Mobiliser les dispositifs destinés à optimiser les performances énergétiques et à réduire l’impact environnemental du bâtiment sera déterminant pour répondre aux objectifs ambitieux du gouvernement (fixés par la loi de transition énergétique votée à l’été 2015), rappelle cette étude de Xerfi.
Un rôle finalement tout aussi décisif que celui des énergies renouvelables ou des transports durables pour réduire la consommation d’énergie de 50% d’ici 2050 et les émissions de gaz à effet de serre de 40% en 2030 (par rapport à 1990).
Le marché est pourtant loin d’avoir démontré tout son potentiel. D’abord, la faiblesse actuelle du prix des énergies et du carbone n’incite pas les agents économiques à investir dans l’efficacité énergétique.
Enfin, le marché des solutions énergétiques se caractérise par un foisonnement d’offres peu lisibles, peu structurées, complexes et dont la promesse de valeur est perfectible. Pour couronner le tout, le décollage de la filière est freiné par un conflit d’intérêts persistant sur le marché français.
Les deux géants français de l’énergie (EDF et Engie) sont en effet en quelque sorte juges et parties en matière d’efficacité énergétique. Pour emporter plus largement l’adhésion, la filière devra rompre avec les écueils de la sur-promesse ou d’absence d’engagements.
Une plus grande complémentarité entre l’expertise des opérateurs et les nouvelles technologies sera à cet égard incontournable pour piloter la performance énergétique.
De plus en plus exploitées ces dernières années dans le bâtiment et les sites industriels, la numérisation et les nouvelles technologies doivent permettre de mieux connaître et de mieux piloter en temps réel la consommation énergétique pour l’optimiser.
Dans ce contexte, les opérateurs présents sur le marché des solutions d’efficacité énergétique ont développé leur propre système de pilotage. C’est le cas de Dalkia (filiale EDF) avec DESC (Dalkia Energy Savings) qui permet de comparer les performances énergétiques de plus de 1 000 installations dans le quartier de La Défense à Paris.
DESC est également capable d’identifier les moins performants et de mettre en oeuvre des actions sur le bâtiment et ses équipements pour garantir l’économie d’énergie prévue contractuellement. Mais avec la complexification croissante des projets d’efficacité énergétique et l’incertitude sur l’avenir du marché (en matière de normes par exemple), la filière doit développer un écosystème d’affaires.
Le recours à des entreprises partenaires, issues d’univers très différents, est en effet la seule façon pour l’entreprise pivot de s’adjoindre des compétences complémentaires. Pour autant, la mise en place de solutions de pilotage grâce aux nouvelles technologies n’est en aucun cas suffisante pour produire des économies d’énergie.
Il suffit pour s’en convaincre de penser notamment à la complexité des solutions mises en place tant pour le maître d’oeuvre que pour le client, aux importantes difficultés techniques pour gérer de très gros volumes de données ou encore au coût des solutions.
C’est pourquoi émergent actuellement de nouveaux modèles basés sur l’utilisation complémentaire de données déjà existantes, détenues par le client ou en open data.
L’émergence de nouveaux véhicules de financement innovants crée de formidables opportunités pour la filière. La création de mécanismes d’ingénierie financière, l’arrivée de nouveaux investisseurs conjuguée à une meilleure information des clients doivent être mises au service d’une évangélisation accélérée du marché.
Face au défaut de financement des industriels et à la difficile mise en place de mécanismes adéquats chez les acteurs du tertiaire, de nombreuses initiatives voient déjà le jour. Il s’agit en particulier du tiers financement et du tiers investissement qui permettent de libérer des capacités d’investissement mais aussi de simplifier le montage d’un projet.
La société publique locale Oser, des industriels comme Solvay Energy Services ainsi que des spécialistes de l’efficacité énergétique financent des projets en se rémunérant sur les économies d’énergie réalisées.
Parmi les autres leviers susceptibles d’être actionnés pour financer les projets d’efficacité énergétique figurent les marchés financiers, le capital-investissement ou encore de nouveaux programmes « institutionnels » développés par la CDC ou la BEI.
*Precepta vient de publier une étude approfondie, après plusieurs mois d’enquêtes, sous le titre : « Le marché des solutions d’efficacité énergétique – Nouveaux outils de financement et structuration de l’offre : quels leviers de croissance ? »