moi avant, le plaisir d’un travail fini qui peut changer une pièce, un appartement et enfin le côté relationnel de conseils aux clients. J’ai ainsi compris qu’il fallait que je persévère dans cette voie ! Mes études me permettaient d’intégrer une formation en BTS ! Aussi, je cherchais une entreprise qui pourrait me suivre sur ce projet.
Fin août 2014, entretien décroché dans l’entreprise MPR Rénovation ! Je ressors de cet entretien non pas avec la possibilité de suivre une formation BTS mais un CAP Peintre applicateur de revêtement !… L’importance de connaître “le métier”. Il m’a paru plus qu’important de connaître toutes les dimensions du métier avant de me lancer dans une formation de management, de gestion et de conduite de chantier.
Cela me permettra de légitimer mon poste et mes futurs choix. Aussi tel fut mon choix de commencer par un CAP et mon entreprise a suivi ma décision. …Aujourd’hui, je suis apprenti en CAP PAR. Nous sommes le 1er septembre 2014, j’ai rendez-vous à 8 heures avec mon maître d’apprentissage. Et là ! C’est le grand départ ! Les règles sont posées rapidement, nous sommes dans le secteur dégâts des eaux de l’entreprise et rapidité et qualité vont de paire sur nos chantiers.
Profitant de mon expérience passée, mon maître d’apprentissage se fixe donc sur la rapidité dans mon travail. Sa méthode est simple, il me montre, je reproduis… C’est une bonne méthode qui me permet de progresser rapidement et efficacement. Si mon travail est mal fait, c’est à moi de recommencer. Il prend toujours le temps de m’expliquer le dysfonctionnement et comment je peux y remédier.
Tout ce temps passé sur les chantiers me donne une bonne idée du quotidien, des tâches effectuées par l’ensemble des équipes. C’est aussi l’apport de connaissances essentielles qui me serviront pour mes futurs projets et mon projet professionnel au sein de cette entreprise.
Je me nomme Sébastien Vandenberghe, j’ai actuellement 19 ans et je suis en cap métallerie-serrurerie au CFA de Brétigny-sur-Orge. Comment suis je arrivé là-bas ? Je vais vous l’expliquer !
J’ai commencé à me poser des questions sur mon avenir en 2nde, début 1re. J’étais alors en 1re scientifique au lycée Guillaume Budé à Limeil-Brévannes la ville dans laquelle je vis ! A ce moment là, nous faisions rehausser notre maison par un charpentier que nous connaissions, en le voyant travailler, j’ai su qu’il me fallait un métier manuel! J’aime le contact avec la matière et voir mon ouvrage prendre forme petit à petit ! Dans le courant de l’année j’ai regardé un film “Iron man” dans lequel on voit le héros “Tony Stark” forger un casque pour son armure au marteau et à l’enclume !
J’ai adoré et me suis intéressé à la ferronnerie. J’ai effectué un stage chez un ferronnier d’art en Auvergne. J’ai beaucoup apprécié et appris pendant cette semaine, j’ai adoré cette odeur du fer chaud, les couleur d’une pièce chauffer à la forge ou encore le rythme de la mélodie des coup de marteau sur l’enclume ! J’aime voir l’impact direct de mes actions sur la matière comme la marque du marteau ou bien les rayures de la lime ! Le fait est que j’avais des facilités dans les études générales en section scientifique et j’ai donc continué dans cette voie et en laissant la ferronnerie dans un coin de ma tête !
Je suis donc allé en terminale S et ai obtenu mon bac scientifique. Et j’ai décroché une place pour une école d’ingénieur avec une classe préparatoire intégrée “Icam”. Poussé par mon père je suis allé en école d’ingénieur en me disant que je m’orienterai vers le fer dans ma spécialisation. J’ai donc passé une année là-bas mais il me manquait la motivation ! J’ai donc arrêté . Un soir j’ai échangé avec le président de mon club de natation.
Cet homme est marbrier et il m’a parlé de son métier auquel j’ai tout de suite accroché ! J’ai aimé la dimension du travail individuel de plusieurs collègues qui mettent leur travail bout à bout pour obtenir une œuvre ! Il faut savoir travailler seul mais aussi avec des collègues tout comme en natation ! En effet, un relais est l’œuvre des 4 nageurs, mais tous les 4 nagent individuellement à tour de rôle pour un résultat collectif ! De plus, je me suis dis que je pourrai coupler la ferronnerie avec la marbrerie.
Je me suis donc renseigné sur la formation de ferronnier d’art. J’ai compris que la formation où l’on apprend le plus la pratique du métier était le CAP. En effet, plus on monte dans les études plus on apprend la gestion d’une entreprise... Je ne veux pas gérer des gens qui pratiquent un métier que je ne connais que de loin, c’est le meilleur moyen pour échouer. Selon moi, on ne peux comprendre les besoins essentiels du métier qu’en le pratiquant !
On peut savoir, grâce à ça, le temps que nécessite un travail ou bien les quantités de matériaux nécessaires par exemple. J’ai ainsi trouvé le CFA de Brétigny-sur-Orge où je suis allé me renseigner. On m’a précisé que je ne pouvais pas débuter par la ferronnerie mais qu’il me fallait effectuer une formation en métallerie (en un an au lieu de deux car j’ai eu mon baccalauréat !). Me voilà donc en métallerie-serrurerie qui est une aubaine ,après réflexion, car aucun ferronnier ne vit uniquement de la ferronnerie, ou très peu, et la métallerie fera partie de mon métier à l’avenir.
J’ai déjà pu commencer à apprendre ce métier dans mon entreprise (JLM métal)que j’ai trouvé grâce à deux personnes de mon entourage. L’une est le père d’une nageuse de mon club, ami de mon patron actuel. L’autre est un ferronnier que j’ai rencontré en cherchant une entreprise, il n’a pas pu m’embaucher car il avait déjà un apprenti mais il m’a dirigé vers JLM métal avec qui il travail souvent. Mais lorsque je ferai mon cap ferronnerie d’art, il m’embauchera.
Mon immersion dans l’entreprise s’est faite assez naturellement car mes collègues sont à la fois très pédagogues et très sympathiques ! Mon maître d’apprentissage me donne souvent des conseils pratiques qui sont très utiles et me permettent de faire beaucoup de progrès en peu de temps ! Comme par exemple de changer de sens lorsque l’on lime ça nous permet de voir où est ce que l’on lime et être plus précis dans nos gestes !
Lorsque j’ai un doute je peux demander à mes collègues des conseils qui viennent s’ajouter à ceux de mon maître d’apprentissage. Cela me permet de travailler de façon autonome et d’être en capacité de faire un choix et de critiquer mon travail ce qui est essentiel dans mon métier. Mon maître d’apprentissage est exigeant sur la précision et du coup je suis obligé de me rapprocher le plus possible des gestes parfaits ce qui est, à mon sens la meilleure façon d’apprendre ! La précision et la rigueur ne me servent pas uniquement dans mon métier c’est aussi essentiel dans la vie de tous les jours.
Je prends connaissance du monde du travail grâce à l’alternance. Je trouve d’ailleurs cette manière d’apprendre très positive car on apprend quelque chose de concret sur le terrain. Être salarié augmente d’autant plus mon autonomie, maintenant j’ai des fiches de paie et des responsabilités.
Après mon CAP métallier j’envisage de poursuivre mes études en préparant un CAP de ferronnier d’art et de continuer avec un CAP marbrerie décoration et Bâtiment, et pourquoi pas ensuite compléter le tout avec un formation de peintre sur carrosserie.