Auto entrepreneur : un système pervers selon le président de la Capeb

Auto entrepreneur : un système pervers selon le président de la Capeb

Un mois après son élection à la tête de la Capeb, Patrick Liébus nous livre les grands axes de sa présidence. Face à la crise, le responsable ne veut pas baisser les bras. A l’écoute des adhérents, des instances régionales et départementales, il se veut le chef de file de la lutte contre le statut d’auto-entrepreneur, « un système pervers » pour les salariés comme les patrons. Explications.




 

Bâtirama : Comment se porte l’artisanat aujourd’hui ?


Patrick Liébus : Nous avons subi un recul important dans la construction neuve et une baisse dans la rénovation en 2009 (5,5 % en volume). Nous n’affichons pas d’optimisme béat pour les mois à venir et nous sommes très attentifs car la situation est difficile. Les carnets de commande se remplissent difficilement et il faut surveiller les trésoreries de nos entreprises. Nos perspectives sont aussi liées à celles de nos clients. Avec 4 millions de chômeurs en France, ces derniers deviennent frileux tout comme les banques.

 

Que dites-vous aux entreprises en difficulté ?


Il ne faut pas baisser les bras et on doit s’organiser. C’est ce que je répète depuis que je suis élu président de la Capeb. J’ai ainsi demandé à nos services que l’on travaille sur tous les outils pour améliorer la gestion des entreprises, par exemple mieux maîtriser et calculer les prix de revient. Il faut aussi se former aux nouvelles technologies pour se positionner sur les nouveaux marchés. Surtout,je dis aux artisans qu’ils ne doivent pas rester seuls ! N’hésitez pas à pousser les portes de leurs organisations professionnelles. N’attendez pas d’être dans une situation catastrophique pour demander de l’aide ou obtenir des échelonnements de paiement, par exemple.

 

Le sujet de l’auto-entrepreneur semble toujours vous contrarier énormément. Quels sont les risques pour vos entreprises ?


La catégorie de l’auto-entrepreneur est hors champ pour nous. C’est certes une bonne idée que de vouloir simplifier la création d’entreprise mais ce statut doit rester temporaire et limité dans le temps. Nous vivons une situation de concurrence déloyale, exacerbée par un contexte économique difficile. Outre nos charges, nous devons payer nos assurances, les garanties décennales et biennales, pour exercer nos métiers. Qui va vérifier que les auto-entrepreneurs les ont bien souscrites ? Qui va vérifier que l’auto-entrepreneur a bien déclaré tout son chiffre d’affaires ? Entre ce qu’il déclare et ce qu’ils gagne, n’y a-t-il pas du travail dissimulé ? En outre, certains patrons proposent aujourd’hui à leurs salariés de devenir auto-entrepreneurs… en négociant des ruptures conventionnelles. Ces derniers perdront au passage toute leur protection sociale (retraite, mutuelle, assurance chômage). C’est une vraie injustice et c’est aussi la perversité du système. Or, les inspecteurs du travail, déjà débordés, n’auront pas les moyens de vérifier sur le terrain la réalité de la situation…

 

Que pensez vous faire après l’échec de votre recours au sénat en décembre dernier ?


La grogne est réellement partout sur le terrain, et je regrette quelques initiatives individuelles dans les départements. Nous allons réunir tous les présidents départementaux avant l’assemblée générale car nous devons agir de concert. Il va falloir recadrer tout cela pour décider d’une ligne d’actions communes car nous sommes décidés à nous battre sans relâche contre ce statut.

 

Vous souhaitez donc plus de communication dans le réseau ?


Pas seulement ! Nous devons améliorer la structuration de la Capeb en créant plus de liens entre les instances départementales, régionales et la co nfédération nationale. Nous devons échanger, partager davantage nos idées, nos compétences. Je compte donc être présent autant que possible dans le réseau pour développer la synergie entre toutes les instances et montrer aux Capeb départementales et régionales que nous sommes à leur écoute. Je suis moi-même issu de ce réseau. J’ai gravi les échelons un par un au fil des ans. Je souhaite donner autant que j’ai reçu !

  Propos recueillis par Fabienne Leroy et Céline Jappé
   

Un homme de terrain aux multiples fonctions


 
Patrick Liebus est maître artisan couvreur domicilié dans l’Ain à Saint-Denis-les-Bourg. Son entreprise créée en 1981 compte sept salariés dont son épouse, conjointe salariée dès 1983, et sa fille, spécialisée dans l’organisation et le suivi de chantier. L’entreprise individuelle (Couverture Zinguerie de l’Ain) réalise des travaux de couverture zinguerie charpente en réhabilitation (patrimoine privé et public). Patrick Liébus est adhérent à la Capeb depuis la création de son entreprise. Il a rapidement pris des responsabilités dans son département puis au sein de la région Rhône-Alpes et a longtemps présidé ces deux instances. Il est administrateur confédéral depuis 13 ans, et a été en charge des affaires économiques pendant 9 ans.
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